1 Au QuĂ©bec, les aides-soignantes se nomment prĂ©posĂ©s aux bĂ©nĂ©ficiaires ». Nous utiliserons au fil ... 1Les aides-soignantes1 nouvellement recrutĂ©es dans les organisations gĂ©riatriques publiques françaises EHPAD, Ă©tablissements dâhĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes et quĂ©bĂ©coises CHSLD, centres dâhĂ©bergement et de soins de longue durĂ©e, traversent une Ă©preuve cruciale durant leur pĂ©riode dâintĂ©gration Ă lâorganisation. Cette Ă©preuve consiste Ă respecter deux rythmes temporels contradictoires dans leur travail quotidien un rythme rapide durant lâintĂ©gralitĂ© de leur journĂ©e de travail et un rythme lent lors des contacts avec le rĂ©sident. Nous rassemblons dans la catĂ©gorie nouvelles recrues » les aides-soignantes dĂ©tenant moins dâun mois dâexpĂ©rience dans lâorganisation gĂ©riatrique, soit la pĂ©riode maximale observĂ©e de la phase dâintĂ©gration dans lâorganisation par le personnel expĂ©rimentĂ©, du personnel nouvellement diplĂŽmĂ© qui rĂ©alise sa premiĂšre expĂ©rience professionnelle dâaides-soignantes. Le respect de ces rythmes par ce personnel peu expĂ©rimentĂ© dĂ©pend fortement de la capacitĂ© du collectif de travail Ă transmettre des stratĂ©gies de rĂ©gulation destinĂ©es Ă faciliter lâacte professionnel. Ce constat prĂ©sente des similaritĂ©s dans les deux contextes français et quĂ©bĂ©cois, qui connaissent des problĂ©matiques comparables. Mais le type de stratĂ©gies transmises diverge selon les organisations que nous avons Ă©tudiĂ©es. Cet article aura donc Ă©galement comme objectif dâidentifier et comparer quatre stratĂ©gies en les rapportant aux contextes organisationnels qui ont favorisĂ© leur Ă©mergence, et en les catĂ©gorisant plus particuliĂšrement selon leur degrĂ© de conformitĂ© aux pratiques prescrites par la hiĂ©rarchie. 2LâintĂ©rĂȘt dâune comparaison entre le contexte français et quĂ©bĂ©cois sur ce thĂšme ne se limite pas au processus actuel de vieillissement de la population dans les deux contextes Gauthier, Gaymu, 2003. Il provient aussi de la forte identitĂ© de plusieurs caractĂ©ristiques professionnelles et structurelles en milieu gĂ©riatrique. Tout dâabord, les aides-soignantes en France et au QuĂ©bec sont responsables de tĂąches identiques, dâassistance au rĂ©sident toilettes, aide au repas et au dĂ©placement, etc., et dâhygiĂšne de son environnement chambre, lit, etc. DubĂ©, Gagnon, St-Pierre, 2003 ; Beaulieu, 2005. Les EHPAD et CHSLD remplissent la mĂȘme mission accueillir des personnes ĂągĂ©es en perte dâautonomie afin de leur fournir des soins mĂ©dicaux et une assistance quotidienne Chaumet-Riffaud, 2002 ; ministĂšre de la SantĂ© et des services sociaux du QuĂ©bec - MSSS, 2003. Dans les deux contextes, les personnes reçues sont de plus en plus dĂ©pendantes physiquement et cognitivement ClĂ©ment, Lavoie, 2005, et nĂ©cessitent de ce fait une attention accrue de la part des intervenants. Enfin, les directions dâĂ©tablissement insistent sur la nĂ©cessitĂ© de maintenir une qualitĂ© dâhĂ©bergement pour les rĂ©sidents, en transformant progressivement le milieu gĂ©riatrique en un milieu de vie » MSSS, 2003 ; Connangle, Vercauteren, 2007. Ce nouveau modĂšle dâhĂ©bergement a pour objectif de donner aux personnes ĂągĂ©es des soins de qualitĂ©, dans un souci de dĂ©veloppement de la bientraitance » Beaulieu, 2007. En France, on parle de dĂ©marche qualitĂ© Connangle, Vercauteren, 2007, tandis quâau QuĂ©bec, lâexpression consacrĂ©e est approche Milieu de vie » Alderson, 2006. 2 Commission de la SantĂ© et de la SĂ©curitĂ© du Travail, QuĂ©bec â Document interne. 