Viandede boeuf hachĂ© : combien de temps peut-on la garder ? combien de temp peut t-on garder la viande boeuf hachĂ© pour un tartare et peut t-on laisser la viande dans le hachoir si il est rĂ©frigĂ©rĂ© pendant le service. merci d'avance pour vos rĂ©ponses. RĂ©pondre. Publier. Dominique Voisin (auteur) Mercredi 09 mars 2011 17:42 La viande doit ĂȘtre hachĂ©e Ă la demande, Ă l'aide
MbG W p$m ĂŻ&- i s L'Ă / -U. ihg $%' ĂmĂfi WWW mm »ĂS3P LA FRANCE AVANT ET DEPUIS LA RĂVOLUTION, Moyens d'y rĂ©tablir Vordre ; intĂ©rĂȘt des puiffances Ă ce rĂ©tablijsement. Par M. le Marquis de B*****. AoĂ»t J 7 9 3- n a w?, âą/Ă'aLTKN LA FRANCE AVANT ET DEPUIS LA RĂVOLUTION. Moyens d'y rĂ©tablir V ordre ; intĂ©rĂȘt des puis* fances Ă ce rĂ©tablissement. Les brillantes Ă©poques de la monar* chie Française , lâensemble , la beautĂ© , la grandeur de ce royaume lâont rendu lâobjet de lâenvie ; & le François , par la lĂ©gĂšretĂ© de son caraĂ©tere, tantĂŽt ivre de sa prospĂ©ritĂ© , tantĂŽt dĂ©clamant sans mesure contre un gouvernement dont il ne connoissoit pas les superbes ressorts, r i BudĂ©, lâhomme le plus savant de son ĂĂŹecle, faisoit dĂšsdors aux Français le reproche quâils nâont cessĂ© de mĂ©riter depuis. Lisez , page 89, in PatidccĂas. In PatriĂą suĂą Galliperegrinari vidcntur , soli propĂš hominum rerum suarum ignari. A ij 4 a donnĂ© plus que tout autre peuple, dan* une erreur assez gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandue. Lâhomme sent difficilement le bien-ĂȘtre que la patrie lui conserve ; câest un bien. fait trop gĂ©nĂ©ral , pour ne pas trouver beaucoup dâindiffĂ©reras & encore plus dâin- grats. La frivolitĂ© est le principe de nos torts envers lâEtat*, par {'ignorance oĂč elle nous laisse, tant fur ce quâĂl fait pour nous, que fur fes droits & fur nos devoirs. NĂ©s dans le plus beau des royaumes , jouissant dâavantages vainement souhaitĂ©s par nos voisins ; nous-mĂȘmes avions autorisĂ© les autres nations Ă croire que la France languissait fous le joug dâun intolĂ©rable despotisme. En effet , que devoit penser {'habitant de lâEurope , lorsque sans ĂȘtre sorti de ses foyers, il lui tomboit dans les mains le livre dâun de nos habiles Ă©crivains qui, en parlant du royaume sâĂ©crioit Quel spectacle affligeant que celui de phifeonomies esclaves de vingt - quatre millions d'ĂȘtres penfans ! quelle vie enfin , que celle qui rfofflt autre chose quâun songe pĂ©nible y le rĂȘve dĂ©goĂ»tant dlune mort ? perpĂ©tuelle. Les gens sensĂ©s se disoient bien, que ces dĂ©clamations croient exagĂ©rĂ©es . mais ils ne pouvoient croire qu'u n pays dont on parloir ainsi , pĂ»t ĂȘtre celui oĂč, tout pesĂ© dans une juste balance , lâhomme Ă©toit le plus heureux. Lâopinion des calamitĂ©s auxquelles nous Ă©tions en proie, sâest soutenue long temps, parce quâelle sâĂ©tayoit fur tous les spĂ©cieux sophismes rĂ©pandus dans les Ă©crits rĂ©volutionnaires; & parce que bien des gouvernemens , croyant avoir Ă punir la France de prĂ©tentions parfois excessives, on se prĂȘtoit volontiers Ă la satisfaction de paroĂźtre juste, en saisissant les plus sĂ»rs moyens dâabaisser un trĂŽne dont lâĂ©clat blessa si fort la vue. LâĂ©tat oĂčlâa rĂ©duit une horrible rĂ©volution , ne semble mĂȘme pas assez dĂ©sespĂ©rĂ© au grĂ© de ses envieux. Au milieu de si tristes dĂ©combres , on croit voir encore le germe de grandeur qui faifoit dire Ă S. GrĂ©goire Alitant la dignitĂ© royale ejl supĂ©rieure Ă la condition, des autres hommes , autant la dignitĂ© & les droits de la couronne de Aiij 6 France P Ă©lĂšvent au-dessus dt toutes les autres. Ah! quâon cesse de nous jalouser, quâon ne nous envie plus une prospĂ©ritĂ© dont les sources font taries pour des siĂ©cles, & peut-ĂȘtre dessĂ©chĂ©es Ă jamais ; mais que lâĂ©quitĂ© triomphe des prĂ©ventions quâon eut contre notre ancien gouvernement ; que les hommes, qui savent remonter des effets aux causes, conviennent quâil Ă©toit absurde de croire sans rĂ©serve aux vices reprochĂ©s Ă lâadministra- tion de nos rois, lorsquâon voit leur royaume sâĂȘtre agrandi de toute part, & semblable Ă un puissant aima n , avoir attachĂ© Ă lui des provinces que dâautres potentats ne purent conserver. Quâon suspende au moins sa critique sur les principes dâun gouvernement, fous lequel la France eut une population immense ; population qui , dans plusieurs provinces Ă©toit dispropor- tionnĂ©e avec lâĂ©tendue du territoire, & l'on dira comme l'Auteur du contrat social Toute chose d''ailleurs Ă©gale, le gouvernement fous lequel les citoyens peuplent & se multiplient davantage , ejl infailliblement le meilleur. Or, { ? 1 nos plus terribles dĂ©tracteurs ont mille fois rĂ©pĂ©tĂ© , que la France avoit vĂźngt-fix millions dâhommes. Ouâon se rappelle & quâon apprenne Ă quel point lâagriculture & les arts florissoient, lorsque dans les annĂ©es de paix, lâaffluence & la dĂ©pense des Ă©trangers, dĂ©dommagement en grande partie des frais de la guerre ; enfin , lorsquâau moment de la rĂ©volution tous les ports offroient des signes non Ă©quivoques du commerce le plus Ă©tendu & le plus lucratif. Nous savons bien quâen parlant de la prospĂ©ritĂ© du commerce , nous trouverons des personnes qui sâeflbrcent depuis long-temps de prouver, que notre industrie trop excitĂ©e , est un malheur pour la nation il est de mode, de reprocher au grand Colbert la multiplicitĂ© de ces manufactures , autour desquelles se dĂ©velopperont des richesses dâagriculture, dans des contrĂ©es bien nĂ©gligĂ©es auparavant. Nous savons quâun apĂŽtre des Ă©conomistes a dit La France pojsede Us denrĂ©es de nĂ©cessitĂ© , & avec La plus heureuse stuatlon pour les dĂŻsrĂŻhiier. Toutes les nations pou- A iy t ! t Volent ĂȘtre dans fa dĂ©pendance ; M. de Col- berr La mit dans celle de toutes. IL prodigua les riches es & les rĂ©compenses , pour Ă©lever & maintenir des manufactures fafueufes ;il n a- yoit pas les matiĂšres premieres ; il en provoqua r importation de toutes fes forces , & prohiba l'exportation de celles du pays , câĂ©toit faire un traitĂ© tout Ă t avantage des Ă©trangers . Quand des vainqueurs auroient dictĂ© ces conditions , elles ri auroient pas Ă©tĂ© plus dures Ă celui qui les auroĂŹt reçues. Voici encore une de ces dĂ©cisions tranchantes, Ă Jaquelle il faut croire fans examen , & fur la parole du grand homme qui la profĂ©ra. On pourroit demander cependant , si depuis M. Colbert, notre population a diminuĂ© , si notre agriculture ne s'elĂŹ pas de beaucoup amĂ©liorĂ©e, fi nos vins ont cessĂ© dâĂȘtre bus dans toutes les parties du monde, si leur culture & leur exportation ne fe font pas accrues , fi ce que nous avons tirĂ© de foie du dehors , peut entrer en, balance avec les profits des Ă©toffes vendues Ă lâĂ©tranger, I 9 i fi la laine achetĂ©e Ă lâEspagre nous a fait sortir autant de numĂ©raire que celui quâa fait entrer en France la vente denos draps ; si ce ne font pas prĂ©cisĂ©ment nos manufactures de luxe qui nous ont permis de lever des tributs considĂ©rables & annuels,fur tous les peuples qui nous avoi- Ăinent, ainsi que fur ceux qui font , quant Ă nous , aux extrĂ©mitĂ©s de lâEurope. 2 r A la mort du rĂ©gent, aprĂšs le systĂšme il ne restoit que 668 millions dâor ou dâargent mon- noyĂ© ; Ă la mort de Louis XV, il circuloit su moins 1800 millions dâargent monnoyĂ©. Ainsi le commerce seul gagna sous savant dernier rĂ©gnĂ© un milliard 1J2 millions. 2 M. Colbert fit en grand, & suivant les circonstances, ce que Louis XI avoit Ă©tĂ© louĂ© dâavoir entrepris. AprĂšs avoir dit de ce roi tout ce que malheureusement il y eĂ»t Ă en dire, nous lisons le passage qui fuit CĂ II faut nĂ©anmoins ,, lui rendre la justice, de convenir quâil avoit â dâexcellentes vues politiques. II est en effet le â premier denos rois, aprĂšs Charlemagne , qui â ait jugĂ© le commerce & lâindustrie dignes de 3, son attention. Voyant que les manufactures On pourroit pousser plus loin cet examen , mais notre objet nâest pas de donner un ouvrage fur les produits de lâin- dustrie. Nous nâexaminerons pas davantage jusquâĂ quel point ont Ă©tĂ© fondĂ©es les rĂ©clamations contre le traitĂ© de commerce entre la France & T Angleterre i ; il fut conclu dans un temps, oĂč dĂ©jĂ lâun des moyens le plus fĂčr de fe crĂ©er une rĂ©putation , & mĂȘme dâarriver aux grandes places, Ă©toit de blĂąmer tout, abfolu- â Ă©trangĂšres atdroient lâargent du royaume fans 5, retour, il appella des ouvriers de Grece & â dâItalie en France , pour y fabriquer des Ă©toffes â prĂ©cieuses ; & pour les y fixer & les encourager ,, au travail, il les exempta de tous droits & -, impĂŽts, ainsi que les Français qui fe forme- ,, rent fous eux. â Art de vĂ©rifier les dates, tome premier, page 624. 1 Le traitĂ© avec lâAngleterre, tour-Ă -tourfi vantĂ© & fi critiquĂ© , fit Ă©changer les productions de notre fol, que personne ne pouvoit nous enlever, avec Ăźes productions des arts que notre industrie pouvoit conquĂ©rir. La vie de Louis XVI, par M. de Limon, page ĂŻĂŻ ment tout ce que faisait le gouvernement i . Ce quâil y a de certain , câest quâĂ lâinstant oĂč lâon assembla les Etats- GĂ©nĂ©rauy., Marseille jouifĂoit des Ă©normes produits, tirĂ©s principalement du Levant; tandis que les Anglais, engagĂ©s dans leur guerre avec lâAmĂ©rique , sâĂ©toient vus forcĂ©s dâinterrompre leur navigation dans la MĂ©diterranĂ©e. Huit cents vaisseaux alors couvroient la riviere de .Bordeaux; une nouvelle-ville, plus considĂ©rable que lâan- cienne sâĂ©ievoit Ă Nantes ; celle-ci prou- voit, par fa magnificence , la prodigieuse somme dâargent que le commerce de cette citĂ© avoit Ă dĂ©penser. La Rochelle, dĂ©jĂ fort relevĂ©e du tort quâavoit fait Ă sou trafic de pelleteries la perte du Canada , ne prĂ©sentoit pas un aspect moins satisfaisant. En suivant toute la cĂŽte, jusquâĂ Dun- i Bien des gens fans vertus & fans talens , croient en criant contre leur siecle & contre leur gouvernement, sâexcul'er du moins Ă leurs yeux de leurs vices & de leur incapacitĂ©. T2 kerque, on voyoit par-tout des vaisseaux aborder, vivisierles places de JâOrient & de 8. Malo, Grand-ville Ă©toitplus que jamais une abondante pĂ©piniĂšre de matelots. Cherbourg devenoitune place importante. Les nĂ©gocians du Havre bĂątissoient une nouvelle ville, parce que lâancienne ne fiiffisoit plus pour les loger , & pour emmagasiner les riches produits de leurs spĂ©culations. Dâimqnenscs travaux bien combinĂ©s , rendoient Dieppe le portĂ -plus accessible , -te-plus commode &fe-plus vaste. Rouen , Paris & Lyon saisissent de grandes affaires avec toute lâEurope. Lisbonne payoit annuellement Ă la ville de Rheims plus de quinze cents mille livres'tournois pour une simple Ă©toffe de laine , nommĂ©e Bayitte. OrlĂ©ans , en vingt ans, avoit doublĂ© dâindustrie , & fa population sâĂ©- toit fort accrue. Amboife commençoit Ă travailler lâacier presquâaussĂŹ bien quâil se fabrique Ă Birmingham, & les ouvriers des Quinze - Vingt Ă Paris, surpassaient en ce genre tout ce qui sâĂ©toit fait de plus 13 beau Ă Londres i . La verrerie de S, Louis en Lorraine , & du Montcenis en Bourgogne , opĂ©roient avec une adresse Ă©gale Ă celle de Stourbridge 2. Enfin , de tous cĂŽtĂ©s lâindustrie Ă©toit en activitĂ© , Ă la mĂȘme Ă©poque oĂč lâon se dĂ©chaĂźnoit contre un traitĂ© qui devoit avoir portĂ© un coup mortel Ă notre commerce. MM, Holkers employoient, tant Ă Rouen que dans les environs , quinze mille personnes Ă la fabrique des cotonnades 3 . Les 1 Ce faitĂĂĂrĂ©voquĂ© en doute, parce que rĂ©tablissement des Quinze-Vingt nâĂ©toit que dans fa naissance. Le maĂźtre ouvrier fut long - temps abligĂ© de donner ses ouvrages comme fabriquĂ©s en Angleterre , fans quoi on ne les eĂ»t pas achetĂ©s ; mais on reconnut que la plus belle Ă©pĂ©e qui eut jamais paru, Ă©pĂ©e crue anglaise par les Anglais les plus connoisseurs, avoit Ă©tĂ© faite & achevĂ©e de tout point aux Quinze-Vingt. 2 Ville du comtĂ© de Worcester en Angleterre. 3 Ces manufactures de coton rachetĂšrent Ă bas prix des Anglais, les cotons que ceux-ci furent forcĂ©s de vendre , & quâiis avoient acca- C 14 cazimirs les plus fins, les meilleurs, se travailloient anx Andelis 1 . Le moulin Ă coton de Louviers , Ă©galoit en beautĂ© Sc en utilitĂ© de mĂ©chanisme, tout ce qui se voit de mieux dans ce genre Ă Manchester , Ă Broomsgrove & dans d'atitres parties de lâAngleterre. En 1788 , la foire de Guibray avoit Ă©tĂ© plus florissante que jamais, & la balance de ses ventes portĂ©e Ă un million au-delĂ du dĂ©bit ordinaire. 2 Il sâen falloit de beaucoup , cjuâĂ la mĂȘme Ă©poque , Je commerce de la parĂ©s Ă un taux fort haut Ă Lisbonne, croyant par lĂ faire tomber ce genre dâindustrie en France ; cette spĂ©culation , qui tourna Ă notre profit, causa alors dâĂ©normes banqueroutes en Angleterre. 1 Chez Messieurs FlavĂźgni. 2 MalgrĂ© tout ce quâon Ă©crivit contre le rĂ©tablissement de la compagnie des Indes, fous le rĂ©gnĂ© de Louis XVI, il partit nombre de couriers de Paris , pour annoncer Ă Londres , comme une victoire pour lâAngleterre , le dĂ©cret de PAssern- blĂ©e Nationale qui supprima cette compagnie. ĂŻ-f Grande-Bretagne vit sa prospĂ©ritĂ© rĂ©pandue aussi Ă©galement sur la surface des trois royaumes. Bristol diminuoit Ă mesure que LĂź- verpool s'agrandissent. Newkastel & Glaskow se plaignoient hautement & aVec grande raison de leur dĂ©cadence. Deux villes se bĂątissoient en Irlande, lâune auprĂšs de Waterfort , lâautre Ă quelques lieues de Dublin. On espĂ©roit tant de ce second Ă©tablissement, que son fondateur le nomma prospĂ©rĂ© ; mais les habitans ne tarderent pas Ă lâabandon- ner , faute de pouvoir sây soutenir; & jamais ce qui a Ă©tĂ© construit auprĂšs de Waterfort, nâa Ă©tĂ© occupĂ© parles Genevois quâon devoit y placer. Ges faits, observĂ©s fur les lieux mĂȘmes, font rapportĂ©s ici fans nulle prĂ©vention. Ils nâaffoiblissent en rien la juste admiration que mĂ©rite, dans lâen. semble de son administration , le ministĂšre anglois. Alors on fouffroit encore de la sĂ©paration des colonies, alors lâAn- gleterre Ă©toit rĂ©duite au point quâil avoit 16 Ă©tĂ© dit peu de temps avant dans la chambre des Pairs 11 ne nous refle pas mĂȘme l'efpoir de voir la dette nationale se borner au point qui touche immĂ©diatement la banqueroute forcĂ©e i . Mais la nation , au lieu dâaggraver par des folies , le mal qui venoit dâarriver Ă la mere- patrie, re- jetta tout ce quâil y avoit dâĂącrefĂ© dans les reproches de lâOppoĂition. Qn ne fit pas aux ministres un crime des fautes que les plus grands hommes commirent fonvent. On sentit que le plus sĂ»r moyen de hĂąter le retour de la prospĂ©ritĂ© , Ă©toit dans une union intime entre le souverain & son peuple. A partir de cette Ă©poque } lâAngleterre sâĂ©leva rapidement Ă la splendeur qui assure Ă la fois le bonheur de cette gĂ©nĂ©reuse nation, & la gloire du cabinet de St. James. La France, dans le traitĂ© de paix de 1783 , sâĂ©toit mĂ©nagĂ©e des conditions i Voyez la rĂ©ponse de lord Schelbufn aiĂ discours du roi dâAngleterre, en 1781. clic Ă n Conditions utiles & honorifiques i ; au dehors eĂŹleĂ©toit considĂ©rĂ©e ,elle avoit au- dedans dâimtnenses ressources pour rĂ©tablir lâordre dans ses finances 2. MalgrĂ© 1 Elles eussent pu ĂȘtre meilleures encore j k en juger par ce quâun ministre Britannique dit en 1785, pour se justifier dâavoir fait la paix Ă la suite du triste exposĂ© de la situation oĂč se trouvoit lâAngleterre, il termina son discours par ces mots bien remarquables. â Je jure fur mon honneur, quâĂ la vue de toutes cesconsi- j, dĂ©rations, jâai Ă©tĂ© plus de huit jours fans dor- jj mir, & je poursuis dire, fans presque prendre 3, de nourriture, tant jâattendois avec impatience Ă, Y ultimatum que jâavois envoyĂ© en France, j, tant je craignois quâil ne fut pas adoptĂ©, Sc j, que le conseil de Versailles , instruit comme 33 nous de notre situation critique dans lâInde, 33 ne rompit toute nĂ©gociation, ou du moins j, nâĂ©tabiit des prĂ©tentions exhorbitantes. Qui 33 me reprochera donc Ă prĂ©sent quĂš le secret de 5, TĂ©tĂąt est divulguĂ© , de rnâĂȘtre trop pressĂ© Ă Ă, faire la paix â ? 2 Si Ton nĂłus accuse dâexagĂ©ration dans ce qui vient dâĂȘtre tracĂ© fur TĂ©tĂąt oĂč Ă©toit la France B 18 cela, câĂ©toit Ă qui rĂ©pĂ©teroit que le royaume Ă©toit perdu , si lâon ne se pres- avant la rĂ©volution ,nous pouvons rĂ©pondre, que notre maniĂ©rĂ© de voir est celle de bien des gens ĂĂ ges. Voici comme sâexprimoit en 1789 un Ă©crivain estimable. K LâĂ©tat de la France n* j, pouvoit se comparer Ă celui oĂč elle se trouvera a, Ă lâĂ©poque du rĂ©tablissement de lâautoritĂ© 33 royale. ,, Toutes les parties delâadministration Ă©toient j, rĂ©glĂ©es par des loix sages, ou par â copstans. Celles-lĂ mĂȘme oĂč lâopinion pu- 33 blique indiquoic des rĂ©formes, pouvoĂent ĂȘtre â regardĂ©es comme des Ă©tablissemens provisoires, 3, qui permettoient dâattendre, fans de grands ,, inconvĂ©niens , les amĂ©liorations dĂ©sirĂ©es. Les â impĂŽts Ă©toient forts, Ă la vĂ©ritĂ©, mais rĂ©gu- â liĂ©rementperqus. Ils ont Ă©tĂ© accrus dâune ma- 3, niere effrayante, & le contribuable est Ă©crasĂ©. 3, Le peuple Ă©toit tranquille & sans armes ; il 3, honorait la religion & ses ministres ; il chĂ©rissoit â .& respectoit son roi, une excellente police j, veilloit pour sa sĂ»retĂ©, la justice lui,Ă©toit dis- , 3> tribuĂ©e avec plus dâimpartiaĂitĂ© & de promp- â titude, Ă moins de frais que dans aucun autre â Ă©tat de lâEurope. Les crimes y Ă©toient rares, i9 soit pas fie le rĂ©gĂ©nĂ©rer, en lui donnant une constitution. On sâobstina Ă nâattrl- buer quâau bazard la belle organisation dâune machine qui marchoit fi majestueusement depuis tant de siĂ©cles. Dire qiĂun ,, en comparaison des pays dont on exalte le â gouvernement. Four sâen assurer, il suffit de â comparer le nombre des jugemens Ă mort des j, assises dâAngleterre, avec ceux rendus par les â cours supĂ©rieures de France. Lâagriculture, le 3, commerce , les manufactures y florissoient par- 33 tout , signe certain de lâaisance universelle. 