3Pour autant, les nouvelles caractĂ©ristiques des organisations gĂ©riatriques ne semblent pas sâaccompagner dâune amĂ©lioration des conditions de travail des aides-soignantes, notamment du ratio dâaides-soignantes par rĂ©sidents du service Aubry, Godin et Couturier, 2011; leur charge de travail tend plutĂŽt Ă sâintensifier, par la complexification et la multiplication des tĂąches. Ce processus sâillustre spĂ©cifiquement par un haut taux de dĂ©missions et dâabsentĂ©isme pour ce personnel. En France, selon la Dares Direction de lâanimation de la recherche, des Ă©tudes et des statistiques, 2011, le taux de dĂ©missions des aides-soignantes oscille entre 6 et 7 % de lâensemble des sorties dâemploi enregistrĂ©es, dĂ©passant le taux cumulĂ© des dĂ©parts en retraite, licenciements et fin de pĂ©riodes dâessai. Dans le contexte quĂ©bĂ©cois, selon Grenier 2008, la forte mobilitĂ© des aides-soignantes sâillustre par un taux de dĂ©part de 6,3 % parmi lâeffectif en poste pour la pĂ©riode 2006-2007, mais de 24,2 % pour lâeffectif arrivĂ© en cours dâannĂ©e, et de 37,6 % pour les moins de 30 ans. Le taux de dĂ©part des jeunes sâexplique en partie, selon lâauteur, par le haut taux de dĂ©missions en cours dâemploi. LâabsentĂ©isme est Ă©galement une preuve de ce processus dâintensification. En France, selon la direction gĂ©nĂ©rale de lâoffre de soins 2011, le personnel aides-soignants » a Ă©tĂ© absent en moyenne 25 jours en 2008, soit le plus haut taux dans lâunivers hospitalier, et en augmentation constante depuis 2005 22 jours. Au QuĂ©bec, selon des donnĂ©es de la CSST2, les aides-soignantes Ćuvrant en CHSLD souffrant de lĂ©sions reconnues blessures ou autres traumatismes dĂ©clarĂ©s sont absents en moyenne 188 jours par an pour la pĂ©riode 2005-2007, alors que la moyenne provinciale pour lâensemble des travailleurs est de 87,9 jours. Les travaux de Jasseron et al. 2006 identifient le manque de soutien de lâĂ©quipe de travail face Ă lâintensification de la charge de travail comme un facteur dĂ©terminant de la volontĂ© de changer dâhorizon professionnel. Enfin, il a Ă©tĂ© montrĂ© que, dans le contexte gĂ©riatrique, lâintensification est une cause dâun processus dâindividualisation des employĂ©s face Ă la tĂąche et dâeffritement du collectif Estryn-Behar et al., 2011. Du fait de leur manque dâexpĂ©rience, les nouvelles recrues peuvent ressentir rapidement les difficultĂ©s nĂ©es de ce manque dâencadrement par le collectif comment rĂ©pondre aux exigences croissantes de qualitĂ© lorsque la charge de travail tend Ă sâintensifier ? Quelles solutions trouver dans le cadre local des organisations ? 4Dans une premiĂšre partie, nous dĂ©crirons les Ă©preuves subies par les nouvelles recrues lors du processus dâintĂ©gration Ă lâorganisation, notamment les Ă©preuves temporelles que cause la contradiction des rythmes de travail. Dans une seconde partie, en utilisant principalement les donnĂ©es thĂ©oriques tirĂ©es des travaux en ergonomie de Caroly et Weill-Fassina 2004, nous montrerons comment le collectif de travail dâaides-soignantes agit comme un puissant crĂ©ateur de stratĂ©gies de rĂ©gulation qui sont transmises Ă chaque aide-soignante pour lui permettre de respecter ces rythmes contradictoires. Nous prĂ©senterons quatre stratĂ©gies une par organisation Ă©tudiĂ©e, en montrant en quoi leur Ă©mergence dĂ©pend Ă©troitement du contexte organisationnel. Enfin, en nous rapportant aux rĂ©cents travaux de Molinier 2010a ; 2010b ; Ingwiller, Molinier, 2010, nous montrerons dans une troisiĂšme partie que lâeffacement progressif du collectif et le dĂ©veloppement de lâindividualisation du fait de lâintensification de la charge de travail, atteint Ă Ă la santĂ© au travail des aides-soignantes, notamment par la voie de la souffrance Ă©thique. MĂ©thodologie 3 Nous utilisons des propos issus de ces entretiens dans cet article pour illustrer nos analyses. Pou ... Cet article se base sur les rĂ©sultats dâune Ă©tude sociologique qualitative menĂ©e en France et au QuĂ©bec. Lâobjectif principal de cette Ă©tude comparative, en deux phases, Ă©tait de cerner les modalitĂ©s dâintĂ©gration des nouvelles aides-soignantes dans les organisations gĂ©riatriques. Nous avons tout dâabord effectuĂ© 25 entretiens semi-directifs en France dans deux EHPAD publics, entre janvier et avril 2011, dont six auprĂšs de nouvelles aides-soignantes dĂ©tenant moins dâun mois dâexpĂ©rience. 