3, On bĂądssoit, on dĂ©frichoit ; le peuple Ă©toit â mieux vĂȘtu , mieux nourri que jamais ; les arts â dâagrĂ©ment, une certaine Ă©lĂ©gance de mĆurs , ,3 lâamĂ©nitĂ© & la gaietĂ© deshabitans, indice fur ,3 de leur contentement, appelloienc de toutes ,3 parts dans le royaume les Ă©trangers, qui ne le 3, quittoient quâĂ regret. Une armĂ©e nombreuse 33 brave & disciplinĂ©e, une marine plus formi- 33 dable quâelle nâavoit jamais Ă©tĂ©, dĂ©fendoient â lâEtat. Des alliances puissantes ajoutoient en- 33 core Ă fa force & Ă fa considĂ©ration. Essai fur 3, les deux dĂ©clarations du roi faites le 23 juin » i?8y, page 34 & JĂź- ib empire qui subsfĂŻe depuis plus de treize cetĂźts ans , & qui a toujours Ă©tĂ© croijfant en ri. chejses & en gloire , n'a pas de confĂźitution ; des cruellement faire la critique de ceux qui en ont & la condamnation des personnes qui veulent lui en donner une i . Mais tout raisonnement Ă©toit Ă©touffĂ© par les cris de la moderne philosophie. II Ă©toit gravĂ© dans les arrĂȘts dâun funeste destin que les rĂȘves de cette philosophie parviendraient Ă dĂ©truire de fond en comble les monumens de la sagesse de nos ancĂȘtres. Des ministres pervers engagefent les gens de lettres Ă se livrer aux brĂ»lans transports de leur imagination. Sans doute que plusieurs dâentreâux furent abusĂ©s par le dĂ©sir dâĂȘtre utiles* Ă leur patrie;mais les autres, orgueilleux, atrabilaires , furieux depuis si long-temps i Lettre Ă M. le comte de Lally, par un gentilhomme français, publiĂ©e en fĂ©vrier dernier. Lettre qui ne iauroit ĂȘtre trop lue, trop connue t '.rop mĂ©ditĂ©e. { - r } que les productions de leurs plumes ne leur eussent valu, ni les rĂ©compenses dĂ©cernĂ©es aux dĂ©fenseurs de lâEtat, ni les dĂ©corations rĂ©servĂ©es aux grands services, ne virent plus dâautre bonheur pour eux que dans ^anĂ©antissement de tout ce qui blessoit. leur vanitĂ©. Lâun fous le titre dâorateur aux Etats-GĂ©nĂ©raux , publia, avant leur rassemblement, un ouvrage dans lequel il dit en parlant du roi Sommes votre dĂ©lĂšgue de vous rendre compte de fa conduite ...... La cour croĂźt - elle que le crime atroce de leçe - majefle nationale , au premier chef , fe punifle par le repos & les douceurs d'une vie molle & voluptueuse ? La fin de cet ouvrage nâest pas moins remarquable dans lâendroit oĂč son auteur enjoint Ă la nation cc de changer â toute la constitution civile & politique, ajoutant â Que fi elle conserve le monarque, elle doit le mettre dans l'impossibilitĂ© absolue de faire le mal , ou de le laisser faire. Dans le mĂȘme moment on autorisa le dĂ©bit du livre , i oĂč lâabbĂ© de Mably i Lebel, libraire, exposoit ce livre au pied B iij 2 ± dit Ne laissons fubjĂŹfĂźer aucune magifra- ture hĂ©rĂ©ditaire. Quand une nation fera parvenue au but que l'Angeterre doit aujourd'hui se proposer, qui empĂȘchera qu a l'exemple des anciens Romains , elle ne supprime mĂȘme jusqu au nom de roi? Voye{ ce qui Je passe sous nos yeux. Un toi de Suede gĂ©mit de fa condition , & Je croĂźt le plus malheureux des hommes, parce qu'il nef pas aufp puissant qu un roi d'Angleterre. Celui - ci pense qu'on lui a fait une injuf ice criante , de ne pas le laifer defpotiser comme un roi de France, qui imagine Ă Jbn tour qu'il n'y a de vraiment grand , de vraimant puissant, qu!un roi de Maroc , qui n'a qu'Ă vouloir pour ĂȘtre obĂ©i ; & qui , sans craindre une rĂ©volte, du grand escalier de Versailles. M. de Villedeuil secretaire dâEtat , lui en fit dĂ©fendre la vente; deux jours aprĂšs il le reproduisit avec lâautori- sation d un ministre, dont malheureusement la volontĂ© nâĂ©toit que trop prĂ©pondĂ©rante, au moment oĂč les Etats - GĂ©nĂ©raux sâassemblerent. primĂČ prudentes , dein vulgum , diutijjimĂš pro- vindasfefdlit. Taxite. { SZ coupe en s 1 amusant des tĂȘtes, pour montrer son adresse. SĂ»rement aucuns de nos rois n'ont enviĂ© le fort d u roi de Maroc, pas mĂȘme celui du sultan de Constantinople. Mais câĂ©toit avec ces exagĂ©rations, toujours insultantes & criminelles, que nos Ă©crivains abusĂšrent de la crĂ©dulitĂ© de leurs lecteurs. Ils peignirent des couleurs les plus rembrunies, des abus quâil Ăalloit fans doute corriger. Ils se gardĂšrent bien de prĂ©senter ces abus comme les chenilles qui attaquent un bel arbre. II souffre pendant une saison; mieux soignĂ© TannĂ©e dâensuite , il reprend toute la fraĂźcheur de sa verdure. Lâesprit de vertige qui sâĂ©toit emparĂ© de la nation atteignit nĂ©cessairement ses reprĂ©sentans aux Etats-GĂ©nĂ©raux. j, Et pour comble de maux apporta dans la France j. Des harangueurs du temps lâexĂ©crable Ă©loquence. Le ton de la sociĂ©tĂ© devint celui des dĂ©putĂ©s ; en vain quelques hommes Ă©clairĂ©s sâefforcerent - ils de conserver les droits F iv l 24 de la raison; en vain tentĂšrent-ils dâen- gager Ă rĂ©parer lâĂ©difice sans le dĂ©truire , bientĂŽt on put appliquer Ă lâAssemblĂ©e Nationale ce quâAnacharsis disoit des AthĂ©niens Qu'il ne pouvoit ajjse^ s'Ă©tonner de voir que dans leurs dĂ©libĂ©rations , cĂ©toient les sages qui parloĂŹent , & les fous qui dĂ©ci~ doient. BientĂŽt auffi ces fous mirent au jour une constitution qui dĂ©sorganisa en-Ăź tiĂ©rement la France, & qui substitua l'a- narchie Ă sordre. On vit tout auffi promptement le souffle empoisonnĂ© du jacobinisme culbuter dâabsurdes conceptions. Gette seconde rĂ©volution renversa toutes les idĂ©es des personnes qui sâobs- tinoient Ă croire que la nation Ă©toit fort attachĂ©e Ă cette constitution. Sans doute fut-on obligĂ© de reconnoĂźtre son inconsis- tence, lorsquâon vit avec quelle facilitĂ© ses ennemis Ă©toient parvenus Ă lâanĂ©antir. Cependant bien des gens nâen persistĂšrent pas moins dans la pensĂ©e quâil salloit tirer de cet informe ouvrage, les matĂ©riaux propres Ă fabriquer une constitution plus passable ; constitution qui sâa- Ă 25 daâptant, autant quâil seroit possible, Ă la situation des esprits , ne choquĂąt pas trop les idĂ©es dâun peuple quâon supposoit ra- foĂĂant de la libertĂ© ; constitution qui rendit au roi de France assez dâautoritĂ©, ou assez dâapparence dâautoritĂ© pour quâil put ĂȘtre replacĂ© dĂ©cemment furie trĂŽne 1 . Ici encore lâancienne jalousie faisoit- 1 On lit dans une lettre dâune grande cour, adressĂ©e aux principaux souverains en juillet 1791. â Quâil falloit toutefois laisser les voies â ouvertes Ă rĂ©tablissement pacifique dâun Ă©tat 3 , de choses en France , qui sauvĂąt du moins la 3, dignitĂ© de la couronne , & les considĂ©rations 33 essentielles de la tranquillitĂ© gĂ©nĂ©rale. â Ce fut la connoissance des termes moyens vers lesquels on voyoit pencher quelques cabinets, qui enhardit les factieux, qui leur fit concevoir le projet de renverser tous les trĂŽnes delâEurppe, qui leur fit commettre le plus affreux des crimes. Lorsque les souverains sâenlevent lâun Ă lâautrp des provinces , ils font quelquefois un faux calcul , mais lorsquâils font indisscrens sur la dignitĂ© dâune autre couronne, ils ne se disent pas assez combien ils exposent la sĂ»retĂ© de la leur. 26 desirer de voir ce royaume aux prises avec une charte qui y perpĂ©tuĂąt fagita- tion, & qui laissĂąt aux autres puissances la libertĂ© de se consolider Ă mesure que la France sâaffoibliroit & se ruineroit. Le petit nombre de personnes qui, pour le bien de lâhumanitĂ© , souhaitoit un juste Ă©quilibre entre le pouvoir des souverains & le degrĂ© de libertĂ© quâil convient quâaient les sujets , Ă©toient plus dâaccord fur le vĆu d une constitution pour la France , que fur les moyens de la rendre bonne, & de la faire agrĂ©er. Lorsque les habitans des Ăąpres montagnes de la Suisse se divisoient au point de vouloir se combattre , lorsque la discorde fatale croyoit avoir atteint son but, un vieillard respectable descendit dâun rocher ; Nicolas de FluĂ© se prĂ©sente au milieu de ses concitoyens ; il parle, & puissant comme lâĂterne] qui lâinspiroit, il calme les ressentimens, il fait couler des larmes ; la tendre fraternitĂ© reprend tout son empire , & la paix est lâouvrage dâun homme vertueux. Mais il avoit Ă 27 } parler Ă des hommes simples, Ă des hommes pauvres , Ă des hommes qui nâavoient pas Ă©tĂ© pervertis. Aujourdâhui Nicolas de FluĂ« crieroit dans le dĂ©sert. Nous ne voyons que trop Ă quel point il est aisĂ© de porter nos contemporains au mal , combien il est difficile dc leur rendre les vertus qui feroient leur bonheur, & combien, ainsi que lâa dit Bossuet, " ils vont sâenfoncant dans l'iniquitĂ© Quel est lâorateur qui, se prĂ©sentant Ă une assemblĂ©e souillĂ©e de tous les genres de cette iniquitĂ©, oseroit se flatter de la faire revenir sur sbs pas ? Quel seroit le ThaĂŻes dont les apologues ingĂ©nieux parviendroient Ă suspendre les cris fĂ©roces de ces tribunes, oĂč des monstres soldĂ©s nâappuyent que les opinions les plus barbares ? Quel seroit le souverain qui se respeĂ©teroit assez peu pour traiter avec les meurtriers dâun roi'? Enfin, quel seroit le code assez sublime pour servir de loi Ă quarante-quatre mille municipalitĂ©s, qui sâemparent impunĂ©ment des droits de 28 la plus arbitraire souverainetĂ© , Ă 8c qui ne sont contrariĂ©es quâautant que quel- i Au mois de nrars 1790, M. Desmeunier traita dâinĂĂŹnuations injurieuses les observations faites par M. de CazalĂšs fur ce quâĂŹĂŹ falloit donner dc la force au pouvoir exĂ©cutif , & fur le danger de charger les municipalitĂ©s de lâexcrĂĄcc de ce pouvoir. On cria bien davantage encore lorsque , dans la mĂȘme sĂ©ance , M. de Montlaufier dit, que les plans proposĂ©s invejĂŹiroicnt des corporations de toute la force publique ; quâon verrait fe 1 enouveller lâexemple de ces anciens maires du palais , qui f ais oient, tout en tenant les rois renfermĂ©s dans leurs palais ,âą que le monarque ne feroit plus qu'un membre paras te placĂ© en- dehors de la constitution , une vraie superfĂ©tar tion politique. M. Neker a depuis suivi la mĂȘme idĂ©e, lorf- qu'il demande fie fgnifie le titre d'un reprĂ©sentant hĂ©rĂ©ditaire de la nation , sâil ne doit plus la reprĂ©senter au moment oĂč lâon traitera des sacrifices quâon exigera d'elle? A-t-on pris garde , ajoute-t-il , que dans un royaume appelle Ă payer cinq ou fĂŹx cents millions , une si vaste contribution couvre tout , environne tout,, U saisit les hommes & les choses par une infi - 29 ĂŹ ques-unes dâentrâelles semblent vouloir rentrer par moment dans les sentiers de la justice? Quel seroit le pouvoir exĂ©cutif qui, par la seule persuasion , rĂ©prime- roit la licence de ces horribles clubs, oĂč les motions les plus inhumaines font les plus applaudies? Une cruelle expĂ©rience a suffisamment dĂ©montrĂ© que , pour le bonheur du monde, les souverains doivent plus que jamais se resaisir de la prĂ©tendue majestĂ© du peuple. i Dans tous nitc de rapports connus U inconnus , & fous lâancien rĂ©gime , ne payoient que 18000 L., fe virent obligĂ©es de payer 40000 L., & au-delĂ , fans compter les dons prĂ©tendus patriotiques. 39 1 mort, sans quâelle serve en rien au bien de leur patrie; qui leur donnent tous les peuples de l'Europe pour ennemis; qui, lorsquâil a Ă©tĂ© question de priver Louis XVI du trĂŽne & de la vie, ont dĂ©clarĂ© que câĂ©toit vm crime de leze-nation que de la consulter sur le sort de son souverain , que de laisser Ă cette nation la libertĂ© de repousser avec horreur une dĂ©cision qui la couvre dâun Ă©ternel opprobre ? On apperçoit au milieu des forfaits dont ces scĂ©lĂ©rats ont rendu le peuple complice , que s'ils ne le retendent pas dans une continuelle crainte, il se seroit plus dâune fois affranchi de leur joug» DĂ©jĂ lorsquâil peut Ă©chapper Ă la surveillance , il Ă©coute attentivement ceux qui disent , comme Solon aux AthĂ©niens â Câest vous-mĂȘmes qui avez Ă©levĂ© vos â tyrans, en leur donnant des gardes , â en vous armant peur Ă©tablir leur ty- â rannie , & câest ce qui vous a fait tom- â ber dans cet esclavage si honteux. â II ne suffit pas dâordonner Ă un peu- â pie dâĂȘtre libre, pour quâil le soit; il C iv l 4 ° » saut changer dans les citoyens la ma» » niere de voir , de sentir, de penser , cm n leurs anciens prĂ©jugĂ©s triompheront de s, tout ce quâon fera pour les combattre. 33 Si quelques lĂ©gislateurs ont rĂ©ussi Ă 33 affermir un gouvernement libre en 33 wĂšme - temps qu'rls lâont Ă©tabli , ils ne â donnoient fans doute des loix quâĂ une 33 poignĂ©e dâhommes renfermĂ©e dans une 33 mĂȘme ville. â i Avant de prĂ©tendre Ă la confiance des peuples , ils eurent ou affectĂšrent les sen- timens dâune faine morale ; ils ne tentĂšrent pas dâĂ©tablir leurs systĂšmes , en annihilant tous principes religieux. La raison seule & futilitĂ© nâauroient pu faire adopter les rĂ©glemens de Minos, de Zoroas- tre , de Seleucus., de TriptolĂȘme & de Numa , sâils ne se fussent pas prĂ©sentĂ©s aux nations comme les organes de la DivinitĂ© 2. Au contraire , des insensĂ©s 1 Mably Observations fur shisioire de France, tome II, page 122. Ăz Mai non f u alcuno ordinatore di leggi 4 * fe sont eleves parmi no'us, clans une de ces Ă©poques fatales , oĂč las de notre repos, nous voulions des nouveautĂ©s. On defiroit de voir changer la face du gouvernement, non dans la vue dâĂ©tablir une Ă©galitĂ© chimĂ©rique , mais dans l'ef- pĂ©rance que des changemens mettroient chacun au - dessus de son adversaire. Ăinsique cela sâĂ©toit vu souvent, !e Français confondant la licence la plus extrĂȘme avec la libertĂ© , crut quâil feroittoujours libre , parce quâon-ne vouloir pas le rĂ©primer. Mais sâil existe peu de nations qui fe soient plus distinguĂ©es par fa bravoure , par fa bouillante ardeur, par son Ă©tonnante intrĂ©piditĂ© , on n'en connoĂźt pas qui passe plus aisĂ©ment de la confiance JĂŹraordinarie iti un popolo , che non ricorrcjsc a Dio , perche , altrimcnti, non sarrebero uccet- tate ; perche sono molti bĂ©ni conojciuti da uno prudente , iquali non hanno in Jc raggioni evi- denti da poter-glĂŹ persuadere ad alu ni, Dis- corjĂŹ di machiavcl fopra Lib, i , cap. XI, s 42 ; LU dĂ©couragement , de la fureur Ă la consternation. Câest en vain que les factieux ont cru fur la pĂ©rilleuse parole d une ambition déçue que Lorsqu on emploie la monnoie des illusions , on a des trĂ©sors inĂ©puisables 1 . Câest en vain quâils entassent ruses fur ruses, pour prolonger fivresse de ce malheureux peuple. Ses pertes se multiplient trop pour quâil ne finisse pas par les sentir. Le prĂ©sident HĂ©nault en parlant des calamitĂ©s quâĂ©prouva la France , aprĂšs lâintroduction des grands fiefs , dit Le caractĂšre des Français demandoit , pour leur bonheur , qu ils fujfent gouvernĂ©s par un seul, 11 Ă©toit donc nĂ©cessite de les ramener Ă ces temps heureux oĂč ils n'avoiene qu' un maĂźtre , au lieu de les laisser sc dĂ©truire par un amour dlindĂ©pendance dont ils n apperce- voient pas les fuites. Ils ont plus besoin que jamais quâon les retire du prĂ©cipice dans lequel leur aveuglement les a jetĂ©s ; & st 1 Du pouvoir exĂ©cutif dans les grands Etats, page j41, 43 1 lâon sây prend bien , ils bĂ©niront bientĂŽt ceux qui les obligeront Ă rentrer fous un pouvoir quâils aimoient. Quâallons-nous devenir ? Câest ce que chaque Français tant soit peu sensĂ© demande Ă demi-voix Ă son voisin. Peu de personnes osent rĂ©pondre ce quâelles pensent; mais les insurrections royalistes prouvent cependant quâil en est qui disent r â Sauvons le â vaisseau du naufrage ; chassons du ti- â mon des pilotes coupables de tant de » mauvaises manĆuvres ; que chacun â travaille Ă regagner le port dont nous â sommes sortis avec tant dâimpruden- 33 ce au lieu dâaller chercher la chimĂ©- â rique perfection dâune isle inconnue , ,, reprenons le chemin de nos maisons 3, paternelles ; le temps les avoit enfu- 33 mĂ©es , on peut les reblanchir, les re- 33 crĂ©pir fans les abattre. Instruits par les 33 malheurs qui viennent de fondre fur 33 nous , lâadministration fera plus atten- 33 tive , le peuple moins exigeant, moins 33 inquiet; & sâil rĂ©flĂ©chit bien Ă ce quâil ,3 vient dâavoir fous les yeux , fa frayeur 53 44 de tontes les nouveautĂ©s fera telle quâon .u ne pourra plus lui en faire adopter le 33 trompeur appas. â DĂšs que la sage conduite du gĂ©nĂ©ral JVlonk lui eut fait atteindre son but, dĂšs que Charles II fut proclamĂ© , la noblesse ne fut pas moins satisfaite que le peuple. Celui- ci libre de toute contrainte fit Ă©clater une joie immodĂ©rĂ©e ; on le voyoit courrir ça & lĂ avec des transports incroyables ; & tel ctoit le nombre des royalistes , qu'on ne pouvait concevoir oh Ă©toient ces personnes qui avoient occasionne tant de troubles i . Nous verrons les mĂȘmes signes de satisfaction , accompagner en France le rĂ©tablissement de la royautĂ© & de toutes ses prĂ©rogatives. Les rĂ©voluteurs, pour mieux subjuguer le peuple , ont changĂ© tout ce qui existoit, en prĂȘchant un civisme dont la signification est inconnue aux trois quarts de la nation. Ils dĂ©fendirent de pronom i Histoire universelle par des Anglais pages 6y & 79. 45 *er ce qui dĂ©fignoit une fraternitĂ© particuliĂšre. Lâhabitant de Reames nâoĂa plus sâappeller Breton, ni celui de Dijon, Bourguignon. On a dĂ©figurĂ© Ja France en gĂ©ographie , comme en gouvernement. Lorsquâon pourra travailler Ă rĂ©tablir l'ordre , on sera aidĂ© par ce sentiment qui attache & qui ramene lâhomme aux habitudes de fa jeunesse. Malheur Ă celui qui prononce fans Ă©motion le nom de fa contrĂ©e ; malheur Ă celui qui revenu dans son hameau , ne sâempresse pas dâaller fe mettre Ă sombre de lâarbre q u'il planta dans son enfance. Le Lapon ne fouffri- roit pas quâon changeĂąt le nom de fa stĂ©rile patrie. Le Français impatientĂ© d une nomenclature inintelligible , la relĂ©guera avec ses auteurs fur les rochers du Calvados. On maudira la brillante dĂ©nomination dâune cĂŽte dâor , oĂč ne circulĂšrent que des assignats dĂ©criĂ©s dĂšs le jour de leur Ă©mission. i i YoicĂ ce quâĂ©crivoit en janvier 1790 un dĂ©putĂ© Ă lâassemblĂ©e nationale âNos confrĂšres s 46 Ees rebelles actuels nâont pas mĂȘme eu le mĂ©rite de lâinvention dans aucune de leurs dĂ©marches ; ils ont supprimĂ© la noblesse , comme le long parlement dâAngleterre, crut avoir mis les pairs au niveau des autres hnbitans du royaume ; ils ont Ă©tabli une Ere, comme alors fur le grand sceau dâAngleterre se placerent ces mots De la premiĂšre annĂ©e de libertĂ© rĂ©tablie par w savent bien que ces 1200 millions dâassignats â font 1200 millions de prises de poison distri- ,, buĂ©es au public. Les dignes satellites de la ,, majoritĂ© ont, comme dâordinaire, assiĂ©gĂ© les â portes ; les docteurs qui ont fait accoucher, â par violence, decedecret, en vouloient deux â milliards. Ils savent bien que ce poison, dont ,, ils auront leur part, fera dans le premier mo» 3, ment leur fortune , & celle des agioteurs qui les ,3 soudoyent, & que câest un coup mortel portĂ© ,3 Ă la noblesse, Ă la magillrature , & sur-tout â au clergĂ© quâils ont jurĂ© dâenterret avec la â religion ; car ces gens - lĂ ne veulent plus de ,3 religion. Ils nâoscnt le tout haut, parcs quâil leur est nĂ©cessaire de garder le ,5 masque, mais ils en conviennent tout bas. â 47 la grĂące de Dieu , en 1648. Leurs commissaires , leurs Ă©missaires dans toutes les parties de la France nous rappellent Ces prĂ©dicateurs ambulants qui alloient de ville en ville , de village en village , apporter les nouvelles joyeuses de 8Evangile ; câest ainsi qu'ils sâexprimoient i . Tous ces prĂ©dicateurs nĂ©s dans la lit du peuple Ă©toient. fans Ă©ducation , & pour suivre cette profession ils avoient tous quittĂ© leurs mĂ©tiers. Tels font Jourdan , le Gendre , Cochon , le Coin- tre , Santerre & mille autres. Les rebelles ont aussi remis au jour le plan tracĂ© 2 Ă la Rochelle, Je 10 mai 162 i parles religionnaires, division du royaume en dĂ©partemens, en districts & en municipalitĂ©s ; tout sây trouve. 3} 1 Docteur John Walkers, attempt 147 & suivantes. c Plan perfectionnĂ©, mais essentiellement calquĂ© fur les synodes tenus depuis $72 jus- quâen 16 R ç. ; Depuis, ces scĂ©lĂ©rats se sont livrĂ©s Ă des imitations plus atroces. Celui qui osa proposer 43 La seule diffĂ©rence , câesl que de; chefĂą imposans par leurs possessions, par leurs talents , dirigeoienĂą des hommes qui croyoient combattre pour la cause de Dieu. Ces hommes obĂ©Ăssoient Ă des guerriers cĂ©lĂ©brĂ©s par des victoires, & dont les noms Ă©toient rĂ©vĂ©rĂ©s depuis bien des sieoies. Cependant lâautoritĂ© de diviser le corps de son roi pour en envoyer les parties Ă chaque dĂ©partement, changea en une horrible motion le beau vĆu de Montrofe qui pĂ©rissant fidete Ă Charles II, dit aux Ecossois â Je desirerois que ma chair fut distribuĂ©e dans â toutes les villes de la ertirĂ©tientĂ©, comme â un tĂ©moignage de mon attachement Ă la cause â pour laquelle je vais pĂ©rir Lâordre donnĂ© par Santerre dâĂ©tousser par des bruits de guerre la voix de Louis XVI, parlant pour la derniere fois Ă son barbare peuple , fut une imitation de ce qui se pratiqua en 1662 ĂĄ InexĂ©cution de Vane. Sans doute que les instigateurs de cette recherche de cruautĂ© envers notre infortunĂ© monarque, pensĂšrent quâil falloir en agir avec un roi, comme on sâĂ©toit conduit avec fimpla- cable ennemi de Ăźa royautĂ©. lĂ©gitime r 49 r lĂ©gitime prĂ©valut. LâidĂ©e dâune rĂ©publique Françoise, s'Ă©vapora ainsi que la chaleur de lâesprit de parti ; on la regarda bientĂŽt comme cent autres erreurs que prĂ©sentent les ambitieux pour sâĂ©lever aux dĂ©pens dâun peuple toujours abusĂ©, parcs quâil est toujours crĂ©dule; Ă plus forte raison la rĂ©publique jacobine aura le mĂȘme sort. En proposant de renvoyer chaque individu Ă la position oĂč il se trouvoit, par exemple, au i janvier 1786 , & de rĂ©tablir Tordre ancien , il ne seroit pas question de remettre en vigueur certains impĂŽts, tels que la gabelle & les aides, impĂŽts que depuis bien des annĂ©es, les administrateurs les moins populaires de- siroient de dĂ©truire. 11 ne s'agiroit pas davantage du retour de plusieurs abus, de la restitution des grĂąces accumulĂ©es & trop onĂ©reuses Ă TEtat; enfin de tout ce qui grĂ©voit le pauvre , fans que le service public gagnĂąt en proportion da poids dont Ă©toient certaines charges. Il est aisĂ© de se persuader quâaujâour» D So dâhuĂŻ que lâillusion a Ă©tĂ© dissipĂ©e par de tristes rĂ©alitĂ©s , tout possesseur, qui depuis quatre ans tremble fans cesse pour fa propriĂ©tĂ©, verroit avec plaisir renaĂźtre le jour oĂč le pillage, oĂč lâincendie ne feroient plus regardĂ©s comme des transports de civisme , oĂč le gouvernement monarchique pourroĂt faire veiller comme autrefois Ă la .furetĂ© de tout particulier , oĂč la justice administrĂ©e par des magistrats expĂ©rimentĂ©s & non Ă©lus nu hasard , seroit de nouveau fous lâinspection des parlemens, dont la nation dans un temps d ivresse mĂ©connut les services. Rendue Ă elle-mĂȘme, revenue de fes prestiges, elle verroit rĂ©tablir ces parlemens avec autant de satisfaction quâelie mit de lĂ©gĂšretĂ© Ă les sacrifier. BientĂŽt on se rappel- leroit que a iâinĂiitution des cours fouve- â raines nous sauva dâĂȘtre cantonnĂ©s & 3 , dĂ©membrĂ©s comme en Italie & en 33 Allemagne , & quâelle maintint ce. 3, royaume en son entier. Les rois , â nous dit MĂ©zeray, considĂ©raient lâau- â guste tribunal du parlement, comme { S T i5 le cĆur de leur royaume. Ils avoietlt â un grand foin dâen Ă©loigner tout ,5 venin Sans doute , objectera-t on, que les pat* lemens se sont trop souvent Ă©cartĂ©s des principes qui dictĂšrent, en 1484, la rĂ©ponse du premier prĂ©sident de Lavaquerie a u duc dâOrlĂ©ans , que le parlement rĂitoĂŹt ĂŹnfĂŹituĂ© que pour rendre la jujlice. MaĂĂą souvent la maladresse des ministres fit passer la justice & la raifort du cĂŽtĂ© des tribunaux. Un Ă©crivain impartial nâentre* prendra pas de justifier la versalitĂ© de la conduite des parlemens. En 1454, nous le voyons sâĂ©lever avec force contre les lettres patentes qui tendoient Ă Ă©tablir une Ă©galitĂ© de droits entre cette cour souveraine & celle de Toulouse. En 1754, dâautres vues lui font tenir un langage diffĂ©rent ; ce nâest plus fur les autres parlemens quâil veut avoir la supĂ©rioritĂ©, câcst au-dessus de lâautoritĂ© royale quâil songe Ă sâĂ©lever, & pour y parvenir, il fait revivre fous le nom de !'unitĂ© , entre tous les parlemens du royaume, le systĂšme D ij s §2 de TunĂźon proscrit du temps de la fronde". De lĂ sortirent mille assertions pins que hasardĂ©es. O u'en conclure ? câest que les corps les plus respectables, les plus utiles, les plus nĂ©cessaires , font quelquefois des fautes graves , tristes rĂ©sultats dâune majoritĂ© surprise. Encore en dernier lieu lâeffervescence gĂ©nĂ©rale nuisit Ă la sagesse des dĂ©libĂ©rations du parlement de Paris. Nous conviendrons, qu'entraĂźnĂ© par les clameurs de ses plus jeunes membres, il publia des arrĂȘts irrĂ©flĂ©chis. Mais qui pourroit oublier ces notnbreuses dĂ©cisions qui furent des objets dâadmiration pour toute lâEu- rope? ij Combien le peuple ne dĂ»t - il i Quand la Pologne envoya lâĂ©lite deS grands hommes quâelle avoit en 1373 , annoncer au duc dâAnjou , depuis Henri III, son Ă©lection comme roi de Pologne, les ambassadeurs polonois qui avoient trouvĂ© bien des choses Ă blĂąmer dans le luxe ridicule, & la lĂ©gĂšretĂ© française, furent saisis de vĂ©nĂ©ration en voyant le parlement assemblĂ© , L en y entendant plaider. Cela fit dire Ă lâun de ces ambassadeurs ; quâil ne sâĂ©tonnojt plus s 53 pas Ă des remontrances qui, en Ă©clairant ie souverain , lui prĂ©sentoient la vĂ©ritĂ© sous les formes les plus faites pour la rendre respectable ? Combien ne rĂ©sista- t-il pas aux prĂ©tentions ultramontaines , lorfquâelles furent abusives ? Combien ces parlemens nâen impoferent-ils pas Ă tous ceux qui vouloient arbitrairement opprimer la nation ; tandis que dâune autre part ils mĂ©ritoient f Ă©loge renfermĂ© dans ledit de juillet 1644, oĂč il est dit de tout tans la cour de Paris rendit de grands & signalĂ©s services aux rois dont elle fait rĂ©gner les loix. Un auteur anglais a observĂ© , quâil Ă©toit bien glorieux pour nous, que le roi de France nâeĂ»t jamais pu corrompre un seul membre de son parlement, tandis que le roi d'Angleterre corrompoit avec tant de facilitĂ© tous les membres du sien. â si divers princes de la chrĂ©tientĂ© avoient sou- ,, vent commis le jugement de leurs diffĂ©rens , 5 Ă cet auguste sĂ©nat , puisque ces graves pec- ,, Tonnages quâil voyoit en robe rouge , Ă©toient f , comme autant de rois. 54 LâAssemblĂ©e Nationale nâa supprimĂ© les parlemcns que parce quâelle voyoit en eux les vrais ministres , les vrais dĂ©fenseurs des loix fondamentales du royaume. Une assemblĂ©e qui vouloit sâemparer du pouvoir de son souverain, ne pouvoit pardonner au parlement de Paris dâavoir , en 1593 , conservĂ© la couronne Ă la maison de Bourbon , malgrĂ© les menĂ©es dâune grande puissance , Sc ^asservissement des Etats-GĂ©nĂ©raux convoquĂ©s par le duc de Mayenne. Le beau rĂ©quisitoire de M. SĂ©guier l rappellent trop Ă de sages principes, pour quâon ne sâempressĂąt pas dâĂ©touffer la voix de ceux qui avoient le courage de les cĂ©lĂ©brer. LâAssemblĂ©e Nationale sâĂndigna des dĂ©libĂ©rations de divers par- lemens ; fou courroux se dĂ©veloppa surtout contre sari Ă©tĂ© de la chambre des vacations de Rouen , oĂč il est dit que lorsque le premier monarque de t univers , acca^ blĂ© de chagrins aussi cuisans qu immĂ©ritĂ©s , 1 En dĂ©cembre 1 7 SS 55 daigne faire taire en lui tout autre sentiment que celui de son inĂ©puisable tendresse pour ses peuples ; enfin , quand on a vu ce prince digne Ă jamais du respect des nations , bravant tous les dangers , venir au milieu de fa capitale essayer encore par texemple de ses vertus & des tĂ©moignages louchans de fa popularitĂ© , de ramener fis sujets Ă©garĂ©s , de vrais & fidĂšles magistrats ne peuvent que bĂ©nir tant de bontĂ©s , & gĂ©mir en filence fur terreur de leurs concitoyens. II Ă©toit Ă©vident que tant qu'on laisserait subsister des cours souveraines qui sâexprimoient , qui se conduisoient ainsi , elles conserveraient des moyens dâĂ©clairer le peuple, de confondre les factieux , & dâopposer un ordre salutaire Ă une horrible anarchie. Le plus intrĂ©pide scĂ©lĂ©rat nâest jamais entiĂšrement exempt de la frayeur quâuu jour ses crimes ne soient punis ; les auteurs de tous nos maux savoient trop que, dans tous les temps les parlemens ont poursuivi avec un courage respectable , les perturbateurs d u repos public. 11 falloit anĂ©antir ces cours pour anĂ©antir D iv c 56 ensuite la royautĂ© ; elles doivent revivre avec le monarque, & tandis que celui ci sâabandonnera aux mouvements dâune sage clĂ©mence , le glaive dâune sĂ©vere mais parfaite justice , doit ĂȘtre remis entre Jes mains des magistrats dignes de la constance de tous les bons Français. Nos malheureux compatriotes nâont eu que trop de sujet de les regretter, en se voyant vexĂ©s par des juges vendus au crime; ils nâont que trop souffert des indĂ©centes contestations, des dĂ©cisions monstrueuses de cette foule de tribunaux, de dĂ©partements , de districts & de municipalitĂ©s, formĂ©s en grande partie de ce quâil y a dc plus abject; il faut que le retour du bon ordre disperse ce ramas dâhoin- mes mĂ©prisĂ©s. Parmi les membres de lâancienne administration , il en est beaucoup qui se sont rendus tellement coupables pendant ]a rĂ©volution, que bien certainement ils se feroient justice , & ne profiteroient pas du pardon que la prudence & lâhu- nianitĂ© pourroient dicter. Les retraites 57 volontaires Ăourniroient doive des places Ă donner, ou des rĂ©formes Ă opĂ©rer fans chagriner quiconque mĂ©rite des Ă©gards. Il a Ă©tĂ© dit plus haut, que les propric- taires des moindres possesiions applau- diroient au retour des antiques tribunaux, & de proche en proche Ă celui de lâancien ordre des choses. Cette assertion ne paroĂźtra pas ĂĂŹ hasardĂ©e Ă toute personne qui, ayant bien connu la France avant la rĂ©volution , peut sâappercevoir aujourdâhui de Terreur du tiers-Etat, lorsquâil sâobstina Ă dĂ©naturer le gouvernement monarchique , dans lâespoir dâa- mĂ©liorer sa condition. II nâest pas un seul homme sensĂ© dans cet ordre , qui ne sente prĂ©sentement tout ce qu il a perdu. Lâaristocratie de la noblesse Ă©toit une dĂ©signation vuide de sens, puisque la noblesse de France ne formoit aucun corps, &puisquâelle nâavoit aucune part eflentielle & privilĂ©giĂ©e Ă Tadministration du royaume. Le mĂ©rite plus que la nais. sauce, portoit au superbe poste dâinten» l 58 fiant les subdĂ©lĂ©guĂ©s, les sĂ©crĂ©tasses, & tout ce qui tenoit au dĂ©partement de ces intendans. Toutes les jurisdictions de premiĂšre instance, se composoient des membres du tiers - Etat. Ceux-ci Ă©toient aisĂ©ment admis dans les sept huitiĂšmes des tribunaux du royaume. Les places de greffier, de procureur, de notaire, de tabellion , places lucratives nâĂ©toient point exercĂ©es par la noblesse. Les commissaires des guerres, les fermiers, les receveurs, les trĂ©soriers gĂ©nĂ©raux, enĂin, tous les nombreux employĂ©s de la finance Ă©toient du haut tiers-Etat. Toutes les cures, la plupart des canoni- cats, les richesses du clergĂ© rĂ©gulier ali- mentoient des citoyens dont on nâexi- geoit aucunes preuves de noblesse. Il u'en salloit pas pour arriver aux dignitĂ©s de la plupart des chapitres des cathĂ©drales. Rien ne fermoit Ă la vertu & aux talens l'accĂšs Ă lâĂ©piscopat. Le commerce du royaume appartcnoit exclusivement au tiers-Etat, parce que le dĂ©faut de capitaux & les prĂ©jugĂ©s avoient empĂȘchĂ© que 59 5 la noblesse ne profitĂąt des ordonnances de Louis XIV & de Louis XV, qui permettent Ă cet ordre le commerce en gros , & les spĂ©culations maritimes. Toutes les compagnies chargĂ©es des approvisionnemens , tant des armĂ©es de terre que de mer , Ă©toieut formĂ©es par des membres du tiers-Etat. II en Ă©toit de mĂȘme de tous les bureaux de la grande, de la petite chancellerie , & des bureaux des sĂ©crĂ©ta ires dâEtat. ExceptĂ© les premiers emplois de la cour , des milliers de commensaux du souverain nâĂ©toient pas gentilshommes. Les rois de France ont de tout temps tirĂ© plus de ministres du tiers-Etat que de la noblesse, & les ministres nĂ©s gentilshommes, que le mĂ©rite ou la faveur Ă©levoient en dignitĂ© , Ă©toient dâaprĂšs lâordre des choses plus ou moins dominĂ©s par des membres du tiers-Etat. Lâhomme de mĂ©rite, apprĂ©ciant les talens de ses premiers commis, se livroit nĂ©cessairement Ă leur expĂ©rien. çe , & donnoit sa confiance Ă des hommes qui lui en paroissoient dignes. Lâhomme l 6° } au-dessous de fa place , malgrĂ© toute la prĂ©somption de la mĂ©diocritĂ©, tie pou- voit se paĂler dâanciens travailleurs qui tcnoicnt dans leurs mains le fil de Tad- ministration. Amsi, de tous cĂŽtĂ©s, le tiers- ittat joignoit aux moyens de sâenrichir toute TautoritĂ© du gouvernement ; ainsi, cet ordre par son influence & son pouvoir , Ă©toit devenu principalement responsable des abus de lâadministration ; & lorfquâun peuple aveuglĂ© crioit toile contre la noblesse, & vive h tiers-Etat, il lan- ^oit un injuste anathĂšme sur les dĂ©fenseurs de la patrie, & bĂ©nidoit une classe de citoyens dans laquelle se trou- voient des hommes qui sâĂ©toient le plus Ă©cartĂ©s des bienfaisantes intentions d u roi. Un ouvrage qui parut dans le mois de mars 1789, 1 } ouvrage quâon ne voulut pas lire , parce quâil ne caressent pas la folie O Voyez lettre dâArmand de Chapt de Kastignac Ă messieurs du tiers-Etat. Paris 2; mars iyg E 66 vocat qui par son Ă©loquence avoir fait triompher le bon droit, Ă©toit mille sois plus considĂ©rĂ© dans la sociĂ©tĂ©, que ne le sont aujourdâhui tous les municipaux , tous les employĂ©s de la rĂ©volution, Ă©levĂ©s Ă ces emplois par une fantaisie populaire qui souvent tourne contre eux le lendemain de leur Ă©lection. Les Target, les Bailli, les Camus , les Lafayette , les Treillard, les Montesquiou , lesDumou- rier , mal-adroits ambitieux, si dĂ©concertĂ©s en ce moment, avoient chacun dans leur sphere une existence heureuse. Lorsque lâautoritĂ© royale assuroit la tranquillitĂ© de leur Ă©tat, elle leur permettoit de se livrer Ă tous les calculs dâune louable ambition; chaque membre de la noblesse mouvoir quelquâappui , chaque membre du haut tiers voyoit plus ou moins de quelle maniĂšre avanceroit la fortune de fa famille. Si lâinjustice dâun ministre nuisoit Ă quelques sujets du roi, que de moyens nâavoit - on pas de se tirer de peine ! Le successeur de ce ministre Ă©toit ordinaire'* §7 tnent favorable Ă sopprimĂ©, quarid ce rseut mĂȘme Ă©tĂ© que par esprit de contradiction , & par le dĂ©sir de faire la satyre de 'administration de son prĂ©dĂ©cesseur. Enfin les abus dâautoritĂ© exercĂ©s par un individu , ne font pas fans appel, comme ceux qui dĂ©rivent dâun dĂ©cret rendu Ă la majoritĂ© dâhommes ou achetĂ©s ou sĂ©duits par fart dâun insidieux orateur s I . i M. Necker en parlant de lâaccumulation des pouvoirs dans lâAssemblĂ©e Nationale s'exprime ainsi âAh ! si lâon appelle libre un pays j, fous le joug absolu dâune telle puissance , ĂĂŹ 3, lâon appelle libre un pays oĂč la sĂ»retĂ© des pĂ©r- 3, sonnes, le respect pour les propriĂ©tĂ©s , le main- 33 tien de la tranquillitĂ© publique dĂ©pendent du talent dâun orateur, & du moment quâil a iâarc 33 de choisir pour entraĂźner les suffrages ; si lâon â appctle libre un pays oĂč il nâexiste aucune 3, balance dâautoricĂ©, oĂč le pouvoir exĂ©cutif nâeĂt 3, quâun vain nom, oĂč ses droits ne font plus â quâune supposition , oĂč lâopinion des sages nâa â plus de crĂ©dit, oĂč la religion nâa plus dâem- j, pire, oĂč les mĆurs mĂȘme rĂ©imposent aucune â loi 3 si lâon appelle libre un gouvernement Ă ij 68 } Quel est le ministre , tel despotique quâon veuille le supposer, qui eĂčt prononcĂ© les dĂ©cisions Ă©manĂ©es de l'Assern- blĂ©e Nationale ? Quel Ă©toit fintendant assez osĂ© pour ordonner de par le Roi, ce que commandent journellement les districts & les dĂ©partemens ? Avant la rĂ©volution on avoit Ă se plaindre de ce que les hommes nâĂ©toient pas des dieux , de ce que quelques-uns abu- soient de leur autoritĂ©; mais que de prĂ©cautions nâavoient - ils pas Ă prendre pour sâassurer lâimpunitĂ© de ces abus? Combien les abus vĂ©ritablement criants Ă©toient- ils rares? Combien nâĂ©toit-il pas au contraire certain que lâenfemble ries citoyens Ă©toit tranquille dans ses foyers, dans ses fonctions , & que lorsque lâun d eux sâĂ©toit Ă©levĂ© en grade ou en fortune , il jouissoit solidement des avantages dus Ă fa bonne â ains composĂ©; il faut nâavoir aucune idĂ©e des ,, premiers principes de lâorganiĂâation sociale }Ă . Du pouvoir exĂ©cutifs page f 6g 1 conduite , ou mĂȘme Ă son adresse? I! Ă©ĂoĂfc aisĂ© de recueillir les faits qui eussent dĂ©vouĂ© h la haine publique les ministres qui, depuis lâavĂ©nement de Louis XVI, avoient disposĂ© des ordres arbitraires. Personne ne croira qu'en renversant la Bastille, on ait eu Ja modĂ©ration d'Ă©pargner leur rĂ©putation. Cependant il nâa paru rien de circonstanciĂ© ni de prouvĂ©, Ă lâappui des cris lancĂ©s vaguement contre le despotisme. On sâest bornĂ© Ă dire de ces ministres quâils Ă©toient des monstres , parcs quâils Ă©toient les serviteurs de la royautĂ© , comme on a fait depuis Ă leur maĂźtre un crime dâĂȘtre roi. Louis XI, durant touc son rĂ©gnĂ© , sacrifia moins de malheureux Ă fa sombre politique, que le tribunal rĂ©volutionnaire nâenvoya dâhommes Ă la mort dans un seul jour. t Ses atroces dĂ©cisions sem- 1 La barbarie de ce tribunal tious rappelle ce grand & terrible tableau que nous faic Tacite de la situation de Rome. Jacuit immensa JĂŹ rages omnis sex us, omnis eetas ; ĂŹnluflre r, ignobi- E iij s 72 blables auxLoix deDracon , ne font pas Ă©crites avec de lâencre , mais avec du sang. On observera peut-ĂȘtre que nos ancĂȘtres nâont pas mieux valu que nous , & que les massacres du 2 septembre, nâont encore Ă©tĂ© quâune odieuse imitation des horreurs du quinziĂšme siecle. Sans doute que les ordres sanguinaires du monstre PĂ©thion , les difperfĂź, aut Ă ggerati ncque propiaquis , aut amicis adfiflere , inlacrymare , ne vijere qui- dem diutiĂčs , dabatur ;sed circumjeĂłĂi euftodes , U in mĆrorem cujufquc inlenti , caxpora putre- facĂa adfcSĂabantur , dĂčm in Tiberim trahercn . tur ubi fiuitantia , aut ripis adpuĂŹja , non cre- mare quifquam , non contingcrc. Intcrddcrat sortis humana c^mmercĂŹum vi metĂźisquantum- quesdvitia glijeeret, miseratio arccbatur . Rome fut jonchĂ©e de morts , hommes, enfans, grands Sc petits , entassĂ©s ou dispersĂ©s ; les parens, les. amis nâosoient les consoler, les pleurer & presque les voir; par - tout des gardes Ă©pioient la douleur publique , & ne quittoient les cadavres quâaux bords du Tibre oĂč ils les jettoient ; fĂŹ le flot les ramenoit, on craignoit de les brĂ»ler, de les toucher. LâhumanitĂ© sĂ©doât Ă la terreur, & la pitiĂ© Ă la barbarie. ?ĂŻ nous. retracent la lĂąche condescendance de ce prĂ©vĂŽt de Paris qui, en 141&, d i foi t de mĂȘme Ă la populace Mes amis , faiees ce qu il vous plaira 1 . Mais ces. 1 âCe dpc de Bourgogne fit publier parla â ville , qu'il vouloit la paix ÂŁ? le bien du â royaume, N contendoĂŹt Ă chajser hon , les j, ennemis . N ejĂŹrangers qui mal avoient gou- verne U Roi U k Dauphin, fĂ«fc. Assez tĂŽt â aprĂšs le commun de Paris fit esniotion, & ,z s'amassa grande assemblĂ©e de menues gens qui â allerent aux prisons, oĂč ils tuerent tous les â prisonniers. LĂ , fut tue le comte dâArmagnac , j, Raymonet de la Guerre, le chancelier &plu- 3, sieurs autres grands seigneurs. MĂ©moires de 3, Pierre de Fenin, 33 Quand le prĂ©vost vitquâils Ă©toient {ces mĂȘ- 3, mes gens, ainsi Ă©chauffĂ©s de la fanlce ire qui â les menoit, il nâosa plus parler de raison , de M .pitiĂ©, ni de justice, & il leur dit mes amis, 3, faites ce quâil vous plaira , & tant tuerent de ,3 gens Ă Paris, que hommes, que femmes, de- â puis cette heure de minuit jusqu'au lende- ,3 main douze heures , quâĂls furent nombrĂ©s. â mille cinq cents dix-huit. 33 Journal de Paris.. j page 41 3 annĂ©e 1418-. E 72 abominations ne se commirent que paree qu alors la rĂ©bellion dĂ©soloit de toutes parts un royaume , dont le roi tombĂ© eu dĂ©mence, ne pouvoit faire exĂ©cuter les loix. { i . Nous savons aussi , que pour Ă©garer plus Lâhistoire chronologique de Charles VI, porte les tuĂ©s & noyĂ©s a trois mille, ajoutant ces mots â Car si un homme Ă©toit haĂŻ, son ennemi ,, le Faisoic tuer en ce temps, fous ombre dâĂ©tre ,3 de la partie du Loi & du comte dâArma- » gnac. â i II est remarquable que malgrĂ© les troubles de ce temps, malgrĂ© la corruption qui sâin- troduilĂŹt en f rance fous le rĂ©gnĂ© de Charles VI, ce qui fit appeller ce rĂ©gnĂ© le tombeau des mĆurs i enfin, malgrĂ© tous Jes flĂ©aux qui accableront ce royaume , depuis f Ă©poque de sa dĂ©mence; ce prince ;,e ! ailla pas d'ĂȘtre chĂ©ri du peuple, qui lui confirma Ă ses funĂ©railles le titre de fĂien - aime, qu'il lui avoit donnĂ©, lorsjuâil monta fur !e trĂŽne; tant la bontĂ© & Ăźa gĂ©nĂ©rositĂ© de son crour Ă©toient connues , & tant on Ă©toit perluade qn il nâĂ©toit que Ăâoccafion , & non la cause des malheurs publics ! Ait devc'ri- jter les dates , tome premier , page 612. f 73 ĂŹ sĂ»rement la nation , on a vu depuis Ăźa rĂ©volution circuler parmi tant dâautres Ă©crits atroces , lâouvrage intitulĂ© les cri. mes des Rois. A chaque feuille , la calomnie change en forfaits nombre dâactions dont les historiens les plus vĂ©ridiques ont consacrĂ© lâĂ©quitĂ©. Nos rois ont Ă©tĂ© des mortels soumis Ă lâempire des passions. Nous ne lustifie- rons pas Charles IX dâavoir ordonnĂ© le massacre de la S. Barthelemi ; mais une vĂ©ritĂ© bien humiliante peur l'humanitĂ©, câcst que les crimes que lâon peut imputer aux rois de France , disparussent fous la masse effrayante des crimes du peuple français ; particuliĂšrement des crimes lĂ©gitimĂ©s par 1 AssemblĂ©e Nationale, crimes commis Ă Paris , Ă Avignon , dans toutes les parties du royaume, su nom de la constitution. Et lâon nous parle encore en faveur de cette constitution , de ce faux germe Ă©touffĂ© dĂšs fa naissance , que chaque factieux interprĂ©tois Ă fa guise, & qui loin de pouvoir assurer le bonheur de vingt-quatre w il- 74 ĂŹ lions dffiommes , ne conviendroit pas ĂŻRc-me Ă une foible peuplade , comme la rĂ©publique de S. Marin. Supposons cependant que cette; constitution provoquĂ©e par l'orgueil, la dĂ©raison & la cupiditĂ© pĂ»t .renaĂźtre & s'Ă©tablir ; voyous li les rĂ©sultats ne devroieni» pas ĂȘtre absolument opposĂ©s Ă ceux que Les partisans sâen promettoient. La dĂ©mo- eratie dĂ©clara une guerre Ă mort Ă l'aristocratie qui nâexistoit pas. On voit plus que jamais nue ce nâĂ©toit quâun sobriquet donnĂ© , comme autrefois on voulut distinguer les Guelpbes & les Gibelins, puisque n ce moment tout qui u'est pas jans - culotte, est aristocrate. .Mais admettons quâon put faire aller tni instant le gouvernement constitutionnel des armĂ©es 17891,90 & pi ; que mĂ©mo en en corrigeant les plus insoutenables dĂ©fauts , en donnant au pouvoir exĂ©cutif ĂŹâautoritĂ© suffisante pour f exercice des loix, on retrouvĂąt le squelette , lâappa- rencc dâune administration ; quâarrive-, tait- il alors ? Auffi-tĂŽt que ,, jans nulla 75 difĂŹnBion tous les citoyens feraient admissibles aux places & emplois civils & militaires i , ne serok-ii pas naturel que la noblesse renonçùt pour toujours Ă servir dans les armĂ©es? Nous entendrons dĂ©formais par noblesse , tout homme vivant noblement, & jouissant dâune soi tune aisĂ©e; or, bien certainement cette classe de citoyens ne verroit rien qui TappcllĂąt Ă une profession dont les dangers, dont les fatigues , dont les gĂȘnes, dont la m o, notonie en temps de paix , ne seroieut plus compensĂ©s par Thonnenr attachĂ© ciel e va n t Ă TĂ©tĂąt d'officicr. DĂšs-lors , toutes les places lucratives quâoccupoient fous Taucien rĂ©gime les membres du Tiers- Etat ,âą places qui furent multipliĂ©es Ă lâin- Ătni fous le rĂ©gime constitutionnel, fe- roient bientĂŽt briguĂ©es & obtenues par des membres de lâancienne noblesse restĂ©s propriĂ©taires des grandes terres. Ces i Titre premier, article premiet de la Constitution. 76 anciens nobles , quoique privĂ©s de leurs titres honorifiques , donneroĂŹent par-tout iâexclusion Ă cette nombreuse partie du Tiers-Etat qui, fans ĂȘtre riche cle patrimoine , parvenoit cĂŹ-devant aux emplois indiquĂ©s plus haut. A la fuite des noms illustres , arriveroient les nobles qui, depuis un Ăiecle ou deux , ont acquis des possessions. Tous ces propriĂ©taires qui , malgrĂ© leurs richesses, nâĂ©toicnt gueres employĂ©s dans lâadministtation intĂ©rieure du royaume, prendroientaujourd'hui un autre essor , sâouvriroient infailliblement une autre carriĂšre , parce que lâĂ©puife- ment des finances, le discrĂ©dit des papiers publics , feroieot que de nĂ©cessitĂ© ler possesseurs des terres deviendroient presque les seuls capitalistes du royaume ; alors , combien ne leur feroit-il pas aisĂ© de fe rendre maĂźtres des Ă©lections , comme le font en Angleterre les seigneurs qui , par les sommes q u'ils donnent, & par lâinfluence qu'ils fe procurent, placent qui ils veulent dans la chambre des communes ? 77 Quand mĂȘme il seroit poĂĂŻĂŹble quâune rĂ©vision de la constitution confirmĂąt le ridicule dĂ©cret qui enleve les dignitĂ©s hĂ©rĂ©ditaires , pourroit-on empĂȘcher que malgrĂ© les sophismes des rhĂ©teurs, la nation revenue Ă elle - mĂȘme , & dĂ©trompĂ©e de toutes les illusions qui lâĂ©garent, ne rendit Ă des Montmorency , des Rieux , i des Mortcmart, des Latrimouille , des Sire-de-Pont, des Tonnerre , ces respects dictĂ©s par lâhabitude & par des souvenirs qui rappellent les plus belles Ă©poques des annales de la France ? Des torrens formĂ©s par des orages passagers , renversent par fois les monumens les plus solides ; mais ils ne peuvent empĂȘcher que les fleuves antiques ne reçoivent les tributs des eaux du ciel & de la terre. Les Thouret, les Barnave , les Cha- i En plaçant id M M. de Rieux immĂ©diatement aprĂšs le nom de Montmorency, on sâelt conformĂ© Ă la dĂ©cision qui eut lieu en 1547, au sacre d 11 roi Henri II. Voyez les MĂ©moires du marĂ©chal de VillevieĂlle. ?8 r Relier sont dĂ©jĂ rentrĂ©s dant le nĂ©ant j ainsi tomberont leurs scĂ©lĂ©rats successeurs; aprĂšs avoir bouillonnĂ© avec fracas, ils sq dessĂ©cheront comme le limon qui ne laisie aprĂšs lui que sa fĂ©tiditĂ©. Au plus fort de la dĂ©mocratie, nâavons- nous pas vu les AssemblĂ©es Nationales employer, tant quâil a Ă©tĂ© possible, Ă la tĂȘte des troupes , tous ceux des nobles qui ont eu la lĂąchetĂ© de servir les rebelles ? Le paysan est fatiguĂ© de lâactivitĂ© quâon lui a donnĂ©e; le laboureur ne Test pas moins de se voir dans la dĂ©pendance de ceux quâil est forcĂ© dâctnployer. Le bourgeois Ă qui ii reste du bon sens, est intĂ©rieurement rĂ©voltĂ© de Tineptie , des vices & de la bassesse des gens qui le commandent. Le retour des seigneurs dans leurs terres fera un jour de fĂȘte pour les habitans des villages, parce quâil leur rendra lâespoirdâune existence moins malheureuse. Le journalier aimera mieux gagner un foible salaire sans sortir de sa paroisse, que de quitter malgrĂ© lui sir maison pour sâaller battre. Le fermier, â 79 s il sâest bien conduit envers fou Ă ncicA propriĂ©taire , fera ĂĂŹer de le revoir. Celui 'qui aura abusĂ© des circonstances , pourra compter fur une indulgence q'ue lâintĂ©rĂŽĂŻ rendra nĂ©cessaire. Enfin , la lĂ©gĂšretĂ© da caractĂšre français dâaccord avec les prĂ©jugĂ©s de tant de fiecles, offrirait aux nobles possession nĂ©s cf amples moyens d c fe faire bien recevoir, sâils rentraient en France pour y vivre fous le rĂ©gime modifiĂ© de la constitution de 17ĂJ2. II leur servit aisĂ© dc mettre Ă profit le retOilr d une juste bienveillance de la part dtĂŻ peuple , pour se procurer alors dans leurs provinces tout le crĂ©dit que leur enlevoiĂŹ celui dâun subdĂ©lĂ©gĂșĂ© , dâun receveur des impositions. Ainli renaĂźtrait facilement un nouvel ordre de choses. La haute noblesse briguerait en vertu de la constitution les places de maires dans les villes les plus importantes , en fe faisant ces crĂ©atures, en achetant des suffrages; elle fe soutiendrait dans ces emplois , tout aussi bien que lâon voit dans les cantons populaires de la Suisse , des Ă©lectĂŹoss l 82 feulement pour la forme , confirmer dâĂ©* poque en Ă©poque les fils ,petit-fils , arriere- petits-fils des familles qui gouvernent, ainsi que cela fe voit auffi dans la plupart des villes impĂ©riales , oĂč le peuple elĂŹ opprimĂ© par une lĂ©gion dâadministra- teurs. Alors ou placeroit ses parons , fes amis , dans les postes qui dĂ©pendroient des premieres magistratures ; & sâil falloit, pour y parvenir, un scrutin , encore avec de l'argent on arriveroit Ă fes fins. Dans }a fuite les possesseurs de terres pourroient avoir pour concurrens les riches nĂ©go- cians ; ceux-ci ne tarderoient pas Ă sentir qu i! seroic difficile de veiller Ă la fois , ail commerce & Ă ['administration. Mais de toutes maniĂ©rĂ©s nous devrions Ă rĂ©tablissement de la constitution de 1791 la plus redoutable des aristocraties , celle des gens riches. 1 1 â La classe aisĂ©e qui ne travaille pas , â Ăa classe opulente deviendroit la maĂźtresse ,, suprĂȘme Jes assemblĂ©es ; & par un excĂšs de â dĂ©mocratie, vous verriez nĂ©ceslĂĄirement sâĂ©le- Câest 8t Câest aĂźors que nombre Je citoyens sentiroient encore mieux combien on sâest abusĂ© , lorsque la jalousie des stĂ©riles titres de noblesse a provoquĂ© Ășn systĂšme dâĂ©ga- ĂźitĂ© , qui Fait qĂșe, dans le tienĂ©tat , des milliers dâhommes distinguĂ©s font redescendus au niveau de la lie du peuple. Les anciennes familles nâtĂŹnt point cette dĂ©gradation Ă craindre ; tout bon gentilhomme pourra toujours dire Ă ses enta n s comme Montgommery aux siens » qu'il consentoit de bon cĆur Ă ĂartĂȘt qui les privait de la noblesse , s'ils ne faijbient pas des aidions qui les en pussent relever ; mais que lĂ oĂč ils succĂ©deraient Ă la venu de leurs ancĂȘtres , il n y avoit pas de puijsĂ nce au monde qui les empĂȘchai de succĂ©der Ă leur noblesse. Si terreur dans laquelle font tombĂ©s j, ver un genre dâariĂlocratie bien terrible, Tarif- 3, tocratie presque absolue des riches. Opinion. j, de Robert , membre de la Convention natiĂČ- 3, nale. Voyez !e Moniteur, No. 117, du 27 » avril 1793. F l 82 des ambitieux, n'eĂ»t conduit qu'Ă la punition dâune vanitĂ© mal entendue, si des mouvemens excitĂ©s par elle il rĂ©ful- toit une constitution propre Ă faire le bonheur de la plus grande partie des ha- bitans de la France , tout bon citoyen JionnĂȘte devroit prĂ©fĂ©rer le bien public Ă des considĂ©rations particuliĂšres, & les propriĂ©taires nobles , ou rĂ©putĂ©s tels , seroient fondĂ©s Ă voir avec satisfaction statuer un gouvernement qui ramĂ©neroit les notables français aux dignitĂ©s & Ă iâau- toritĂ© quâils avĂŽient dans les premiers temps de la monarchie. Nous avons indiquĂ© comment ils fe retrouveroient fous les noms de maire , de procureur de la commune, de prĂ©sident , de membres de district & de dĂ©partement, saisis de fait des fonctions quâexercoient autrefois, les miss, les grafions^ les centeniers, les dixainiers , les rachimbourgs , les feabins. Comme autrefois aussi ces notables se rendroient bientĂŽt si permanens dans les places Ă©lectives , que nous verrions , a u dĂ©triment de lâaiuoritĂ© du souverain & l 8Z Ăź Ze la fĂ©licitĂ© da peuple, renaĂźtre iticef* sammentles usurpations dâautoritĂ© , dont naquit le rĂ©gime fĂ©odah II nâexiste nulle part de vĂ©ritable dĂ©mocratie. i LâĂ©galitĂ© ne peut subsister entre les hommes ; elle est dĂ©truite par la diffĂ©rence des forces physiques; elle est bien plus dĂ©truite par la diffĂ©rence des facultĂ©s mmales. Les Etats-Unis de l'Ainerique, oĂč nos Français ont Ă©tĂ© prendre les idĂ©es d une libertĂ© dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e dans la plus horrible licence, ces Etats, dont la constitution Ă©prouvera plus d un changement, la ces Etats peuplĂ©s des i II nâa jamais existĂ© de vĂ©ritable dĂ©mo- ^ cratie , & il nâen existera jamais. II est contre j, lâordre naturel que le grand nombre gouverne j, & que lĂ© petit soit gouvernĂ©. On ne peutima* j, giner que le peuple reste incessamment assem- â blĂ© pour vaquer aux affaires publiques ; & ,, lâon voit aisĂ©ment quâil ne sautoir Ă©tablir pour â cela des commissions fans que la forme de lâadministration change. Contrat social de Rousseau, page iiç. 2 Le ministre dâune grande puissance Ă©crl. F 4 i 84 } Ă©migrations de lâEurope, & dans lesquels le temps nâa pas permis quâil se formĂąt encore de ces familles prĂ©pondĂ©rantes par lâanciennetĂ© des services rendus Ă la patrie , enfin ces Etats , dont les gouver- nemens font plus dĂ©mocrates en apparence quâen rĂ©alitĂ© , ne voient-ils pas dĂ©jĂ parmi eux des distinctions bien prononcĂ©es, & qui de jour en jour Ă©tabliront une ligne plus marquĂ©e de citoyen Ă voit deNewyork en juin 5789 â Je fuis bien loin â de lâenthousiasme , en jugeant les objets qui ,, mâenvironnent, & je ne trouve aucune raison â de cĂ©der Ă la prĂ©tention quâont la plupart des â AmĂ©ricains & leurs admirateurs, quand ils ,, affirment que ces Etats surpassent en politique â & en philosophie tous les peuples anciens & â modernes. Quoi quâil en soit de ces prĂ©ten- â tions, le vrai est que ces AmĂ©ricains ont Ă©tĂ© â jusquâĂ prĂ©sent sans gouvernement, quoiquâils â en soient dĂ©jĂ Ă la seconde forme. Je regarde , comme un spectacle curieux les obstacles quâils â Ă©prouvent Ă lâorganisaĂion du nouveau gou- â vernement. II y a loin des projets Ă lâexĂ©su- â Ă . â §5 Ăźtoyen ? {i Câest donc en vain que noĂ novateurs ont portĂ© jufquâĂ Ja puĂ©rilitĂ© leur fureur contre la qualification de noble. II existera dans tous les pays des gens qui, Ă©tant riches, se rendront puissans, des gens qui, Ă©tant vertueux, se rendront illustres , enfin tel homme qui Ă©tant digne dâĂȘtre connu , ce que les anciens nom- merent nosdbilis,&. par abrĂ©viation nobilis, aura dans fa patrie cette prĂ©pondĂ©rance qui conduit, dans toutes les associations, Ă des prééminences. 11 existe de ces prééminences fur toute la surface de lâEurope. Elles font excessivement prononcĂ©es en Asie on les trouve en Afrique , en AmĂ©rique ; & les voyageurs autour du monde i Une division de la marine royale de France Ă©tant Ă Boston en 17L8 ou 17x9, les officiers donnerent un bal Ă bord des vaisseaux, & furent trĂšs-surpris dâapprendre que les femmes dâhono- rables nâiroient point Ă une fĂȘte oĂč elles scroient exposĂ©es Ă rencontrer dâautres dames dont le* maris n'avoient pas le mĂȘme titre que les leurs, eu au moins celui dâĂ©cuyer. F z c Z6 > ont observĂ© des castes privilĂ©giĂ©es parmi les insulaires de la mer du sud. A OthaĂși les rang* font marquĂ©s par des distinctions frappante* ; les infĂ©rieurs y ont de grands Ă©gards pour leurs supĂ©rieurs. II y a fies seigneurs cĂźe cantons. II seroit aisĂ© dâappuyer par des rap- prochemens pris dans l'histoire, ce qui Autorise Ă penser que, st le rĂ©gime cons* titntiounel se rĂ©tablissait, ce .seroit lâan* cienne & mĂȘme la nouvelle noblesse dit royaume qui, sous une autre dĂ©nomination , sâempareroit de toutes les dignitĂ©s, du maniement de tontes les affaires, & qui feule profĂŹteroit dâune rĂ©volution dont le Tiers-Etat se promettoit tant dâavantages. M us, encore une fois, il est plus essentiel dâexaminer si le bonheur du royaume, si fa tranquillitĂ© , si fa grandeur dans h paix, si fa furetĂ© dans la guerre , serment les rĂ©sultats de ce nouvel oidre de choses. Il faudroit voir si qua- rante-qtiatre mille maires , si les nombreux membres de tous les dĂ©pnrtemens, si les de districts, choisis infaillible* 87 ment parmi des personnages riches ou des familles considĂ©rables, ne seroient pas gĂ©mir la nation fous cette cohorte de vrais aristocrates intĂ©ressĂ©s Ă fe soutenir, Ă consolider, Ă perpĂ©tuer leur autoritĂ©. Les Danois, aprĂšs avoir long-temps souffert les outrages, les vexations, les exigeances insoutenables des seigneurs qui les opprimoient, & qui rĂ©duisoient Ă rien f autoritĂ© royale , ne virent dâautre moyen dâamĂ©liorer leur condition , quâen offrant a leur souverain une autoritĂ© sans bornes. Le premier article de la loi de 1665, promulguĂ©e Ă la fuite de cette Ă©tonnante rĂ©volution, dit, que tous Us rois hĂ©rĂ©ditaires de Danneniarck & de Nord- wege doivent ĂȘtre regardĂ©s par leurs sujets comme un chef au - dejfus de toutes les lois humaines , & qui , en matiĂšre religieuse ou civile , ne connoĂt point dâautre juge que Dieu. On a peine Ă comprendre comment une nation a pu de son propre mouvement jurer de se soumettre Ă un pouvoir aussi illimitĂ© , Ă une volontĂ© dont rien ne balancĂ© les dĂ©cisions arbitraires. U nâea F 4 88 est pas moins vrai que ce nâest quâĂ dater de cette Ă©poque que le Danois a vĂ©cu fous* un gouvernement plus doux , que le commerce a commencĂ© Ă y fleurir % que les arts vinrent embellir la capitale & les autres villes du royaume, que de tous cĂŽtĂ©s la culture sâĂ©tendit & se boni-, fia, & que le Dannemarck prĂ©senta Ă lâEurope une marine vraiment respeĂ©table & dont les Ă©tabliffemens font superbes. Plus de cent annĂ©es font rĂ©volues depuis que les Da nuis se trouvent bien dâun. gouvernement qui les met Ă la merci des caprices dâun maĂźtre. Cela est, & cela se peut, parce que le despotisme dâun souverain ne lui donne pas, Ă beaucoup prĂšs, une autoritĂ© si effective, quâelle paroĂźt absolue. II y a mille mĂ©nagemens Ă garder qui lui font dictĂ©s , soit par le besoin dâĂȘtre aimĂ©, soit par un esprit de justice , soit enfin par la crainte dâĂȘtre viĂ©time dune rĂ©volution. Le despotisme exercĂ© par une rĂ©union dâsiommes investis de f autoritĂ© , est bien plus terrible & plus absurde, joint Ă ce que les assemblĂ©e.^ { 89 dâune nation qui posscde plusieurs gran. clĂ©s provinces ne font nullement propres Ă lâĂ©clairer fur ses vrais intĂ©rĂȘts. Tout fe voit dans ces assemblĂ©es dâune maniĂ©rĂ© trop confuse , trop sommaire , trop indĂ©terminĂ©e. " La volontĂ© gĂ©nĂ©rale y est y, rĂ©ellement muette. La plupart des dĂ©. â putĂ©s, guidĂ©s par des motifs secrets, â nâopinent pas plus comme citoyens , â que fi lâEtat n'eĂ»t jamais existĂ© ; & lâon â fait passer faussement fous le nom de â loi des dĂ©crets iniques , qui nâont pour â but que fintĂ©rĂȘt particulier. â Ăi. Câest, comme lâa fort bien dit le factieux Ifnard en parlant de la Convention , une machine Ă dĂ©cret dans les mains dĂ© une faBlon. Ai n st de la fermentation des passons accumulĂ©es sortent des dĂ©marches & des dĂ©cisions quâun souverain nâoferoit fe permettre , parce quâil cramdroit une censure , une critique publique , que les assemblĂ©es bravent fans la moindre pudeur. 3 1 Contrat social, page ĂŻ8i. 2 Un Espagnol, M. le comte dâAyalg, qui 9 ° Si nous faisons pour un moment lâĂ©- loge dâun gouvernement oĂč le prince se voit. au-dessus des loix , ce nâest pas que nous le souhaitions' pour la France, ce nâest pas quâil puisse ĂȘtre dĂ©sirable , ni pour un souverain , ni pour une nation. Notre unique objet est de prouver que FautoritĂ© dâun seul, telle arbitraire qu'elle soit, devient prĂ©fĂ©rable Ă celle dâassem- blĂ©es tumultueuses oĂč dâinsolens parvenus , ne professent cet amour violent & fastueux de la libertĂ© , que pour mieux vient de publier un excellent ouvrage intitule De la libertĂ© U de lâĂ©galitĂ© des hommes U des citoyens, dit en parlant des deux lĂ©gislateurs qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la convention nationale Une as- â semblĂ©e qui ne se respecte pas, qui ne respecte 3, pas l' publique, est le plus cruel, le â plus dĂ©testable de tous les tyrans. Ceux - ci font jj le mal en tremblant, tandis quâelle le fait dans â une forte de calme , qui doit causer un frisson- 33 nement de peur & dâhorreur aux peuples qui ,3 vivent fous fa domination, & Ă ceux qui nâen â font pas sĂ©parĂ©s par des rochers inaccessibles. 33 Ăhaji. 6 . page 160, 9t caclier leur goĂ»t pour lâindĂ©pendance de toute autoritĂ© lĂ©gitime, oĂč ils ne se courbent devant le peuple quejusquâau moment oĂč ces ambitieux peuvent donner lâeĂĂŻor Ă leur fureur de dominer i . x Lorsquâen septembre 1790 , on voulut restreindre la prĂ©rogative royale de S. M. Polonaise, un des membres de la diete, le sieur Kie- 7Ănski, protesta en ces termes â Si le roi a lu con- M descendance de laisser mettre en dĂ©libĂ©ration ce qui est suffisamment Ă©tabli par les Pacla â Connenta , câestĂ nous Ă ne point le souffrir, Ă â nous fur-tout qui mĂ©prisons les factieux, & 3 , qui sommes convaincus par lâexpcrience que â que les prĂ©rogatives royales, que le trĂŽne, en , 3 un mot, sont le seul & vĂ©ritable rempart de la â prospĂ©ritĂ© publique. Plus les pouvoirs feront 3, divisĂ©s, moins le gouvernement aura de nerf, â LâEtat languira & finira par tomber dans le 33 nĂ©ant. Craignons les faux amis du peuple qui â ne veulent avilir la majestĂ© royale que pour pouvoir exercer plus sĂ»rement leur despotisme â infiniment plus fatal au peuple que celui dq 53 roi le plus absolu. â j\l. Nççker a Ă©crit il que la puissance immo- l 92 Dans ees derniers temps on a beaucoup citĂ© CharJemague . comme Celui de nos princes qui a le pins associĂ© Tente de fa nation au gouvernement de lâempire. On a Ă©tĂ© jusquâa le reprĂ©senter comme soumettant dans les Champs de Mars Ă la dĂ©cision du peuple , tout ce quâil souhai- toit d'innover dans lâadmĂniltration. Cependant lâabbĂ© de Mably, auteur claffi- que des rĂ©volutionnaires, convient que dans les capitulaires, CharĂźemagne pre- noit le titre de lĂ©gislateur suprĂȘme. Ce mĂȘme auteur a puisĂ© dans Hincmar un tableau des assemblĂ©es de ce temps, qui â dĂ©rĂ©e dâune assemblĂ©e composĂ©e des repiĂ©seru ,, tans de la nation , nâeft pas auffi redoutable que â le despotisme dâun seul homme, â Cinq pages plus loin, ilsâoublie & nous dit C4 Comment ne ,, seroit-on pas effrayĂ© de lâautoritĂ© dâune as- â semblĂ©e qm dĂ©cide en un moment & sans appel â de lâhonneur, de la fortune & de la libertĂ© des â citoyens, dâune assemblĂ©e qui, en proscrivant â avec une petite majoritĂ© de sufFrases le dĂ©ve- n loppement des avis prĂ©jugĂ©s contraires as. 93 } contraste un peu avec la forme tumultueuse & indĂ©cente de nos prĂ©tendues lĂ©gislatures. L'assemblĂ©e , dit Hincmar, qui se tenoit Ă La fin de Vautomne , aprĂšs que la campagne ĂtoĂŹt finie , rĂŹĂ©toĂŹt composte que des seigneurs les plus expĂ©rimentĂ©s dans les affaires. . On recherchoit la cause des abus prifens , & on travailloit Ă prĂ©venir les maux qu'on avoit Ă craindre. Jamais le public nĂ©. toit infiruit des vues, des dĂ©bats, des projets , ni des rĂ©solutions de cette assemblĂ©e. Un secret inviolable ernpĂȘchoit que les Ă©trangers ne pus- » sentiment de cet f e majoritĂ©, assure par sa ty- » rannie sur les opinions, spn despotisme envers w les personnes ? Comment ne feroit - on pas M effrayĂ© delâantoritĂ© dâune assemblĂ©e qui, fur le s , rapport dâun de ses membres, & fans daigner ,, Ă©couter ni les aeensĂ©s, ni leurs dĂ©fenseurs, remplit les prisons de ses victimes? â Du pouvoir exĂ©cutif ,pag. 347. M. Neckeren nous peignant si au vrai le despotisme de PAflemblĂ©e Nationale, auroit bien dĂ» nous expliquer ensuite, en quoi il est moins redoutable que le despotisme dâun seul. 94 fint se prĂ©cautionner contre les entreprises dont ils Ă©talent menacĂ©s, & que dans r intĂ©rieur mĂȘme du royaume , des rnĂ©contens ou des esprits jaloux & inquiets s'opposajsent par leur intrigue au bien public. Eginard , en pariant dâune de ces assemblĂ©es, fait dire ces paroles Ă Charlema- gne Jâai figĂ© au milieu de vous , & f ai pris part Ă vos dĂ©libĂ©rations , non - seulement comme tĂ©moin , mais encore comme votre roi & votre juge. Le vrai est que Charlemagne comme nous lâa dit Montesquieu tint le pouvoir de la noblesse dans ses limites, empĂȘcha lâoppreffion du clergĂ© & de lâhomme libre , mettant un tel tempĂ©rament dans les ordres de lâEtat, q u'ils furent contrebalancĂ©s, & quâil resta le maĂźtre. Tout fut uni par la force de fĂłn gĂ©nie ; mais ses successeurs moins habiles & moins fermes ne tardĂšrent pas Ă voir que des administrateurs en trop grand nombre, & recevant trop de puissance de leurs emplois , font Ă©galement nuisibles Ă la prospĂ©ritĂ© de lâEtat, & Ă la nĂ©cessaire dignitĂ© de son chef. l 95 'Hugues Capet ayant observĂ© que le droit de rendre la justice uni Ă la profession militaire, avoit Ă©tĂ© une des causes principales de la chĂ»te des premieres races, ce prince & ses descendans firent en sorte que la noblesse nâeĂ»t plus, pour unique occupation que la guerre. Ils la tinrent en activitĂ© durant la paix, en favorisant le goĂ»t de la chevalerie i , en i â Les chevaliers quâon appelloit en latin â Milites , Ă©toient lâĂ©lite non - feulement de la noblesse , niais encore de ceux des sujets qui ,, possĂ©doient les vertus les plus Ă©minentes. Ils â etoient les plus fermesjoutiens des trĂŽnes , les ,, protecteurs desfoibles U desopprime's , la ter- ,, ra/r des brigands , les amis de P ordre U de la ,, police , le flĂ©au de tous les novateurs , U des â perturbateurs du repos public. Aussi les rois & â les princes les plus sages se sont-ils toujours ,3 appliquĂ©s Ă les maintenir, en les rappellant ,3 aux anciennes loix. â Hist. de la noblesse hĂ©rĂ©ditaire , page 282. chap. 17. De cet esprit de chevalerie, il ressortit des traits qui seroient incroyables, fi les historiens les plus dignes de fol ne nous les transinettoient. Tels font les. l 96 JtĂŹuĂźtĂźpliaut les JoĂ»tes & les Tournois, 8Ă© en ne nĂ©gligeant rien de ce qui pouvoit lui faire abandonner les pĂ©nibles fonctions de la judicature. faits de Duguesclin, dont le marĂ©chal dâEnclrĂ©- ghen disoit â Si ce Bertrand ctoĂźt roi de JĂ©ru» j, lalem , tous les Payens ne ĂeroĂŹent pas capa- j, blĂ©s de lui rĂ©sister. Tels font les faits dâuri Boucicaud, dâun Captai du Buek, qui avec foi» Xante chevaliers, suivis de igo hommes Ă euX § attaquĂšrent, mirent en dĂ©route & tuefent fepĂ mille hommes dâune nombreuse armĂ©e de ces Jacquets, qui en ĂŻ^g vouloient exterminer la noblesse. Lâhrstoire de la maison militaire des rois de France, prĂ©sente un nombreux catalogue des brillans exploits de nos nobles Français; mais nous observerons quâils durent leurs plus Ă©cla-j tans succĂšs Ă leur attachement auX ioix de la chevalerie , Ă la vĂ©nĂ©ration des jeunes gens pour' leurs anciens, & au respect des gentilshommes pour ces noms illustres qui dĂ©signĂšrent tant d s' hĂ©ros. Tout noble doit se piquer de se conduire auĂßÏ noblement que qui que ce soit, mais pour le maintien de Tordre, il faut quârly ait des grada» lions parmi la noblesse , ainftque dans tout autre' Etat. Les { 97 Les nobles & les prĂȘtres furent rem* placĂ©s dans le maniement des affaires publiques, par des hommes de loix, aux- quels la sagesse du gouvernement & lâes- time de leurs contemporains ouvraient Ă©galement une brillante, une utile carriĂšre. Alors une subordination plus rĂ©elle sâĂ©tablit; les dĂ©sordres devenus plus rares eurent des suites moins funestes. Les français , fous le regue de Louis VIII, commencĂšrent Ă soupçonner quâil Ă©toit nĂ©cessaire Lavoir dans lâEtat Une puissance qui en unit , resserrĂąt & gouvernĂąt par un mĂȘme esprit toutes les parties divisĂ©es. Un sentiment encore confus Ăaisoit entrevoir le besoin dâun lĂ©gislateur unique. La confiance quâinspira St. Louis, contribua beaucoup Ă replacer dans la main du prince, cette puissance lĂ©gislative, dont CharlemĂĄgne ĂĄvoit st bien usĂ© , & sans laquelle un roi ne peut assurer la tranquillitĂ© du royaume. Ce retour de soumission vers le trĂŽne nâĂ©prouva aucune opposition , parce quâon Ă©toit excĂ©dĂ© de tontes parts des abus des autoritĂ©s locales. G 9 * Ă Ainsi quâen cc moment, le peuple Français souffre Ă©galement du silence forcĂ© de ses anciennes loĂx, & des ordres arbitraires dâune tourbe innombrable de tyrans. Cependant les seigneurs avoient encore assez de pouvoir pour quâil nuisĂźt i Voici ce quâon lit dans une lettre Ă©crite en 178s, oĂč fauteur sâexplique avec beaucoup de , vĂ©hĂ©mence contre les ordres arbitraires â Lorsque nos rois dĂ©livrĂšrent les provinces du 5, joug des tyrans fĂ©odaux, on vit les peuples w accourir avec confiance Ă lâabri du sceptre pa- â terne!, en conservant quelques coutumes aux^ â quelles ils Ă©toĂźent attachĂ©s, & qui ne contra - ,, rioicnt point lâintĂ©rĂ©t collectif. Par - tout le j, respect pour Jes mĆurs appella la raison, lâĂ©- 5, quite, la loi naturelle pour rĂ©gler lâautorĂtĂ© & â lâobĂ©issance. Le souverain eut un pouvoir ab- 5, solu pour protĂ©ger & pour conserver... & les â ujets recouvrĂšrent une libertĂ© qui n'eut dâau- ,, tre borne que les loix qui defencâei ce nuire. 3 , Pendant ce grand ouvrage, en tort lieu, en ,, route cu confiance , nos rois flipulerent pour ĂŻ, lâhumanire. Quels droits Ă fa reconnoissance 1 â Lettre de AL de LcdtnĂŻoild M. de BergaJTe. C 99 Ă lâunitĂ© dâautoritĂ©, sans laquelle j dans M grand pays, rien ne Va au bien. Ce ne fut que fous les derniers regnes oĂč l'on vit les ministres qui conciliĂšrent Je mieux leur attachement Ă la gloire du souverain, & la connoissancĂš des vrais intĂ©rĂȘts du royaume, travailler avec succĂšs Ă affoiblir lâautoritĂ© des grands vassaux. Us prĂ©fenterent Ă ceux-ci de stĂ©riles distinctions j & des dĂ©corations en Ă©change de droits utilĂ«s. Dans le mĂȘme temps on accordoit Ă 1 Ă©lite des plĂ©bĂ©iens , des emplois dont lâimpoitance rendit bientĂŽt leur condition plus solidement avantageuse que celle de la majeure partie des seigneurs; Successivement toutes les places depuis le syndic d*une communautĂ©,Ă remonter iusquâaux dĂ©positaires immĂ©diats de la confiance de nos rois, devinrent la rĂ©compense de quiconque montra des talçns. Comme nou- savons dĂ©jĂ fait observer, lâĂ©loquence jointe Ă la probitĂ© fit arriver aux premiers emplois de robe & de lâadministration. Ainsi le gouvernement se yit aidĂ© de tous cĂŽtĂ©s par Gij 100 la louable ambition de tous les Rrançals recotnmandab'es, & la noblesse satisfaite dâĂȘtte en quelque forte exclusivement employĂ©e Ă la garde de lâEtat, ne pensit plus Ă fe mĂȘler de lâadministration. Elle envisagea presque comme un crime de fĂ©lonie , de ne pas fe consacrera la profession des armes; elle nâeut garde de priver sĂŽ'n pays de ses plus sĂ»rs dĂ©fenseurs , elle remplit les armĂ©es de cet esprit qui les rendit triomphantes ; elle remplit lâunivers dĂ© f Ă©clat de fa valeur. Rien ne se croisoit, rĂĂȘn ne se confondoit pins; la royautĂ© Ă©tâoĂŻt le point central auquel tout abou* tĂssoit. Lâagrandissement du royaume, la prospĂ©ritĂ© dont nous le vĂźmes jouir fut de plus en plus lâheureux rĂ©sultat dâune balancĂ© sagement tenue. On ne sâavisoit plus de croire quâaprĂšs avoir vieilli dans l ? Ă©tat militaire , on fut prOpre Ă manier tous les autres ressorts du gouvernement; ressorts nĂ©cessairement compliquĂ©s dans une vaste machine. On penfoit encore moins qne toute espece dâĂ©ducation , que tour genre d'habitude fussent propres Ă l ĂOI forstier des officiers capables de bien obĂ©ir, & de bien commander. Christine de Pi fan rappelle dans ses MĂ©moires, ce que d st VĂ©gece dans son livre de chevalerie SoĂŹi- vent font profitables en bataille, y celle gens ie Commune , quant efl conduit & gouvernĂ© joub%_ ordre de bons & nobles chevetains. LâĂ©tat militaire est celui de tous , oĂč le subalterne ne peut ĂȘtre employĂ© utilement que lorsquâil est rompu Ă sacrifier Ă la discipline , jusquâĂ son raisonnement. Mais eu mĂȘme temps il est de la sagesse de tout bon gouvernement de favoriser des prĂ©jugĂ©s qui rendent cette obĂ©issance moins pĂ©nible Ă ceux dont il faut lâexiger. Le jeune paysan qui sâengage & qui fuit Ă la guerre le fils de son seigneur., reçut dĂšs son enfance les impressions dâun respect quâil tĂ©moigne par instinct & par habitude. II ne peut ĂȘtre aussi aisĂ© de lui persuader que le fils dâun plus riche laboureur que son pere doive Ă force dâargent ou de protection , devenir rapidement son chef. II existe des classĂ©s plus relevĂ©es dans la sociĂ©tĂ©, qui en fob O jij 102 gnant dâavantnge lâĂ©ducatiĂŽn de leurs familles , ne letir donnent pas encore celle qni prĂ©pare anx qualitĂ©s militaires. Tous les nĂ©gocians nâont pas cette opulence qui permette de rendre lems en fans Ă©trangers Ă des habitudes entiĂšrement opposĂ©es au dĂ©sintĂ©ressement que doit avoir un officier ce ne fera point dans un comptoir quâil prendra le ton noble mais ferme quâil doit avoir avec fes soldats; le fils du financier, quelque bonne, quelquâestimable que soit la conversation de son pere , y entendra rarement ce qui fait lâentretien habituel du fils dâun militaire , si & si lâon a vu des i Quoique depuis uue cinquantaine donnĂ©es, la maniĂ©rĂ© d'Ăšnc de la haute finance ne quadre plus avec les satyres de Coileau , il existe encore quelques gens pour qui çes vert furent faits Veux-tu voir tous les grands Ă ta porte courir, M Dit un pere Ă son fils, Pont le poil ya fieurir ? M Prends-moi le bon parti, laisse lĂ tous les livres, 35 Cent francs au denier cinq, combien font-ils ? vingt livres, 0 Câest bien dit, vas, tu fais tout ce quâil fast lavoir 33 » s 1SZ Ăź en fans de magistrats se distinguer par leur bravoure & leur bonne conduite Ă lâarmĂ©e , on conviendra cependant quâil leur falloit une vocation particuliĂšre pour rĂ©ussir dans un Ă©tat anqueĂź rien dans leurs entours ne les appelloit. Nous nâadopterons pas lâexagĂ©ration de ces tactitiens qui veulent nous per. suader quâil faut mĂȘme poâur les grades infĂ©rieurs dans le militaire des talens prodigieux; nous croyons plus certainement quâil faut fe vouera une grande patience & quâon ne verra, embrasser avec zele cet Ă©tat, quâautant que des prĂ©rogatives honorifiques feront passer fur les peines journaliĂšres quâil prĂ©sente. Mais lorsque lâĂ©tat militaire sera ouvert sans exception Ă tout le monde , lorsque dâĂȘtre officier ne donnera plus une place distinguĂ©e dans la sociĂ©tĂ© , tout emploi dont les fondions ne seront pas viles, & qui vaudra un millier dâĂ©cus , fera sĂ»rement prĂ©fĂ©rĂ© Ă une sous - lieutenance dont la plus forte paye nâapprochoit pas Ă beaucoup prĂšs de cent pistoles. Alors les rĂ©gimens G iv f 104 } ne seront remplis , comme ils le font maintenant, que de gens auxquels les bassesses feront familiĂšres, & qui comme Ă prĂ©sent seront lâobjet de la risĂ©e & du mĂ©pris de leurs soldats x. Scrvius Tullius connu par son attachement au gouvernement rĂ©publicain , ne pouvant souffrir que son pays dĂ©pendĂźt des caprices de la populace , non content dâavoir fait passer toute lâautoiitĂ© dans le corps de la noblesse & des patriciens , ne permit pas Ă la derniere classe de porter les armes peur la patrie , il falloit avoir des foyers pour obtenir le droit de les dĂ©fendre 2. Toute la cavalerie fiit r Nos gĂ©nĂ©raux avant le rĂ©gnĂ© de l'Ă©galitĂ© nâĂ©toient pas dans le cas dâadresser au gouvernement des plaintes semblables Ă celles de Dam. pierre, dans fa dĂ©pĂȘche du ; niai 179; ,Ă la convention , oĂč il dit â que les officiers d'un j, bataillon font devenus invisibles , au moment â quâil falloit aller au combat Toutes ces lettres des gĂ©nĂ©raux rĂ©voluteurs font fans cesse mention de quelques lĂąchetĂ©s des officiers Ă leurs prdres. ? Rousseau , contract social, page 203, I2K rangĂ©e sous la premiers cla[ft composĂ©e des plus riches & des principaux de la ville t . Chez les Egyptiens , les gens de guerre appelles Calasyriens & Hermotibiens , Ă©toient un corps sĂ©parĂ© dans lâEtat ; il leur Ă©toit dĂ©fendu dâexercer d autre mĂ©tier que celui de la guerre , que les peres enĂ'ei- gnoient Ă leurs enfans. Lycurgue ayant extrĂȘmement goĂ»tĂ© cet Ă©tablissement , sĂ©para de mĂȘme Ă Sparte les gens de guerre , des autres corps de l'Ă©tat. Plutar- que nous dit qiiâil Ă©tablit ainsi une rĂ©publique vĂ©ritablement noble & pure. 2 Nous observerons encore que Lycurgue Ă©toit fi pĂ©nĂ©trĂ© de la nĂ©cessitĂ© dâaccorder de grandes prĂ©rogatives Ă lâhommede guerre, 1 RĂ©volutions romaines de lâabbĂ© De Vertot, tome i, page 26 . 2 On peut se rappeller aussi la rĂ©ponse que lit ce sage lĂ©gislateur Ă quelquâun qui lui con- seilloit dâĂ©tablir Ă Sparte le gouvernement populaire ,afĂŹn que le plus petit eĂ»t autant dâautoritĂ© que le plus grand. Lycurgue lui tourna le dos aprĂšs lui avoir dit â Vas rĂ©tablir premiĂšrement chez toi, & nous donne lâexemple io6 } quâĂ] statua que le nom dâun mort ne seroit gravĂ© sur son tombeau , que lorsque ce seroit, ou un homme qui auroit pĂ©ri sous les armes pour le service de son pays , ou une femme consacrĂ©e Ă la religion. Si dans un gouvernement auĂsi resserrĂ© dans ses limites que celui des LacĂ©dĂ©- rooniens, il y eut par la force des choses des diffĂ©rences si marquĂ©es entre le spartiate , entre l'habitant de la capitale , entre celui du pays, entre celui-ci & les Llotes & les esclaves, ces diffĂ©rences ne sont- elles pas dâune nĂ©cessitĂ© bien plus absolue pour le maintien de la tranquillitĂ© dans une grande nation? Rien ne va, rien ne conduit au bien , si la puissance politique est Ă©galement partagĂ©e entre les diffĂ©rens citoyens. Quand les bras devront faire ce qui est rĂ©servĂ© aux'jambes , la tĂȘte se brisera contre terre , & toute la machine pĂ©rira. Sparte , en distribuant Ă©galement des terres Ă des citoyens, les fit cultiver par des esclaves. Rome en usa de mĂȘme; ie ^07 citoyen romain Ă©toit libre , mais ton t cc joyaux dont elle avoit Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ©e. Si les bornes quâon sâest marquĂ© dans cet ouvrage, permettoient dâexposer ici tout ce qui dĂ©montre incontestablement quâil nâest point de propriĂ©tĂ©s plus respectables que celles du clergĂ© , les personnes les plus persuadĂ©es quâil Ă©toit raisonnable desâemparer des biens de lâĂ©glise , revien- droient Ă sentir que la justice, la politique & lâavantage de lâEtat exigent Ă©galement quâon restitue aux Ă©vĂȘques & aux curĂ©s tout ce qui jfournissoit Ă leur subsistance & ce qui formoit le patrimoine des pauvres ; mais alors on fe retranche- roit fur la nĂ©ceffitĂ© de dĂ©truire les ordres religieux , pour puiser dans leur fortune les ressources dont f Etat a. si indifpensa- biement besoin. 11 est certain quâau premier aspect , les monastĂšres ne paroissent pas offrir ni Ă la religion , ni Ă la sociĂ©tĂ© , les mĂȘmes avantages que ceux qu elle retire du clergĂ© sĂ©culier. Les moines , en apparence , ne font bons quâĂ eux seuls ; un petit nombre desservent les cures ; la majeure partie dâentrâeii'X , reste dans HmĂ©rieur det C *49 5 cloĂźtres; mais eâest peut-ĂȘtre moins la faute des ordres religieux que celle du gouvernement, si depuis long-temps on nâapas tirĂ© de ces cĂ©nobites tout lâavan- tage quâils pou voient offrir. Cependant la situation de la plupart de leurs maisons presentoit dĂ©jĂ un de ces avantages quâou nâa su apprĂ©cier quâaprĂšs la destruction des ordres monastiques. Les villes au- roient encore plus englouti les richesses des campagnes , si des abbayes , dans des vallĂ©es Ă lâĂ©cart des grandes routes, nâeus- sent Ă©tabli des points de consommation qui se trou voient en dĂ©faut par-tout ailleurs, oĂč les riches propriĂ©taires tiroient les revenus de leurs terres, pour allerles dĂ©penser dans les capitales. Quand fut - il plus nĂ©cessaire de sâoecu- per sĂ©rieusement de lâĂ©ducation , quâĂ une Ă©poque oĂč les mĆurs font arrivĂ©es au dernier degrĂ© de perversitĂ© ? Nous avons souvent entendu dire dans la sociĂ©tĂ©, avant que la rĂ©volution nâeĂ»t fait professer lâathĂ©isme, que sâil nây avoit pas de religion, il en faudroit faire une pour K iij le peuple. Aujourdâhui fq raison jk lâex-* pĂ©rience commandent bien plus dĂ©cisi- vement de rappeller les hommes Ă une croyance Ă la fois consolante , & le plus grand frein du vice i. On sentira com-. bien en ce moment il sera difficile de trouver parmi les savans , assez de per> sonnes qui joignent Ă lâart dâenseigner les belles-lettres, ces vrais & purs principes de la religion. Dâailleurs, si comme il faut lâespĂ©rer, il se rencontre des laĂŻcs sages & instruits qui nâaient point donnĂ© , i Rousseau , si souvent citĂ© par nos rĂ©volu- teurs , dit en parlant de lâEvangile â Sa sain- â tetĂ© parle Ă non cĆur ; voyez les livres des ,, philosophes avec toute leur pompe, quâils sont ,, petits prĂšs de celui-lĂ ! Se peut-il qu'un livre â Ă la fois si sublime & si simple , soit lâouvrage â des hommes?. .. OĂč JĂ©sus ayoit-il pris cette â morale Ă©levĂ©e & pure, dont lui seul a donnĂ© â les leçons & lâexemple? .. . Ce nâest pas ainsi â qu on invente ; & les faits de Socrate dont â personne ne doute, sont moins attestĂ©s que â ceux de JĂ©sus-Christ. â Emile, tome III, page 147 & suiy. Ă©dit. de Geneve ,en 1780, 151 ! Ă tĂȘte baissĂ©e , dans les erreurs & les horreurs de la rĂ©volution , le gouvernement aura un tel besoin de ces sujets fi prĂ©cieux Ă retrouver , quâon ne pourra guçres se priver de leurs talens pour lâ tion , & quâon ne les renfermera pas dans lâenceinte des colleges. Asm que ces collĂšges rĂ©pondent Ă ce quâon doit sâen promettre , il faut donc que les instituteurs y soient eux - mĂȘmes contenus par une subordination, & des rĂ©glĂ©s qui ne font bien connues que dans les conventualitĂ©s- Si lâon veut ĂȘtre de bon ne-soi, on ne niera pas que la suppreĂĂŻion des jĂ©suites avoit fait un tort prodigieux Ă renseignement public, parce que les instituteurs qui les ont remplacĂ©s , ne dĂ©pendantpoint dâun ordre, n'ayant point lâamour-propre , ni les mĂ©nagemens que donne lâes- prit de corps, se respecloient beaucoup moins que des religieux. Lorsque ceux-ci se conduisoient mal dans un college , ils n'Ă©toient pas quittes pour lâabandonner ; des punitions les suivoient par - tout oĂč les renvoyoient des supĂ©rieurs quiconser» K iv 15 * VOĂent sur eux une autoritĂ© perpĂ©tuelle. Les colleges qui, aprĂšs la destruction des jĂ©suites , ont obtenu le plus de considĂ©ration , sont prĂ©cisĂ©ment ceux oĂč les professeurs & les rĂ©gens Ă©toient des religieux. Une fois que Tordre se rĂ©tablira , on ne dira plus, comme un Lequinio Qu il ne saut pas jouiller Venseignement public par des opinions religieuses. On ne souffrira plus quâon ose annoncer que le peuple sera le seul Dieu , quâil ne doit pas y en Avoir dâautre i . PensĂ©e barbare autant i Au milieu de toutes les horreurs qui se dĂ©bitent & sc font journellement Ă la commune de Paris, ce rĂ©ceptacle des plus monstrueuses conceptions, un de nos scĂ©lĂ©rats , nommĂ© Chau- mette , a osĂ© dire hautement, & sans contradiction de personne âII faut un jour de repos aux ,, citoyens. II faut un Dimanche ; mais il ne faut ,, pas que le dimanche soit souillĂ© par des su- ,, perstitions. Nous aurons des fĂȘtes fans doute, â mais des fĂȘtes morales. Nous cĂ©lĂ©brerons les â Ă©pouses & les meres ; sur-tout les meres qui â nourrissent leurs enfans. Nous aurons des fĂȘtes ,, civiques; le 10 aoĂ»t, nous aurons un rassenu 153 que folle; pensĂ©e que lâhistoire de toutes les nations ne prĂ©senta jamais. Avant dâĂȘtre Ă©clairĂ©es par les lumiĂšres de lâĂ©van- gile , elles eurent un tel besoin dâadorer un ĂȘtre supĂ©rieur , quâon les vit rendre un culte Ă des dieux qui prĂ©sidĂšrent Ă toutes leurs ĂonĂ©tions. Un homme dâes- prit a dit, en parlant de l'homme Pour avoir des amis, il se crĂ©a des dieux. Sur la cime des monts habita POrĂ©ade ; Tout bois eut ses Sylvains , tout ruisseau fa Nayade. IVT. Bossuet, en parlant de ce penchant Ă rĂ©vĂ©rer des ĂȘtres inconnus, dit, au sujet des peuples idolĂątres , che ÂŁ eux tout Ă©toit Dieu , exceptĂ© Dieu lui-mĂȘme. Mais jamais lâidolĂątrie nâinspira la grotesque fantaisie de transformer en DivinitĂ© des forts de la halle, des poissardes & tous les rassemblemens de bandits. Une fois que la persuasive voix de la raison aura Ă©touffĂ© tous les cris insensĂ©s , profanes â blement, & le peuple fera notre Dieu ; il ns â doit pas yen avoir dâautre. â Moniteur nâ. 1S2, du 11 juin 1793. & coupables , on voudra quâune religion bien entendue rĂ©unisse dans le cĆur des enfans , Ă la piĂ©tĂ© filiale , un respect profond & salutaire pour toutes les autoritĂ©s lĂ©gitimes. A qui pourra-t-on mieux confier ce foin si important, qnâĂ des religieux qui ont rĂ©sistĂ© aux offres trompeuses mais sĂ©duisantes des chefs de la rĂ©volution ? La situation d une grande partie des monastĂšres, & la salubritĂ© de lâair quâon y respire, rendent ces maisons plus propres quâaucune autre habitation Ă y Ă©lever j a jeunesse elle nây retrouvera pas les Ă©cueils quâon a Ă redouter dans les villes. La dĂ©pense des parents y fera toujours moins forte. Les grandes maisons offriront des emplacemens suffisans, pour avoir des Ă©quitations, & tous les Ă©tablĂsse- mens nĂ©cessaires aux exercices des jeunes gens. Câest de cette maniĂ©rĂ© & de toute autre quâon tirera le plus grand parti des monastĂšres , en tournant an profit de lâçtat le dĂ©vouement des ministres de la s 155 1 religion. On peut compter plus que jamais de trouver ce dĂ©vouement dans ceux qui ont si bien prouvĂ© ce que peut fur l'homme la croyance cfiun Dieu. Quels citoyens eurent une marche plus ferme, plus noble & plus consĂ©quente, que la trĂšs-grande majoritĂ© de nos ecclĂ©siastiques Français? Tant quâabusant du nom du roi, lâassem- blĂ©e sâen tint Ă l'injuste envahissement du temporel, le clergĂ© ne sâaffligea que dâĂȘ- tre privĂ© de$ moyens d soulager les pauvres. Ce 11e fut que lorsqu on attenta Ă la puretĂ© du dogme , cc 11e fut que lorsquâ011 exigea un serinent criminel,que nos prĂȘtres dirigĂ©s & fortifiĂ©s parla conduite de cent vingt Ă©vĂȘques , prĂ©fĂ©rĂšrent la persĂ©cution & le martyre , Ă tout ce quâon leur promenois , sâils eussent cessĂ© de penser en ministres du vrai Dieu. 1 1 Lorsque le maire Bailli, sâĂ©tant approchĂ© du curĂ© de Sainte Marguerite , pour exiger la prestation du ferment, eut usĂ© de tout lâart acadĂ©mique, le respectable ecclĂ©siastique lui rĂ©pondit â Vous pouvez rougir ce pavĂ© du sang que â je suis prĂȘt Ă verser, plutĂŽt que de manquey i§6 Un corps qui se conduit ainsi , peut rĂ©pondre victorieusement aux reproches dirigĂ©s contre son esprit de corps ; & ce quâun gouvernement a de mieux Ă faire , est de le laisser concourir volontairement Ă tout ce qui sauvera l'Etat, de la ruine oĂč lâa plongĂ© la fureur des factions. Cependant comme cette fureur a malheureusement atteint un certain nombre de membres de lâancien clergĂ© tant sĂ©culier que rĂ©gulier , il se trouvera plusieurs maisons religieuses quâoti fera dans lâim- poĂĂŻĂŹbilitĂ© ou de completter suffisamment, ou mĂȘme de faire habiter. 11 faudra que ]e clergĂ© sĂ©culier recrute parmi les rĂ©guliers , pour remplir toutes les cures que fera vaquer le renvoi des schĂ©matiques. JParlĂ , le nombre des moines se trouvera ,, Ă mon devoir ; mais vous ne ferez jamais rou. â gir ce front sillonnĂ© par les annĂ©es. â Câest ce mĂȘme Bailli qui, dĂ©concertĂ© par la rĂ©sistance du curĂ© de S. Rocli, lui dit â Si jâĂ©tois â le seul lĂ©gislateur, votre religion nâexisteroit », plus. â *57 considĂ©rablement diminuĂ©, & le clergĂ©, soutenu par le gouvernement , trouvera dans la vente de ces biens , les moyens de seconder les bienfaisantes intentions du souverain. i i Ce sera dans le mĂȘme accord, quâon sâoc- eupera du fore des couvens de filies. Des religieuses dont la conduite nâa pas Ă©tĂ© moins belle, moins courageuse que celle du clergĂ©, veilleront plus attentivement que jamais Ă lâĂ©du'cation de jeunes personnes quâelles Ă©lĂšveront de nraniere Ă en faire des femmes respectables, &de bonnes meres de famille. Si la frayeur de fe lier par des vĆux, empĂȘche Ă lâavenir que ces monastĂšres fe soutiennent ou fe relevent tous, plusieurs peuvent offrir le moyen de multiplier des chapitres , oĂč des chanoinesses Cesseront d'ĂȘtre Ă la charge de parens estimables & pauvres. II y auroit de ces chapitres pour diffĂ©rentes classes 5 mais les filles des nobles dans les uns, celles du tiers-Ă©tat dans les autres, sây verroient soumises Ă une rĂ©glĂ© qui seroit tellement conque & surveillĂ©e, que jamais ces asyles de la religion ne pourroient prĂ©senter un autre degrĂ© de -libertĂ© que celle dont jouit une fille de bien, Ă©levĂ©e sous les yeux dâune mere attentive & pieuse. t 158 Nous ne dissimulerons pas combien lĂĄ restitution des biens enlevĂ©s Ă lâĂ©glife, contrariera lâintĂ©rĂȘt de nombre de particuliers. On fait quâen vertu du dĂ©cret de lâAssemblĂ©e Nationale qui abolit les dixmes, elle fit Un prĂ©sent de soixante & dix millions aux propriĂ©taires laies, & qtiâii y en eut lin dâassez bonne foi pour remercier cette assemblĂ©e de lui avoir donnĂ© trente mille livres de rente dfe plus.; rentes auxquelles il nâavoit aucun droit , puifquâil nâavoit acquis ses possessions , ©u quâil nâen avoit hĂ©ritĂ© quâen raison de ce quâelles Ă©toient grevĂ©es de dixmes mais ces dixmes en mĂȘme temps quâelles fournissoient iâahment du clergĂ© tournoient au soulagement de la nation quâil faudroit imposer au prorata de la somme quâexigeroit le maintien de 1 Ăą religion >- 1 II est difficile de prĂ©voir ce qui remplace- roit la dixme avec moins de gĂȘne pour le contribuable ; cette redevance est certainement la pius proportionnĂ©e aux bienfaits de la nature , k i 59 On porte le nombre des paroisses eii b'rance Ă 44 mille. Lâentretieu des prĂȘtres, fans celui des Ă©vĂȘques , & fans compter les autres frais d u culte, a prĂ©sentĂ© Ă nos prĂ©tendus lĂ©gislateurs une somme de 120,000,000 L. qui les a effrayĂ©s aprĂšs coup. Dans cette circonstance , comme dans bien dâautres , ils ont dĂ©truit fans penser Ă ce quâil y avoit Ă mettre Ă la place de leurs dĂ©molitions. Us fe font crus quittes envers une immense quantitĂ© de citoyens quâils ruinoient, & envers ceux quâils alloient grĂ©ver de charges indispensables , en disant quâils ordonnoient ces abolitions , sauf Ă aviser aux moyens de subvenir ctune autre manien Ă la dĂ©pense du culte divin , Ă l'entretien des minijĂŹres des autels , a u soulagement des pauvres , aux rĂ©parations & reconstructions des Ă©glises, presbytĂšres & d tous les Ă©tablijsemens , sĂ©minaire se paye dans un moment oĂč iâhomme qui recueille cent gerbes, est le plus en Ăicuatiçn d en abandonner dix. Ă Ă res , Ă©coles , collĂšges , hĂŽpitaux , communautĂ©s , dĂ©putĂ©, ce fera nous qui rĂ©pondrons pout â vous. Soyez fans InquiĂ©tude; nous avons der riere nĂŽus des gens qui nous soutiennent, & 5, qui notis soutiendront puissamment. ,, Alors, quelques souverains cruellement abusĂ©s! par des imposteurs, croyoient quâen allant au* devant des fantaisies du peuple, & en com p tank la noblesse & le clergĂ© peur peu de chose , ils fs lĂźvroient Ă une sage mesure , mais fur - tout Ă une spĂ©culation de finance certaine ; il faut espĂ©rer quâils auront ouvert les yeux sor ce faux calcul, fi Suadere principi, quod oporteat, multĂ laboris assentatio ergĂ principem quemeumque , sineaffectuperagitur. 'lacis, hist. lib. i. i8cs mettre quâil retournĂąt Ă son gouverne^ ment dâIrlande , ou de consentir Ă ce quâil allĂąt reprendre le commandement de lâarmĂ©e dans le comtĂ© dâYorck. Charles I, loin de prĂ©voir que son autoritĂ© touihoit de JĂź prĂ©s au terme fatal , lui promit fa pro- tecĂion & C assura que le parlement n oserait pas toucher Ă un seul de fes cheveux. Ă Louis XVI fut de mĂȘme induit en erreur, mais elle Ă©toit bien pardonnable. Quel roi fut plus aimĂ© ? quel roi mĂ©rita mieux de TĂštre! Câest de ce prince quâon peut dire comme Horace le difoit de Quintilius ĂŻhonneur , la bonne foi, soeur incorruptible de lajujlĂŹce , retrouver ont-elles jamais un mortel qui lui ressemble z ? Mais fi son Ă©loge paroiffoit suspect dans un sujet fidele , fit lâon osoit encore penser que ce prince Ășe mĂ©ritĂąt dâĂȘtre louĂ© que du courage quâil montra dans les plus horribles crises, i Hume , tome V, page 25 2 ..Cui pudor& justĂŹtiĂe soror, â Incorrupta iides, nudaque Veritas, ,, QuaudĂČ uiiuni inventent parem ? { Ă8i Ăź {r & quâJi conserva dans ses derniers momens ; alors , pour le mieux juger , quâon se rappelle ce quâun orateur fameux disoit au parlement dâAngleterre Le roi de France s eji dĂ©pouillĂ© d,u fajle & de la pompe de la royautĂ© ; mais il a montĂ© une marine. 11 a rĂ©duit le nombre des personnes de son service ; mais il a augmentĂ© celui de ss vaisseaux. II a retranchĂ© de son Ă©clat personnel ; mais il a donnĂ© Ă la France des forces navales qui immortaliseront son rĂ©gnĂ©. Son peuple devenu grand & formidable sous fa domination , ne gĂ©mit pas fous le fardeau des impĂŽts auxquels il faut ordinairement qu une nation fe soumette pour acquĂ©rir de la grandeur & inspirer de la crainte. VoilĂ de la vraie gloire , voilĂ de la rĂ©putation bien mĂ©ritĂ©e , voilĂ un rĂ©gnĂ© qui peut Ă©lever le nom de i Qui pourroĂŹt oublier, que le 20 juin 1792, lorsquâau moment dâĂȘtre massacrĂ© , il se trouva un grenadier qui, bien intentionnĂ© pour le roi, lui dit " Nâayez pas peur â Louis XVIlui prit la main, la mit fur son cĆur & lui rĂ©pondit â il ne bat pas, il ne craint rien, il est pur M iij 55 182 'Louis XF1 amdejjus mĂȘme du rĂ©gnĂ© fi vante de Henri IF. La France Ă©toit en guerre avec lâAn- gleterre, lorsque M. Burck tenoitce langage. Deux aprĂšs , lâAmĂ©rique con- sacroit un monument Ă la gloire de Louis XVI , & la reconnoiffance gravoit fur lâairain ces mots fi vrais â Optimq RĂ©gi â Ludovico XVI. Dans le mĂȘme temps , une ville de France, oĂč la rĂ©volimon eut depuis ,-le plus sinistre caractĂšre, plaçoit au pied dâune image chĂ©rie , cette inscription ; " A Louis XVI, ĂągĂ© de 26 ans,,. DĂ©jĂ notre roi avoit Ă©tĂ© en Europe f arbitre des plus importantes querelles; dĂ©jĂ il avoit supprimĂ© dans ses domaines toute espece de servitude ; dĂ©jĂ il avoit fait effacer du code criminel tout ce qui se sentoit de la barbarie des siĂ©cles passĂ©s. On a brisĂ© le marbre oĂč se lisoit Louis de son domaine a banni lâesclavage , A IAmĂ©rique , aux mers il rend la libertĂ© , ' i83 Ses loixfont des bienfaits ,fesprojetsfont dâun sages Et la gloire le montre Ă VimmortalitĂ©'. On ne se rappelle plus , que des pauvres secourus dans un cruel hiver par la vigilante bontĂ© du roi, sâunirent pour donner un essor Ă leur gratitude. Ils se porterent en foule au Louvre, ils formerent en un instant un obĂ©lisque immense; bientĂŽt on y vit attacher cet hommage si lĂąchement oubliĂ© Louis , les indigens que ta bontĂ©'protĂ©gĂ© , Ne peuvent tâĂ©lever qu un monument de neige ; Mais il plaĂźt davantage Ă ton cĆur gĂ©nĂ©reux , J fie le marbre payĂ© du pain des malheureux. Cette scene touchante se passoit le 2 r janvier 1784. Qui eĂ»t pensĂ© alors quâĂ pareil jour , neuf ans aprĂšs , tout un peuple verroit en silence , ou encourageroit par des cris fĂ©roces , les meurtriers dâun si bon maĂźtre ? Lorsque lâon considĂ©rĂ©, que LouisXVI nâeut jamais dâautre occupation que celle de rendre ses sujets heureux ; quâil en fut respectĂ© & chĂ©ri, jusquâau moment oĂč M iv 184 des factieux communiquĂšrent leur frĂ©nĂ©sie Ă la nation ; i quel est le souverain qui peut se flatter dĂ©sormais de regner paisiblement, si lâesprit de vertige nâest pas terrassĂ© par la plus grande fermetĂ© ? BientĂŽt on verroit'les peuples & leurs instigateurs remettre en vigueur cette terrible , cette monstrueuse maxime de J. J, Rousseau , lorsquâil dit En tout Ă©tat de catife , un peuple cfl toujours le maĂźtre de changer ses loĂŹx , mĂȘme les meilleures car s il lui plait de Je faire mal Ă lui-mĂȘme , qui ef~ ce qui a le. droit de l'en empĂȘcher ? i â Au milieu du plus beau royaume de â lâunivers , existant avec gloire depuis quatorze â siĂ©cles, se rĂ©unirent cout-Ă -coup cinq ou six â cents pervers, couverts de crimes & de dettes, ,, dĂ©vorĂ©s dâarabition , fans conscience, sans reli- â giort, fans aucune forte de courage, gens in, â connus ou dĂ©shonorĂ©s ; & câest fous leurs pok â gnards quâĂ expirĂ© la monarchie câest par leur â volontĂ© que fe brisent nos autels & sâanĂ©antit , 3 la religion de nos pores. â Câest un dĂ©pute siĂ©geant Ă l'AssemblĂ©e Nationale qui, en 1791, esquissoit les objets quâil avoir fous les yeux, i§5 Le temps nâest pas Ă©loignĂ© , oĂč montant fur le trĂŽne des CĂ©sars , un grand prince trouva dans bien des parties de ses Etats hĂ©rĂ©ditaires, le germe de la rĂ©volution. La constitution avoit de zĂ©lĂ©s partisans dans le Milanois, dans le Tyro! ; elle Ă©chauffa les tĂȘtes des paysans de la Carniole & de la Carinthie. Un orateur de ces paysans osa rappellera son souverain ce qui ctoit dĂ» Ă LĂ©galitĂ© , aux droits de lâhomme & Ă la majestĂ© du peuple. Sans la promptitude & l'habiletĂ© avec; lesquelles rassemblĂ©e de TĂ©mefwar fut créée, la manie constitutionnelle fai- foit des ravages en Hongrie. On la trou- voit dans la harangue dâune dĂ©putation de cinquante - deux personnes par-tout on avoit les yeux ouverts fur ce que vaudroit aux peuples des Pays-Bas leur rĂ©bellion. François II, arrivĂ© au suprĂȘme pouvoir , dans des circonstances moins critiques , eut lâart de rallier tous les cĆurs aux intĂ©rĂȘts de ses couronnes. Mais ce qui rĂ©ussit aujourdâhui , ce qui rĂ©ussit pendant une fuite dâannĂ©es glorieuses, i86 c fl toujours sujet Ă changer dans bien peu de temps, si les peuples ont prĂšs dâeux des exemples de rĂ©voltes impunies ; l i Quâil foie permis dâobferver que, vraisemblablement Dumourier & ses adhĂ©rens nâeussent pas trouvĂ© tant de facilitĂ©s dans ^envahissement des Pays-Bas Autrichiens , fi le gouvernement eut repoussĂ© avec une juste indignation les principes dĂ©mocratiques que renferme!t une adresse prĂ©sentĂ©e en mars 1791. Entrâautres phrases dictĂ©es par lâefprit du moment, on lit " II nous â reste Ă proposer Ă votre MajestĂ©, de mettre fin ,, une bonne fois & de la maniĂ©rĂ© la plus lĂ©gale, ,, Ă tous les abus qui ont pesĂ© jufquâici fur le â peuple. Vous paroisse? jaloux , Sire , de fa con- â fiance ; eh bien , il nây a quâun moyen de lâob- â tenir toute entiere, câest dâinterroger ce peu- â pie, de lui demander Ă lui-mĂȘme quelle est fa volontĂ© , quels font ses dĂ©sirs,,. 11 faut convenir que ce ton avoit Ă©tĂ© provoquĂ© par le souvenir de la dĂ©claration' qui, un an auparavant, portoit ct que le produit des imposi- S tions feroit consommĂ© dans le pays ; que lâar- â niĂ©e prĂȘteroit [ferment au souverain & Ă la â nation ; quâelle ne feroit composĂ©e que de na- 5, tionaux, & ne pourroit ĂȘtre employĂ©e hors â des Pays-Bas ; que lâavancement des grades i87 on ne peut pas constamment entretenir des armĂ©es formidables , on ne peut pas â nâauroit lieu que fur la prĂ©sentation des Etats, â & que ces Etats Ă©toient invitĂ©s Ă imaginer telle- forme quâils voudroient pour lier leur nou- ,, veau souverain & fa postĂ©ritĂ© L est ainsi que le sĂ©ditieux rĂ©sultat du conseil dâEtat,du 27 dĂ©cembre 1788 -> Ă©chausta, Ă©gara les tĂȘtes des François , & leur fit former des demandes qui, d'abfurditĂ©s en absurditĂ©s ont prĂ©cipitĂ© la monarchie, le monarque & couvert de deuil, de malheurs & dâopprobres un vaste & superbe pays. Vraisemblablement les communes du Hainaut nâauroient jamais prĂ©sentĂ© leur adrelfĂš, lĂŹ elles nâeussent pas Ă©tĂ© beaucoup trop instruites de la politique qui existoit encore alors, & qui croyoit quâil y avoit en fin de compte, de grands avantages Ă retirer pour le souverain, de lâhuniiliation des premiers ordres de lâEtat. Câest ce qui se voit clairement dans la lettre Ă©crite Ă ces premiers ordres , le lendemain de lâadresse des communes. " QuelquâillĂ©galement & indĂ©cemment quâait Ă©tĂ© â exprimĂ© hier le vĆu public , il ne peut plus ,, vous ĂȘtre douteux satisfaites - le donc, mef- â sieurs, tandis quâil en est temps encore ; & con- â fiez-vous ĂĄ lâempereur, pour que fa sagesse & i88 toujours saisir le point juste , entre une sĂ©vĂ©ritĂ© & une indulgence trop grande. La mĂ©chancetĂ© est plus vigilante que ceux qui la doivent rĂ©primer , elle saisit un moment favorable, elle atteint son but, alors quâon ne se doutoit pas quâelle y visĂąt. Dans un ouvrage qui parut en 17g t , on lit avec plaisir tout ce qui est rapportĂ© fur le rĂ©gnĂ© de FrĂ©dĂ©ric II, fur ce rĂ©gnĂ© si extraordinaire , fur cet Ă©tonnant gĂ©nie qui crĂ©a une monarchie redoutable qui, comme le Santorin , 1 sâĂ©leva brusquement au milieu des flots irritĂ©s. Le mĂȘme Ă©crivain dit que pur La valeur de ce hĂ©ros , P Etat Prussien ejl un gĂ©ant plein de nerfs , auquel il manque de la chair. II vient de â fa bontĂ© infinie concilient les dĂ©sirs de la na- â tion avec les loix & avec lâorganifation consti- â tutionnelle du pays,,. 1 Les anciens ont Ă©crit que ThĂ©ra, lâancien nom de lâisle Santorin , Ă©toit sortie du sein de la mer , ainsi que Rhodes & DĂ©los. II paroĂźt que câeĂl une fable , mais il nâest pas question dâexaminer çe point dâivĂloire naturelle. iS9 ĂŹ sâapproprier ce qui augmentera beaucoup fa substance. Mais câest dans cette nouvelle acquisition , câest dans les motifs allĂ©guĂ©s pour sâarrondir, que lâon trouve des motifs plus dĂ©cisifs encore pour que la cour de Berlin ne fe montre pas favorable Ă la constitution de 1791. Laissant de cĂŽtĂ© tout ce que lâexcestive libertĂ© que promet cette constitution , offre de contraste avec le rĂ©gime des anciens domaines Prussiens , ne considĂ©rons que ce quâil y a Ă redouter de lâefprit dâindĂ©pen- dance qui a fait des progrĂšs en Pologne. Pourroit-ou-fe flatter que les babitans des pays nouvellement rĂ©unis Ă la Prusse fe rĂ©veilleront par le fait mĂȘme de ces rĂ©unions, avec une autre maniĂ©rĂ© de penser? Nâest il pas au contraire Ă craindre quâen sâunissant Ă une masse oĂč la dĂ©mocratie cherche depuis long-temps Ă sâinsinuer, oĂč elle a mĂȘme fait des progrĂšs , les nouveaux sujets ne corrompent facilement les anciens? EfpĂ©reroit - on Ă la longue que la force militaire parvint toujours Ă rĂ©duire des mouveroens de rĂ©bellion? Le 1 9 ° soldat en France sâengageoit volontaĂre- ment, se croyoit autrefois fort au-dessus du paysan ; enfin il Ă©toit beaucoup plus sĂ©pare de ses compatriotes quâil ne Test en Prusse, oĂč le gouvernement peut obliger tout homme de servir , & de servir pendant toute sa vie. On objectera que lâarmĂ©e Prussienne est; en grande partie formĂ©e dâĂ©trangers enrĂŽlĂ©s par force ; mais câest par cette raison que sâils nâaffectionnent pas le pays oĂč ils servent, on ne peut gueres supposer quâils aiment davantage leurs drapeaux. Lâautre partie de lâarmĂ©e Prussienne est composĂ©e de nationaux qui, en temps de paix , nâont que deux mois de service , & dont les rĂ©gimens font dans les districts , oĂč les dix autres mois ces soldats redeviennent paysans ou ouvriers. Seroit- il bien sĂ»r , dans une rĂ©bellion , de faire marcher de tels hommes contre la ville ou le village qui fournissent les cinq sixiĂšmes de TannĂ©e Ă ieur subsistances & oĂč ils ont tout ce qui peut les attacher Ă la vie ? *9 r LĂ donc plus quâailleurs, le souverain ne doit se promettre une paisible obĂ©issance de ses sujets , que Jorsquâelle aura sa base dans lâopinion ; que lorsque ce sujet ne croira pas fa condition par trop infĂ©rieure Ă celle des autres peuples ; que lorsquâil ne lira pas, que lorsquâil ne se dira pas que son maĂźtre a sanctionnĂ© la rĂ©volte dâune nation , & coopĂ©rĂ© Ă ce quâun roi de France ne fut replacĂ© furie trĂŽne que pour ĂȘtre roi de nom & nullement de fait. Les nouveaux domaines de la maison de Brandebourg i vont recevoir une nouvelle constitution ils ne conserveront point le rĂ©gime quâils avaient fous lâanarchie Bolonaise. Si la constitution Française de 1791 Ă©toit , comme on sa publiĂ©, si sage, si solide, pourquoi ne lâadopteroit-on pas pour le gouvernement de ces acquisitions ? Pourquoi, portant la guerre en France, nâimiteroit-on 1 On en Ă©value la population Ă 1,136,389 Ăąmes. f 9* pas ceux des conquĂ©rans qui adoptaient ce quâils trouvoient de bon chez les peu- p!es vaincus par eux ? Mais non , les princes qui occupent en ce moment les grands trĂŽnes de lâEurope , font trop sages pour vouloir chez eux de la constitution Française de 1791. CâĂ©toitavec les rapsodies dc cette constitution quâ011 avoit administrĂ© la Belgique & la principautĂ© de Liege. La premiĂšre opĂ©ration de fautante lĂ©gitime sut de rappeiler tout Ă lâancien ordre; cependant st les souverains croyoient devoir des Ă©gards aux prĂ©tendus vĆux Ă©mis par la multitude, ils eussent donnĂ© quelquâat- tentĂon Ă toutes ces adresses de remercie- mens, Ă toutes ces demandes de rĂ©union Ă la France , adressĂ©es par les Belges & les LiĂ©geois aux peres conscripts de la convention. On se se roi t rappelle que cette convention avoit dans son sein ces mĂȘmes hommes nagueres les plus zĂ©lĂ©s promoteurs du rĂ©gime constitutionnel. 1 On 1 Plusieurs ctoicnt de lâaĂsemblce constituante. anroit { '9Z tiuroit observĂ© quâune grande partie de§ fĂ©glemcns donnĂ©s par Ăźes conqnĂ©rĂĄns rĂ©- voluteurs , quoique rĂ©digĂ©s par le jacobinisme , tenoient aux principes constitit- tioiinĂšls de 179t. On ne sâest pas arrĂȘtĂ© Ă d'austĂŹ misĂ©rables considĂ©rations , parĂ©e quâencore une fois , il nâest pas de prince assez ennemi de son peuple, assez indiffĂ©rent sur la dignitĂ© & la conservation de sa couronne » pour vouloir cheĂĄ lui une constitution qui ne donna pas un instant de bonheuf Ă la Franéë; enfi n , une machine dant le jeĂ»na jamais rĂ©joui C Ćil de fĂ©s aftisans , parcs qu elle n'a jamdis marchĂ© un seul jour \ qui ria pu assurer la vie ni les propriĂ©tĂ©s de perm sonne, 1 qui a fait des milliers dâitl- fortunĂ©s , & qui a rendu le Français atrĂŽ* ce & rĂ©gicide. La maniĂ©rĂ© dont lâAngleterre a repoussĂ© toute fraternitĂ© avec nos rĂ©voluteurs t lâaccueil fait aux Ă©migrĂ©s & Ă nos vertueux ecclĂ©siastiques, tout nous promet qu'une 1. De la viede M. De la Fayette , pat JVL de Rivaie!. N f 194 Ăź nation qui vient de se montrer auffi gran» de, auffi sensible, auffi gĂ©nĂ©reuse, nâĂ©- coutera jamais aucune proposition dâhom- mes rebelles & perfides, dâhommes in- fracteurs des loix divines & humaines. Le cabinet de S. James , aujourdâhui si distinguĂ© par ses lumiĂšres, sentira toute fimportance du rĂ©tablissement de la royautĂ© en France, & combien il estdelâintĂ©- tĂ©rĂȘt du gouvernement Britannique que rien de semblable Ă la constitution de T791 , ne sâĂ©tablisse dans un Ă©tat si voisin de lâAngleterre. - Sans doute , Rousseau a poussĂ© les choses beaucoup trop loin , en disant Lepeu- pfe-Anglais pense ĂȘtre libre , il j'e trompe fort ; il ne r r fl que durant FĂ©lection des vtembres du parlement. SitĂŽt quâils font Ă©lus , il efl esclave. 11 rĂtfĂŹ rien dans les courts momens de fa libertĂ© ; Fus Ăąge qu il en fait, mĂ©rite lien qu il la perde. Des hommes dont le jqgement est respectable ont avancĂ© que le gouvernement Anglais Ă©toit le chef- d'Ćuvre de lâĂšsprit humain. Dâautres , dans des Ă©crits sagement raisonnĂ©s, ont C 195 prĂ©tendu que si les pouvoirs distincts res- toient daĂșs le quadre que leur affigne la constitution , ils sây clioqueroient perpĂ©tuellement en masse; que rarement rĂ©Ăul- teroit-il des mesures Ă©nergiques & utiles de cette lutte ; & quâelĂŹe nâest avantageuse quâau moyen de ce q u'avec une adresse infinie , l'un des pouvoirs se rend maĂźtre des autres. Moins tranchans dans nos opinions , nous ne dĂ©ciderons pas Ăi la constitution Anglaise est auffi bonne en elle - mĂȘme , qu'elle est habilement maniĂ©e par qui sont au timon des affaires , & particuliĂšrement dans ce moment- ci; mais toujours est-il vrai que, lâAnglais en gĂ©nĂ©ral, croit plus Ă fa libertĂ© quâil ne la raisonne, & quâil souffriroit impatiemment quâun peuple , avec lequel il doit avoir des rapports si journaliers & si immĂ©diats , parut plus libre que lui. Le roi dâAngleterre peut dissoudre sonâ parlement, lorsquâil juge cette mesure nĂ©cessaire. La constitution Française de 1791 , porte que Le corps lĂ©gislatif ne pourra N ij r 96 ĂȘtre dijsous i . La constitution Française annulle toute distinction ; il nâest pas de pays au monde oĂč les ordres soient plus sĂ©parĂ©s quâen Angleterre , en Ecosse & en Irlande. Les seigneurs dâĂcosse ont des droits qui approchent de ceux de la souverainetĂ© ; il y a une distance, Ă©norme entre les Pairs des trois royaumes & la noblesse non titrĂ©e. La constitution de 1791 a rĂ©duit le clergĂ© qui a jurĂ© ses dĂ©crets, Ă des gages trĂšs - prĂ©caires ; le clergĂ© dâAngleterre & dâIrlande possede des propriĂ©tĂ©s, des revenus propres Ă soutenir sa grande existence , & son influence dans le gouvernement. Combien ces richesses & celles des Pairs , combien la primatie hĂ©rĂ©ditaire de ceux-ci ne prĂȘtent-elle pas Ă la jalousie de tout le reste des citoyens ! Combien ne sâest-on pas dĂ©jĂ plaint des vices, vrais ou supposĂ©s dans la reprĂ©sentation parlementaire ! Bien des gens se rappellent ce ĂȘ terrible bon mot de Walpole , lorsquâil se vanta dâavoir dans son porte - feuille , le si Art. V, chapa. i97 tarif de toutes les probitĂ©s de lâAngle* terre. de mois se sont Ă©coulĂ©s depuis quâun membre des communes , attaquant cette reprĂ©sentation dit , en parlant du bourg dâOldsarum Que devenu dĂ©sert , ÂŁ herbe couvrait ses rues ; & que fa feule f abri- queĂ©toit une mauujaclure de membres du parlement ! Combien lâIrlĂĄnde nâa-t-elle pas mĂ©ritĂ© lâattention du ministĂšre Anglais , fur une isle oĂč les deux tiers des habitans professent une autre religion que celle de lâEtat, & oĂč ces habitans exclus de toutes charges, de tout emploi, doivent par lĂ mĂȘme ĂȘtre enclins pour une constitution dĂ©mocratique , qui Ă©tablissant dâabord la mĂȘme confusion quâen France, les rendroient susceptibles de ces charges, de ces emplois. On rĂ©pondra fans doute que la conduite aussi sage que vigoureuse du roi & des chefs de lâadministration en Angleterre , a contenu la malveillance dans des temps bien difficiles. Ce font de grandes victoires remportĂ©es , mais on nâest pas sĂ»r dâavoir toujours de semblables succĂšs, N iij 198 lorsquâon est sans cesse en prĂ©sence dân n ennemi qui ne peut cesser dâĂiy&y intĂ©rĂȘt Ă vous attaquer. Les troubles du rĂ©gnĂ© dâEdouard II, les sombres folies de Wtclef, les funestes diffĂ©rĂ©es des partis de la Rose Blanche & de la Rose Rouge , les haines des Tor- rys & des Whgs, des PĂ©titionner* & des Abhorrers , des Jacobrtes & des Hanovriens , cauferent des maux Ă F Angleterre , dont fa sagesse lui fera soigneusement empĂȘcher le retour. Cependant cette sagesse pourroit enfin ĂȘtre en dĂ©faut, si de nouvelles tentatives plus secrettes , mieux combinĂ©es , Ă©toient rĂ©itĂ©rĂ©es par les Propagandistes du continent. Combien ne sâapperçnt-on pas Ă la mort du docteur Price , des progrĂšs que ces ennemis du genre humain a voient faits ! II fut prononcĂ© nombre d'Oraisons funĂšbres , oĂč les principes de la libertĂ© illimitĂ©e percĂšrent de la maniĂ©rĂ© la plus hardie. On les vit alors adoptĂ©s par des personnes quâon nâavoit pas cru entichĂ©es] de ces pernicieuses maximes. C 199 ĂŹ Ce fut dans ]e mĂȘrae temps quâun des chefs de lâOpposition, fit sans doute violence Ă ses vrais sentimens , en se permettant de dire Que la consitution rĂ©digĂ©e par [AssemblĂ©e Nationale, Ă©to'u le clos d'oeuvre delĂ vertu & de VintĂ©gritĂ© humaine. La dĂ©mocratie est de toutes Jes opinions, celle qui a le plus de sophismes Ă prĂ©senter pour faire des prose]ites. La dĂ©mocratie Française est & sera une peste qui forcera toutes les lignes de sĂ©paration ; qui troublant par-tout lâordre , sera pĂ©nĂ©trer par tout sa contagion , si lâon ne guĂ©rit le mal dans le heu mĂȘme oĂč il a pris. naissance ,si lâon nâen extirpe pas la racine. LâAngleterre ne seroit pas arrivĂ©e au degrĂ© de splendeur oĂč elle se trouve , sans les efforts quâelle eut Ă faire pour sâĂ©lever contre la rivalitĂ© de la France. Elle ne doit pas perdre de vue que la. destrnĂ©lion de Carthage fut une des premiĂšres causes de la dĂ©cadence de Rome. Cette rivalitĂ© entre les deux pays sĂ©parĂ©s par le canal de la Manche , rivalitĂ© quâun fiecle de calme & de bon gouvernement N iv 200 Ăźle parvĂŹendroit pas Ă faire reprendre Ă Ja France , offriroit moins de danger Ă lâAngleterre que celui quâelle trouverait dans son intĂ©rieur, si la fureur dĂ©mocratique Ă©toit encouragĂ©e par rĂ©tablissement de la constitution de 1791. Non, elle ne le fera pas, malgrĂ© tous les efforts des factieux; ils n'induiront pas en erreur le cabinet de St. James ; son ambassadeur Ă la Haye a montrĂ© trop hautement les fentimens de lâAngletcrie fur la rĂ©volution française ll rĂy a pas encore quatre-, ans , dit milord Auckland dans un mĂ©moire aux Etats-GĂ©nĂ©raux , que quelques malheureux se qualifiant du nom de philoso- phes , ont eu la prĂ©somption de se croire capables dâĂ©tablir un nouveau syfiĂȘme de sociĂ©tĂ© civile. A fin de rĂ©aliser ce rĂȘve de leur vanitĂ© , il leur a fallu bouleverser & dĂ©truire toutes les notions reçues de subordination , de moeurs & de religion , qui ont fait jujqiiicĂŹ la sĂ»retĂ© , le bonheur & la consolation du genre humain, heurs projets de defiruciion nont que trop rĂ©ussi ; mais les effets du nouveau syfiĂȘme quils ont voulu introduire ri ont servi qu Ă 2Ol Remontrer lâineptie & la scĂ©lĂšratejje des auteurs. Les Ă©vĂ©nemens qui Je font fi rapidement succĂ©dĂ©s depuis lors , surpassent en atrocitĂ© tout ce qui a jamais fouillĂ© la page de thifloire. Ce tableau nâest pas fait par un de ces hommes qui parlent fans rĂ©flĂ©chir. Câest lâexpreĂlion Ă©nergique & fidele dâun ministre dont le mĂ©rite est connu , dâun ministre qui, bien instruit des intentions de son souverain , les manifesta de maniĂ©rĂ© Ă ce quâelles rĂ©veillassent lâattention de lâEurope , & quâelles fussent une nouvelle preuve de lâintĂ©rĂȘt que George III prit au fort du feu roi & de fa famille. iNous remarquerons encore que milord Aukland ne fait pas porter fa juste indignation fur les seuls jacobins ; il ne sâat- tache pas aux rĂ©sultats, il remonte' aux causes; & câest Ă tous les rebelles, fous quelques dĂ©nominations quâils fe soient montrĂ©s, quâil dĂ©clare la guerre. La gloire du mĂȘme nom , les souvenirs des obstacles Ă surmonter pour placer Philippe V sur le trĂŽne dâEspagne , mieux que toutes ces considĂ©rations encore , 202 FĂ©lĂ©vation des senti me us de fa majestĂ© catholique , assurent Ă notre jeune roi le vĆu & les efforts de la cour de Madrid. Le descendant de Louis XIV ne dira pas au fils de Louis XVI â Mon ame , Ă ma grandeur toute entiers attachĂ©e , M Des intĂ©rĂȘts du sang est solidement touchĂ©e. Charles IV contribuera Ă rĂ©tablir non une royautĂ© constitutionnelle, mais cette noble & antique monarchie, dont tous les princes de la maison de Bourbon partagĂšrent les avantages. Quelquefois de cruelles raisons politiques forcerent les souverains Ă paroĂźtre insensibles aux malheurs de leurs plus proches parens ; mais ici lâintĂ©rĂȘt de FEs- pagne , lâamour de son roi pour son peuple , secondent Ă Fenvi f horreur que doit inspirer Ă sa majestĂ© catholique la constitution de 1791. Quel ravage ne se roi t- elle pas fous un climat brĂ»lant, si elle attaquoit Ă la fois Finquisition , les richesses du clergĂ© , les RĂŹcos hombres , les grands dc toutes les classes, & les Hidalgos ! De- 203 puis 1713 , le gouvernement fut se dĂ©barrasser des prĂ©tentions des assemblĂ©es du royaume, nommĂ©es Las - Cor tes ; mais elles rcnaĂŹtroient, si nos propagandiĂĂŹes croyoient utile Ă leurs vues de les remuer, & si leurs succĂšs en France invitoient an soulĂšvement, & le Catalan qui sut si difficile Ă tranquilliser , & le fier Arragonois qui regrette de -savoir plus que le stĂ©rile plaisir de dire quelquefois Ă son roi Nous qui valons autant que vous , & qui pouvons plus que vous , nous vous saisons notre roi , Ă condition que vous conserver nos privilĂšges JĂŹnon , non. Une formule auffĂź hautaine ne signifie rien dans un temps calme 4 mais elle peut ĂȘtre lâĂ©tin- celle qui allume un grand incendie , quand le vent de la rĂ©bellion souffle sur tout lâunivers. L'Efpagne nâayant de contact avec le reste de 1 Europe que par la chaĂźne des PyrĂ©nĂ©es , pourroit ĂȘtre dĂ©solĂ©e par toutes les horreurs des systĂšmes modernes, fans quâaucune puissance du continent fĂ»t Ă mĂȘme de soutenir ou de venger les 204 Ăź droits de la couronne de Castille. On fait quâon ne vient pas austi facilement Ă bout dâune nation rĂ©voltĂ©e , en ne pouvant sâen approcher que par des flottes & des troupes de dĂ©barquement, que lorsquâon peut faire marcher des armĂ©es de terre; & la France, dĂ©mocratisĂ©e par la constitution , fermeroit autant quâelle lepour- roic, tous les passages aux armĂ©es des autres souverains. Lâon ne fau roi t en mĂȘme temps fe dissimuler que les malheurs auxquels lâefprit de rĂ©bellion exposerait lâEspagne , feraient vraisemblablement aggravĂ©s par la prompte insurrection de ses sujets dans le nouveau monde. Si la monstrueuse constitution de 1791 se rele- voit du coup que lui ont portĂ© les jacobins & les anarchistes, elle forcerait certainement son pouvoir exĂ©cutif dâĂ©viter toute union avec la branche dâun arbre que les dĂ©mocrates veulent finir par dĂ©raciner. Combien les impostures de nos factieux nâavoient-elles pas dĂ©jĂ fait de ravages , & induit en erreur des hommes 25 qui , honorĂ©s de la confiance dâun grand monarque , devroient ĂȘtre dâautant plus fur leurs gardes ! Combien nâa-t-il pas Ă©tĂ© affligeant de lire dans une lettre du chargĂ© des affaires dâEspagne au rebelle Le Brun, au prĂ©tendu ministre de la prĂ©tendue rĂ©publique Que fil des changemens dans des injlituĂčons politiques affranchiffent un pays de Cantique refipecĂ qĂčil crut devoir Ă fies rois, nulle rĂ©volution ne piut affranchir Us Ăąmes honnĂȘtes du refipecĂ quelles doivent Ă la douleur & Ă C infortune ! CâĂ©toĂt sans doute une intention honnĂȘte , mais bien peu rĂ©flĂ©chie , qui dicta & cette phrase , & tout lâĂ©crit oĂč elle se trouve. Son auteur ne sentit pas Ă quel point ses expressions, tout en blĂąmant les excĂšs , sembloicnt justifier le principe de la rĂ©bellion qui dĂ©trĂŽna Louis XVI; & câest le ministre dâun roi qui tient ce foible , cet extraordinaire langage ! On voit ce quâavoient produit des liaisons avec les philosophes de la trempe dâun Condorcet; on voit ce que pouvoient produire ces trop longs mĂ©nagemens pour des scĂ©lĂ©rats avec les- { 20Ă quels toutes les cours eussent dĂ» rompre toute communication , du moment oĂč il fut Ă©vident que Louis XVI nâavoit plus la liberte de faire connoĂźtre ses intentions. Liais nous retrouvons avec satisfaction la grandeur d ame Castillane & les vrais senti mens de la cour de IVIadrid , dans la dĂ©claration du gĂ©nĂ©ral Ricardos. i j Lions chercherions vainement parmi les autres puissances de lâEurope quelles scroient celles qui delireroient que la constitution de 1791 se rĂ©tablit. Seroit- ce la RuiĂŹie ? La conduite de Catherine II 11âa pas cessĂ© dâannoncer depuis notre rĂ©volution , combien fa grande ame Ă©toit indignĂ©e de ce qui se passoit en France. Seroit-ce la Sucde ? Le rĂ©gent qui la gouverne fait ce qu il doit aux mĂąnes de Gustave JII ; chaque jour il voit du palais quâil habite, le lieu oĂč un malheureux SuĂ©dois , incitĂ© par la propagande , asiaĂlĂŹua Ion souverain. 1' ;\u quartier-g ĂnĂ©ral de Ceret en Ruiissibon, le ; niai 179 Ăź. { 207 Seroit- ce Je Dannemarck ? IJ nâefĂŹ pas aisĂ© de penser quâun prince absolu voulĂ»t encourager ses sujets Ă saisir la premiĂšre occasion de lui enlever son pouvoir. Ce ne seroit pas davantage la Porte, ni le Portugal, ni les souverains dâItalie , ni le Corps HelvĂ©tique ; toutes ces puissances avoient Ă se louer de leurs rapports avec les rois de France; quelques-unes dâen- trâelles nâont Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©es que depuis que ce royaume a cessĂ© dâĂȘtre soumis Ă lâautoritĂ© de Louis XVI. Depuis la fondation de la monarchie , jusquâĂ la rĂ©bellion de lâAssemblĂ©e Nationale , jamais aucuns miniĂ»res des rois de France nâauroient osĂ© mettre sous les yeux de ces princes , un plan de conduite semblable Ă celui que le dĂ©putĂ© Duport lut, le 2t mai 1790, au comitĂ© de la propagande. AprĂšs avoir applaudi avec iVlirabeau Ă 1 heureuse rĂ©volution de ĂŻ rance , qui sera pour tous les peupLs le rĂ©veil. de La LibertĂ© , & pour les rois Lc de La mort , on y examine les moyens d'occuper ces rois dâuue maniĂ©rĂ© si active 20 8 cliez eux , quâil ne leur soit pas possible de songer Ă troubler le grand Ćuvre des Français. Mais commençant par ce qui Ă©toit le plus Ă la portĂ©e de ces rĂ©gĂ©nĂ©rateurs universels , on convient dâĂ©lever la Suisse aux hauteurs de la raison , d'ou ton ries Ă©tonnĂ© par aucun spectacle , ou lâon nâest affaibli par aucun ascendant , oĂč ton nef subjuguĂ© par aucun empire; i câest- Ă -dire, oĂč lâon nâest retenu par aucune biensĂ©ance, oĂč ne prenant pour guide qu'une excessive ambition , on est dĂ©terminĂ© Ă renverser tout ce qui lui prĂ©senterait quelquâentrave. Mais lisons attentivement lâartiele du Corps HelvĂ©tique, La Suisse offre plus dâob fades que dâautreS contrĂ©es , parce que tarifocratie rend le peuplĂ© heureux dans certains cantons ; cependant il importe qu ils deviennent tous dĂ©mocrates. 2 C'ef par Lucerne ou Fribourg qu il faut com - 1 Phrases ampoulĂ©es dâun autre de ces esprits inquiets qui nous ont fait tant de mal. al le bonheur du peuple ne dĂ©voie ĂȘtre comptĂ© pour rien. mencer f 309 mencer vigoureusement, 6- non par le redou* table canton de Berne. 11 ne faut pas cependant le nĂ©gliger, tant s'en faut ; mais ce ri efi pas le pays allemand qriil faut chercher Ă sĂ©duire, dĂ©fi le pays conquis , le Pays- de-Vaud l'ouvrage qu on nous a lu Ă cet Ă©gard efi un bon germe ; peut - ĂȘtre faut - il attendre avant de le semer, f II efi quelques dĂ©tails inexacts dans t entreprise du Major.... & dans fa tyrannique exĂ©cution ; ils font dĂ©crits d'une maniĂ©rĂ© plus touchante dans un ouvrage que jâai , att sujet du Consensus requis , en 1 ^ 24 , pour l Etat de BernĂ© je prĂȘterai cet Ă©crit Ă V auteur de C Avis Ă rHelvĂ©tiĂ© . Berne a commis de grandes atrocitĂ©s en rjgc ; il faut les dĂ©voiler . Mais , je le rĂ©pete , Berne doit suivre le fort des autres cantons arifiocratiques ; Berne ne pourra rĂ©sister Ă Vimpulsion totale , mais il faut diriger ses 2 On ne seme pas un germe ; ce qui est semĂ© germe ensuite ; mais nos factieux ne se font pas piquĂ©s de plus de correction dans leur style que dans leur conduite. O i lĂ efforts fur Luceme & FriĂourg ; tout y ejĂ dispofL Câest ainsi que sous lĂ© rĂ©gime de la constitution , des perturbateurs du repos de la France, verdoient que dâun pĂŽle Ă Ăâautre leurs monstrueux systĂšmes bouleversassent tout i . Câest ainsi quâils mĂ©* diterent de longue main les crimes quâon leur lai'Ta commettre, parce quâon ne i C'est ainsi quâils prĂ©paroient la ruine dâune nation i long-temps lâalliĂ©'e de la France, & qui dejĂ travaillĂ©e par iâaffreux art de nos factieux , sâest peut - ĂȘtre trop livrĂ©e Ă des sĂ©ductions & Ă un engourdissement dont les suites pourroient lui ĂȘtre funestes. En Voyant les Suisses Ă Sem'pacb, Ă Morgarten, repousser avec tant d'intrĂ©piditĂ© les attaques dâun ennemi fi puissant , mais qui leur faisoit une franche guerre , on est surpris de les trouver indĂ©cis , si circonspects envers des perfides qui, sous le prĂ©texte dâune alliance fĂŹ ouvertement violĂ©e , leur ont fait les insultes sis plus sanglantes. Ah ! ces bons Suisses nous rĂ©duiroieut-ils Ă rĂ©pĂ©ter en parlant dâeux,ce quâen disoit'Tacite OĂŹim armis uirifque. , mox memoriĂą nominis , clari. f Lir s ^ ^ ^ pĂČĂčvoit se persuader quâils arrivassent Ă ĂŹeurs fins. On rioit, en 179O, de la ridicule motion tendant Ă faire quitter au roi le nom de Bourbon , pour lui donner celui de Louis Capet. Quelques mois auparavant, on mĂ©prisoit le passage dâun journal autorisĂ© par iâAssemblĂ©e Nationale , oĂč sauteur dit Tout prince Ă©tranger qui vient se mĂȘler des affaires domefĂŹiques dĂ© une nation , ne mĂ©rite- 1 -il pas la mort? Ne viole t-il pas le droit des gens ? Nâattaque- t-il pas la vie , la libertĂ© de chaque individu qui compose cette nation ? Et chacun de cesâ individus n est il pas fondĂ© Ă lui rendre guerre pour guerre, & Ă le repousser , soit Ă force ouverte avec toute la nation , ou seul par ruse & par adresse ? Quâarriva t-il ? On ne tarda pas Ă apprendre la mort de deux tĂȘtes couronnĂ©es 1 ; depuis , se forma la lĂ©gion des x Anckarstrom, le meurtrier de Gustave III > avoit dans ses papiers trois lettres trĂšs - signifiantes, du club des jacobins. Carra dit dans une feuille publique, en mars 1792, que lâem* O ij 27 2 tyrannicĂŹdes. Lâhorreur publique en fĂi tomber la dĂ©nomination ; mais la fameuse Montagne de la convention ne prit ce nom quâen mĂ©moire de ces trop cĂ©lĂ©brĂ©s assassins qui , fous lâaiitoritĂ© dâun chef nommĂ© lâancien ou le vieux de la montagne , nourrissaient des jeunes gens quâils en- voyoient de PhĂ©nicie,immolerauloin tout ce qui leur faĂŹfoit ombrage. Aujourdâhui Ăźe combat est devenu un combat Ă mort entre les rĂ©gicides de Louis XVI & tous les rois. ObservĂ©s par leurs peuples , en butte Ă tous les artifices de leurs affreux ennemis , les souverains sâexposent Ă mille embarras, ils se creusent des abymes dont la profondeur est incalculable, sâil reste pereur Ă©toit mort pour avoir avalĂ© un jacobin quâil nâavoitpu digĂ©rer, quâil falloit espĂ©rer quâil en seroit bientĂŽt de mĂȘme des autres souverains. PĂ©thion, dans le mĂȘme temps, osa dire publiquement quâiĂ falloit se desaire dâune des premieres tĂȘtes couronnĂ©es. Mais les scĂ©lĂ©ratesses perdent de leur activitĂ© Ă mesure que ces souverains se montrent dĂ©terminĂ©s Ă extirper la race des factieux- 2t3 une seule tcte de lâhydre. Si cette tĂȘte est la constitution , elle jettera au-dehors de la France son venin. On peut mĂȘme dire quâaujourdâhui, ce venin est plus Ă craindre pour les princes les mieux astis fur le trĂŽne , que pour notre infortunĂ©e maison royale dont l'Ă©tat est tellement cruel quâil ne sauroit empirer. Si Louis XVII pouvoit jamais ĂȘtre abandonnĂ© parles puissances , une contre- rĂ©volution inĂ©vitable termineroit enfin des malheurs dont il ne connoĂźt pas encore toute lâĂ©tendue. Des vengeurs, excitĂ©s par tout ce qui Ă©leve lâhomme au-dessus de lui-mĂȘme, sortiroient comme ils le font dĂ©jĂ de toutes les parties de la F rance. Ils fonderoient les armes Ă la main, un nouveau trĂŽne fur les dĂ©bris de lâĂ©chaf- faud de Louis XVI. Pendant ce temps, lâunivers Ă©tonnĂ© du peu dâintĂ©rĂȘt que ses maĂźtres auroient pris au fort du fils de tant de rois, verroit tous les germes dâinsubor- dination se dĂ©velopper contre des princes insoucians. La reine de France dont la place est Ă O iij 214 jamais marquĂ©e dans lâhistoire , cette princesse dont le courage confondit la barbarie dâun peuple furieux , dont la magnanimitĂ© changea ra n t de fois cn vĂ©nĂ©ration la rage dâune multitude Ă©garĂ©e, dont on a dit avec tant de justesse Que s'il fallut Ă ses ennemis des crimes , des conjurations & de longues pratques pour la faire, affrffner , il ne fallut Ă elle qu'un moment pour fe f tire admirer ; enfin lâauguste IYIarie- Antoinette, dont tant de malheurs nâont pu affoiblir Tanne , verroit ses vertus triompher encore de la mĂ©chancetĂ© de ses geĂŽliers. Nos princes si dignes de lâappui des puissances , par leur amour pour le feu roi, par leur tendre sollicitude pour le roi leur neveu, par leur invariable attachement aux principes de la monarchie, nos princes que nuls dangers nâont Ă©tonnĂ©s , que nuls obstacles nâont affoiblis , nos .princes qui nâauroient jamais eu dâennemis , sâil nâeut pas fallu les comprendre dans ĂŹe systcme destructeur du trĂŽne , peuvent , quelque soja, leur destin, ĂȘtre 21A bien sĂ»rs de trouver dans les respects de tous ies bons Français , la rĂ©compense de leur courage , & le tribut de laplusjuĂle recotiuoi fiance. La sĆur de Louis XVI sâest Ă©levĂ© des autels dans tous les cĆurs vertueux. On iâimpiorera lorsque la laĂlĂŹtude & lâeftroi du crime laissera percer la voix des gens de bien. II» s'aideront de la clĂ©mence des trois princesses que renferme le Temple , pour sauver Paris dune ruine totale. IVlais tandis que le temps & les divisions de nos persĂ©cuteurs ameneroient un ordre de choses moins insoutenable que lâanar- chie , quelle .seroit la suite des tentatives trop promptement interrompues par les princes coalisĂ©s? Osons le rĂ©pĂ©ter encore, il n'en exiĂĂŹeroit plus qui pussent raisonnablement se promettre de transmettre leur sceptre Ă leur fils ; chaque prince couchant devroit craindre dâĂštre rĂ©veillĂ© par la rĂ©bellion qui ie destitueroit. BientĂŽt on verroit, comme fous le Bas Empire , les gĂ©nĂ©raux dâarmĂ©e sâemp.'iraiit du suprĂȘme pouvoir, rĂ©gner quelque temps O iv l 216 jusqu'Ă ce quâune soldatesque mutinĂ©e par un autre ambitieux, arrachĂąt Ă lâusur- pateur lâautoritĂ© & la vie. Galba rĂ©gnoit encore , lorsquâun bas-officicr & un soldat proclamĂšrent Othon. Ainsi tous les souverains du monde pour sâĂȘtre laissĂ© dĂ©tourner par de lĂąches conseils du plus majeur de leurs intĂ©rĂȘts, se verroient bientĂŽt persĂ©cutĂ©s de toutes les maniĂ©rĂ©s par les sectes des philosophes nivelleurs. BientĂŽt ces princes connoi- troient jusques dans lâintĂ©rieur de leur palais , jusques dans lâapparent calme de leurs nuits , toutes les inquiĂ©tudes , tous ces noirs soucis qui firent payer si cher Ă Cromwel, f affreux plaisir d'avoir dĂ©gradĂ© la royautĂ©. Ah ! cessons de craindre quâil y ait en ce moment un seul ministre, un seul conseiller assez dĂ©pourvu de raison , pour oser proposer Ă son maĂźtre dâabandonner une cause que , dĂšs la fin de 1789 , George III dĂ©clara ĂȘtre celle de tous les rois. II nâen est pas un en ce moment, que 217 leurs sujets nâĂ©levassent au trĂŽne , si le droit de leur naissance ne les y eut placĂ©s. Ils ont tous Ă©tĂ© contemporains du prince quâils pleurent & quâils sauront venger. Les malheurs de la maison de Bourbon ne datent pas de ces Ă©poques reculĂ©es qui perdent par le temps , de leur grand intĂ©rĂȘt. Les bons Français portent encore le deuil du roi martyrisĂ©, & dont les vertus seront Ă jamais lâobjetde leurs regrets & de leur culte. Le petit - fils de Marie - ThĂ©rĂšse qui re- leve TĂ©clat de mille qualitĂ©s brillantes , par la sensibilitĂ© de son cĆur , semble avoir dirigĂ© toutes ses pensĂ©es , tous ses regards , vers cette tour du Temple oĂč son sang uni Ă celui des Bourbons , souffre toutes les horreurs de la plus barbare captivitĂ© , oĂč les mĂȘmes gens qui firent un crime Ă la reine dâavoir pleurĂ© Joseph II, conservent la triste mais courageuse vie de cette princesse i , On voir aux O Quia pejjirnus quijque diffidcntĂŹĂą pr&~ J'cntium nuitationempavens , advershspubiicuni odium, privĂątarn gratiam prajiarat. Tacite. { 218 effort? prodigieux de la cour de Vienne, on voit dans lâactivĂŹtĂ© de ses gĂ©nĂ©raux , que leur souverain compte pour perdu cliaque jour qui peut retarder celui oĂč lu reine & le roi de France verront briser dâodĂźeux verroux. LâĂ©leve d u grand FrĂ©dĂ©ric, celui quâil annonça comme devant recommencer son rĂ©gnĂ© , prĂ©fĂ©rĂ© Ă ses palais , aux plaisirs de fa capitale , les fatigues, les dangers d une guerre dont lâobet est fi juste, dont les rĂ©sultats feront si glorieux & si raĂĂurans pour toutes les autoritĂ©s lĂ©gitimes. Des bords de la Neva juqu a ceux du Tage , des extrĂ©mitĂ©s des HĂ©brides jusqu aux rives duPĂŽ, rives pendant longtemps si paisibles , tous les souverains font marcher de nombreux bataillons. Les Bottes dâAngleterre & dâEspague voient arriver au milieu d elles ce pavillon de Catherine II, qui flotta avec tant de gloire dans toutes les mers connues. La conduite , la fermetĂ© de Pie VI rappellent le courage & la sagesse de S. LĂ©on , si justement surnommĂ© le Grand. Ce qui l 219 rfĂ©toit quâune rĂȘverie en sortant du eer- veau de FabbĂ© de S, Pierre , ce syĂlĂȘme dâunion intime de toutes les puissances de FFurope ; aujourdâhui , un profond sentiment dâhonneur une indignation Ă©galement profonde vont le rĂ©aliser. La France nâen rompra pas FunitĂ© , car ce nâest pas la France quâon attaque. La France nâest plus quâoĂč font les sujets fidĂšles. Les royalistes se joignent, se joindront Ă tout ce qui se fera pour rendre Ă Louis XVII le trĂŽne de ses peres. Le cri, { ce cri si douloureux! ce dernier accent de Louis XVI retentit dans tous les cĆurs ; il est le signal du plus noble ralliement, du ralliement le plus essentiel au repos, an bonheur du genre humain ; toutes les peines , tous les travaux fe supportent fans murmure , lorsquâon se dit que leur objet est de purger la terre des monstres qui la dĂ©solent & qui la dĂ©shonorent. Si chaque Français vertueux a le devoir de consoler les mĂąnes de quelquâobjet chĂ©ri , chaque souverain Ă©prouve sĂ»rement le mĂȘme sentiment pour Louis XVI» 220 pour cet auguste descendant dâunerace,' dâoĂč sortirent la plupart des maisons , qui font aujourdâhui fur divers trĂŽnes de lâEu- rope ; chaque roi sentit son sang bouillonner en mĂ©ditant sur la longue sĂ©rie dâinsultes, quâau nom dâune absurde constitution des rĂ©voltĂ©s firent endurer Ă leur souverain. Chaque roi sâest honorĂ© de verser des larmes en suivant Louis XVI, depuis le io aoĂ»t jusquâau 21 janvier. Je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense Ă personne , 1 nous dit-il dans des termes si touchans ; & cependant, combien ne fut-il pas persĂ©cutĂ© par des hommes qui surpassent en cruautĂ© un Montravers , un Couru ai, ces barbares gardiens dâEdouard II! Quelle horreur de voir Louis XVI brutalement offensĂ© par des ĂȘtres qui, quatre ans avant, r Testament du roi. II nous rappelle le langage que Tacite fait tenir Ă Germanicus Referatis quibus acerbitatibus dilaceratus , qui- bus ĂŹnstdiis ĂĄrcumventus , miferrimam vitam pejstmĂą morte fmierirn. 22 ĂŻ } tĂźâcuĂTent pas osĂ© lever les yeux jusquâĂ la hauteur des siens ! Lorsquâon considĂ©rĂ© ce monarque dans tous les refus quâil Ă©piouva , dans toutes les injustices dont il fut lâobjet, dans toutes ses privations, dans les horreurs de fa solitude, dans lâaffreusc sĂ©paration de ce qui lui Ă©toit le plus cher, dans cette derniere & dĂ©chirante entrevue, oĂč il dit adieu Ă son Ă©pouse chĂ©rie, Ă madame Elisabeth, Ă cette sĆur au-dessus de tout Ă©loge, Ă ses en sans en larmes ; enfin , lorsque lâima- gination aussi attendrie quâindignĂ©e marche avec luijusquâĂ cet infĂąme supplice quâil sut changer en un superbe trĂ©pas ; quel seroit le monarque qui ne se sentirent pas blessĂ© dans tout ce qui tient Ă la dignitĂ© royale, Ă lâhonneur de l'humanitĂ© ? DĂ©jĂ lâaccord des princes coalisĂ©s annonce , que pĂ©nĂ©trĂ©s dâhorreur pour un crime quâil est instant de punir , ils se disent unanimement RepouJJons plus que jamais la politique insidieuse qui se rĂ©jouirait de rabaissement ÂŁun trĂŽne, oublions ces motifs de difsĂ©- rens entre nous , sourcefĂącheuse oĂč no s minif- 2 22 } Ites vont trop suivent puiser leur crĂ©dit Occupons -nous T u n intĂ©rĂȘt plus lĂ©gitime. Jl p prenons une bonne fois aux nations qu'on nĂ© touche pas impunĂ©ment Ă Coint du Seigneur ; montrons - leur que leurs rĂ©voltes , que les diffentions & C anarchie qui en font les fuites inĂ©vitables , peuvent leur coĂ»ter des pertes dĂ© territoires , I leur ravir pour long - temps leur prospĂ©ritĂ© , joncher de morts des champs Ou croijfoient les plus abondantes moissons $ & porter des coups irrĂ©parables Ă leur commerce , mais que ces audacieuses & folles innovations ne fauroient ĂȘtre de durĂ©e. Apprenons enfin Ă tous Us peuples , que les jufies prĂ©rogatives de la royautĂ© font comme lâarche sainte Ă laquelle on ne touchait pas fins ĂȘtre frappĂ© de mort. En mĂȘme temps que les princes agiront d aprĂšs cette dĂ©termination , on peut attendre de la sagesse de ceux qui se montrent avec le plus de force , quâils fenti- , Voyez Tarticle II. de la ratification du rĂ©cĂČs ds 1 âEmpire, en date dujo avril 179}. 223 rcnt toute la diffĂ©rence Ă faire entrĂ© le vertige dâun conquĂ©rant qui ne veut quâĂ©- tonner, sans songer Ă ce quâaprĂšs lui deviendra fou royaume , & la politique rĂ©flĂ©chie dâun Ă©tat qui en Ă©tendant fa domination , veut lâaffernvr. Jamais rĂ©union de circonstances nâa Ă©tĂ© plus favorable au noble, au juste projet de rendre Ă Louis XVII le trĂŽne de ses peres , & de l'y replacer ainsi quâil doit y ĂȘtre pour le bonheur de ses peuples, pour la tranquillitĂ© des autres couronnes. Câest en vain que de misĂ©rables charlatans, que ces infatigables prĂŽneurs de leur ridicule constitution voudroient en faire recoudre les lambeaux, ils ne parviendront pas Ă les rassembler. Ce qui fe passe dans tant de dĂ©partemens oĂč lâon agit dĂ©jĂ hautement contre la convention , oĂč lâon adhĂšre au vĆu que manifeste lâarmĂ©e royaliste; les mouvemens des provinces oĂč jamais on ne cĂ©da yo- lontiers Ă la rĂ©volution , lâextirpation dĂš ce funeste arbre de la libertĂ© renversĂ© dans bien des parties d u royaume, tout c 224 annonce aux puissances quâenfin la nation rentre en elle-mĂȘme. Lorsque M. le duc de Brunswick sâa- vança si majestueusement en France, lorsque fort de sa rĂ©putation , de ses talons & des braves armĂ©es qui lui Ă©toient confiĂ©es, il eut vu tout plier devant lui, si les immuables arrĂȘts du destin nâen eussent ordonnĂ© autrement, lâEurope & tous les bons Français applaudirent Ă la dĂ©claration, dans laquelle le gĂ©nĂ©ralissime de Leurs MajestĂ©s ImpĂ©riale & Prussienne dit Ă Quelles ri > entendaient point s'immiscer dans k gouvernement intĂ©rieur de la France ; qu elles vouloient uniquement dĂ©livrer le roi , la reine , & la famille royale de kur captivitĂ© pour procurer Ă Sa MajestĂ© Tris-ChrĂ©tienne les moyens de travailler fans obfacle Ă ce qui pourroie assurer 1e bonheur de leurs sujets â MalgrĂ© la plus cruelle des pertes, le mĂȘme objet est Ă remplir. Nous avons encore un monarque dans la captivitĂ© ; nous avons les mĂȘmes potentats pour appuis & pour garants de nos 'droits. A ces augustes protecteurs, se joint la majeure 22Z jeure partie des souverains de FEurĂČpCi Tous font armĂ©s aujourd'hui pour rendre Ă Louis XVII le sceptre odieusement en- levĂ© Ă son pere. Quâil est consolant de penser, que ce qui est commandĂ© par la justice & le vĂ©ritable intĂ©rĂȘt des tĂȘtes couronnĂ©es, est aussi ce qui fera le plus facile Ă lâemploi de leurs forces. A mesure que leurs gĂ©nĂ©raux Rapprocheront de Paris , ils annulleront tout Ă©tablissement illĂ©gal, ainsi que cela s'est effectuĂ© dans la principautĂ© de Liege. Ils rappelleront tous les sujets du roi de France aux emplois quâils occupoient avant la rĂ©volution. Ce nâestpoint sâimmiscer arbitrairement dans lâintĂ©rieur dâun gouvernement, quand oti uâuse des droits de la victoire que pour rendre un pays Ă un ordre antique , salutaire, & qui ne fut interverti que par la rĂ©bellion. De noires tĂ©nĂšbres avoienc obscurci la France ; les hommes ne se con- noissoient plus ; dans une dĂ©route nocturne, on saisit la petite pointe du jour pour rassembler les bataillons Ă©pars. Lors- quâil reste uu moyen çlâĂ©chapper Ă figno. P { 226 minie , le fuyard se rallie au drapeau quâĂt suivi lâhomme dâhonneur. De mĂȘme les malheureuses dupes de tous les partis , saisiront avec empressement la possibilitĂ© de se confondre dans la feule classification de royalistes. A coup fur, & jacobins & constitutionnels Ă©galement trompĂ©s dans leur attente , trouveront une forte de satisfaction Ă ĂȘtre plutĂŽt subjuguĂ©s par un ordre de choses, quâils respectĂšrent long-temps,
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| ÔŸŃĐ·ĐŸŃ Đ±ĐŸÎ·Đžá„ÎżÏŐžÖáł | áŃĐ”ŃĐœĐ”ĐșŃ Ńажá | ĐŃÎżáč áŠŐžÖŃŃа | ÔČΔζáá ÏáčĐŽŃĐž |
Combiende temps pouvez vous conserver vos bouteilles ouvertes et dans quelles conditions, pour les prĂ©server au mieux ? Bouteille de vin entamĂ©e en milieu hostile Le vin sâoxyde au contact de lâair Mis au contact de lâair, le vin connaĂźt un vieillissement accĂ©lĂ©rĂ©.Quelle tempĂ©rature conserver le vin rouge ? Pour mieux comprendre le vin, il est important de connaĂźtre quelques rĂšgles concernant la tempĂ©rature de service Rouge et rouge tannique 16 â 18°C. Rouge et blanc 14°16°C. Comment rĂ©gler tempĂ©rature cave Ă vin ? Plus la tempĂ©rature varie, plus le vin travaille et passe. Câest aussi une des raisons dâinvestir dans un vin moyen 5°C en hiver, 25°C en Ă©tĂ©, pas question de le ranger dans votre garage. La meilleure solution est de diviser vos peurs ou vos problĂšmes en une sĂ©rie dâĂ©tapes plus petites. Quelle tempĂ©rature pour une cave Ă vin de service ? Dans la cave Ă vin Ă©lectrique et naturelle, la tempĂ©rature idĂ©ale de conservation et de vieillissement du vin se situe entre 10 et 14°C. Dâautre part, la consommation, qui varie selon le type de vin. Cette tempĂ©rature parfaite permet au vin de conserver son arĂŽme et sa qualitĂ©. Comment savoir si ma cave est bonne pour le vin ? Les sept rĂšgles de lâor pur sont bonnes TempĂ©rature rĂ©guliĂšre. LâidĂ©al se situe autour de 12°C. ⊠Une humiditĂ© Ă©levĂ©e doit varier entre 70 et 80%. ⊠Les rayons UV foncĂ©s endommagent le vin. ⊠Bonne ventilation et aĂ©ration. ⊠Il nây a pas dâodeur. ⊠Aucune vibration. ⊠Protection du produit Comment conserver du vin rouge ? Câest pourquoi il est si important que votre vin ne provienne dâaucun endroit chaud plaques de cuisson, fours, micro-ondes, ou tout simplement du soleil⊠Certains experts recommandent de garder le vin rouge ouvert au rĂ©frigĂ©rateur, jusquâĂ deux Ă cinq jours selon les le vin et le sortir quelques heures avant de servir. Comment faire vieillir du vin sans cave ? Comment prĂ©parer vos bouteilles pour quâelles restent hors de la cave Ă vin ? Rangez vos bouteilles dans des boĂźtes en carton ou, Ă dĂ©faut, pliĂ©es dans un journal elles mettront au chaud ; Jetez vos sacs ; Remplacez toujours le bouchon qui peut ĂȘtre rĂ©duit en rechargeant votre bouteille de vin. Quel vin peut se garder 20 ans ? Si vous avez reçu une bonne bouteille de Bordeaux, comme Pauillac, Saint EstĂšphe, Margaux, vous pouvez la conserver 10 Ă 20 ans. Quant au stupide top bordelais, il y a cinq ans. En Bourgogne ou en Beaujolais, toute chose courante dure trois ou quatre ans. Un bon vin de Bourgogne peut se conserver 10 Ă 20 ans. Comment bien conserver un vin ? Pour bien conserver votre vin, il est prĂ©fĂ©rable dâĂ©viter Ă tout moment de faire tourner vos bouteilles, sinon votre vin sâĂ©puisera et les boĂźtes changeront. Il est donc recommandĂ© de poser vos bouteilles de façon Ă ce que votre bouchon soit toujours en contact avec le vin. De cette façon, le liĂšge nâest pas sec. OĂč se conserve le vin ? Vous pouvez ranger vos bouteilles dans un placard ou dans un placard ou un placard de rangement de cuisine. Les coins sombres sont idĂ©aux pour le stockage du vin. Les bouteilles doivent ĂȘtre protĂ©gĂ©es de la lumiĂšre. Les rayons UV peuvent rĂ©duire le goĂ»t du vin. Est-ce que le vin se pĂ©rime ? Le vin peut ĂȘtre Ă©puisĂ©. AprĂšs trois Ă cinq jours dâouverture, le vin est parti et vous ne pouvez plus le boire. LâexcĂšs de vin nâest pas nocif il peut ĂȘtre lĂ©gĂšrement malade mais pas mortel. Le grand danger du vin fini rĂ©side dans le goĂ»t. Comment incliner les bouteilles de vin ? * Une bouteille de vin doit reposer sur le sol afin que le bouchon rencontre le vin et ne se dessĂšche pas. Il nâest pas nĂ©cessaire de changer la bouteille dans le magasin Ă domicile Comment rĂ©utiliser un cubi ? Prenez un sac en plastique dans une Bible vide InsĂ©rez le volant entre le tuyau noir et la poche dans la poche pour retirer la pompe. Remettez le sac dans sa boĂźte en carton en plaçant votre main dans le trou de la boĂźte. Respirez dans la poche pour redonner du volume. Comment ouvrir une poche de vin ? Mais comment commencer Ă retirer ce support du goulot dâune bouteille de vin ? ⊠En serrant la butĂ©e/pompe et son embase avec, par exemple, une queue de cuillĂšre ou de fourchette.
LaBibliothĂšque de GenĂšve dĂ©ploie sur 4 sites un patrimoine Ă©crit, imprimĂ©, musical et iconographique unique quâelle sĂ©lectionne, protĂšge, valorise et transmet au grand public comme au public scientifique. Site internet de la BibliothĂšque de GenĂšve ; Les BibliothĂšques municipales sont des lieux de rencontre, de dĂ©couverte et de partage qui vous proposent de nombreux
La conservation du vin vous permet dâen profiter entre 3 et 5 jours une fois ouvert. Ainsi, au bout de 3 Ă 5 jours, le vin est pĂ©rimĂ©. Rassurez vous, il est encore possible de lâutiliser, sans danger, pour de nombreux usages. Sauce ou vinaigre vous pourrez utiliser ce vin dans de nombreux plats. Est-ce que le vin pĂ©rime ? Le vin peut se pĂ©rimer. AprĂšs 3 Ă 5 jours dâouverture, le vin est pĂ©rimĂ© et vous ne pourrez plus le boire. Le vin pĂ©rimĂ© nâest pas dangereux vous serez peut ĂȘtre un peu malade mais aucun risque mortel. Le plus grand danger du vin pĂ©rimĂ© est dans le goĂ»t. Essayez dâen gouter un et vous serez vite vaccinĂ©. Ainsi, le vin blanc se pĂ©rime, tout comme le vin rouge. Ne tardez donc pas Ă finir une bouteille ouverte. Toutefois, pas de panique. Si votre vin se pĂ©rime, il existe toujours des solutions pour lâutiliser. Vin pĂ©rimĂ© que faire ? Que faire avec le vin pĂ©rimĂ© ? VoilĂ une bonne question. En premier lieu, si le vin est pĂ©rimĂ© depuis peu de temps, vous pouvez lâutiliser en sauce. Ă titre personnel, nous utilisons souvent le vin blanc un peu pĂ©rimĂ© pour faire un risotto. Pour le vin rouge pĂ©rimĂ©, vous pouvez vous tourner vers des tagliatelles. Nous avons testĂ© cette recette il y a peu et, croyez nous, câĂ©tait un dĂ©lice. Elle nous a bien rĂ©concilier avec la bouteille de vin qui trainait depuis plusieurs jours dans la cuisine. Par ailleurs, vous pouvez utiliser votre vin pĂ©rimĂ© pour faire du vinaigre. Pour cela, il faut dâabord crĂ©er une mĂšre » câest une pellicule qui se forme Ă la surface du vin et qui permet de le transformer en vinaigre. Ainsi, laissez une bouteille de vin pĂ©rimĂ© ouverte quelques semaines. Une fois que celle-ci est formĂ©e, versez le tout dans un vinaigrier. Ajoutez-y vos fonds de bouteille lorsque vous ne les finissez pas. Attendez ensuite 4 Ă 6 semaines et vous obtenez du vinaigre. En consĂ©quence, ne vous inquiĂ©tez pas si votre vin se pĂ©rime. Vous trouverez toujours une maniĂšre de lâutiliser pour dâautres usages. Peut-ĂȘtre allez vous mĂȘme faire le meilleur vinaigre au monde ou les meilleurs tagliatelles au vin rouge ? Que ce soit votre vin rouge ou votre vin blanc qui se pĂ©rime, vous avez une solution ! Bien conserver le vin pour Ă©viter quâil se pĂ©rime Il existe de nombreuses astuces pour bien conserver le vin. En premier lieu, pensez Ă stocker votre vin dans une cave Ă la bonne tempĂ©rature. En faisant ainsi, vous pourrez conserver le vin sans le pĂ©rimer pendant de nombreuses annĂ©es. Une fois ouvert, les choses deviennent plus difficile. Pour conserver une bouteille de vin ouverte, vous devez la placer loin de la lumiĂšre et dans un endroit plutot frais. Par ailleurs, une fois votre bouteille ouverte, vous pouvez utiliser une pompe Ă vide. En utilisant cette derniĂšre, vous pourrez enlever lâair qui se trouve dans votre bouteille de vin et Ă©viterez ainsi son oxydation. Vous pourrez alors conserver la bouteille de vin plus longtemps sans quâelle se pĂ©rime. Le vin pĂ©rimĂ© nâa dĂ©sormais plus aucun secret pour vous. Toutefois, nous pouvons vous apporter beaucoup plus. Bonne nouvelle, vous pouvez rejoindre gratuitement le club et apprendre le vin. Rejoindre le Club de Vin sur Vin Read more articles. 10 589 326 52 296 643 766 10