24 entretiens ont Ă©tĂ© Ă©galement effectuĂ©s au QuĂ©bec dans deux CHSLD3 publics, entre juin et aoĂ»t 2011, dont six avec des nouvelles recrues. Ces Ă©tablissements sont situĂ©s Ă quelques kilomĂštres dâune ville de 100 000 habitants. Le nombre de rĂ©sidents, oscillant entre 125 et 225 selon lâĂ©tablissement, et le ratio rĂ©sident/aide-soignante entre 6,23 et 6,60, causent un Ă©cart entre les quatre organisations les organisations cumulant le plus grand nombre de rĂ©sidents EHPAD 2 et CHSLD 2 sont mieux pourvues en aides-soignantes que les deux autres organisations. Le tableau suivant rĂ©pertorie les caractĂ©ristiques des quatre Ă©tablissements. Tableau 1. PrĂ©sentation des Ă©tablissements Contexte Organisation Nombre de rĂ©sidents Nombre dâaides-soignantes Ratio rĂ©sidents par aides-soignantes, en moyenne France EHPAD 1 165 25 EHPAD 2 225 36 QuĂ©bec CHSLD 1 125 19 CHSLD 2 187 30 Pour les entretiens, nous avons choisi de recruter des aides-soignantes travaillant dans deux services diffĂ©rents pour chaque Ă©tablissement, mais spĂ©cialisĂ©s uniquement en soins de long sĂ©jour hors des services de courts sĂ©jours ou axĂ©s sur le traitement de maladies spĂ©cifiques comme la maladie dâAlzheimer. Une premiĂšre partie de la grille dâentretien concernait la description du processus dâintĂ©gration des nouvelles recrues dans lâorganisation gĂ©riatrique, et la seconde partie Ă©tait consacrĂ©e Ă la souffrance au travail Ă©numĂ©ration des causes de fatigue, description des activitĂ©s pĂ©nibles, etc.. Nous avons volontairement adoptĂ© une attitude dâouverture afin dâintĂ©grer des donnĂ©es nouvelles concernant les thĂ©matiques de cette Ă©tude. Nous avons Ă©galement passĂ© 70 heures en observation non participante, dont 35 heures dans un EHPAD en France et 35 heures dans un CHSLD au QuĂ©bec. Nous avons donc suivi une nouvelle recrue par Ă©tablissement pendant cinq jours, sept heures par jour, Ă compter de sa date dâentrĂ©e dans lâorganisation. Le choix de lâEHPAD et du CHSLD pour cette phase dâobservation fut donc dĂ©pendant de lâentrĂ©e dâune nouvelle recrue dans lâorganisation. Une grille dâobservation a Ă©tĂ© utilisĂ©e Ă cette fin, oĂč furent notĂ©es les diffĂ©rentes Ă©tapes du processus dâintĂ©gration des nouvelles recrues. Tableau 2. Processus mĂ©thodologique Contexte Organisation Entrevues aides-soignantes Entrevues nouvelles recrues Observations France EHPAD 1 8 2 35 heures EHPAD 2 11 4 Non QuĂ©bec CHSLD 1 7 2 Non CHSLD 2 11 4 35 heures Enfin, nous avons mis Ă contribution une mĂ©thodologie semi-inductive Glaser, Strauss, 1967 pour une analyse thĂ©matique des donnĂ©es qui nous a permis de rĂ©vĂ©ler des thĂšmes spĂ©cifiques, non abordĂ©es dans les grilles dâentretiens et dâobservation, telles que lâexistence de rythmes de travail spĂ©cifique et lâusage de stratĂ©gies de rĂ©gulation, qui sont devenus le cĆur de notre analyse. Les Ă©preuves dâintĂ©gration Le stage dâaide-soignante, une premiĂšre expĂ©rience 5Les parcours de formation des aides-soignants en France et au QuĂ©bec sont trĂšs similaires. Dans les deux contextes, leur intĂ©gration dans les organisations gĂ©riatriques est reconnue comme une expĂ©rience difficile. La majoritĂ© dâentre elles intĂšgrent de telles rĂ©sidences dans le but de fournir une assistance de qualitĂ© aux personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes. Arborio 2001 a montrĂ© que lâacte relationnel aider, assister, prendre soin, etc. fonde la lĂ©gitimitĂ© et le sens de leur pratique. Mais la dĂ©ception ressentie lors des premiers temps de lâentrĂ©e en fonction est importante la traversĂ©e du miroir » Hughes, 1996 est la dĂ©couverte progressive du dĂ©calage entre lâimage idĂ©alisĂ©e du mĂ©tier, centrĂ© sur les relations humaines, et la rĂ©alitĂ© difficile et parfois rebutante. 4 Les Ă©lĂšves aides-soignantes, françaises et quĂ©bĂ©coises, doivent en effet suivre durant leur formati ... 6Plus particuliĂšrement, deux Ă©preuves subies lors des premiers temps de pratiques semblent difficiles Ă supporter. La premiĂšre Ă©preuve est donc celle du dĂ©calage entre lâimage idĂ©alisĂ©e du mĂ©tier â le relationnel â et lâexpĂ©rience des pratiques rebutantes durant les phases de stages. La formation obligatoire dâaide-soignante en France conduit Ă lâobtention dâun diplĂŽme professionnel dâaide-soignante DPAS. Au QuĂ©bec, sâil nâest pas lĂ©galement rĂ©clamĂ©, le diplĂŽme dâĂ©tudes professionnelles DEP dâassistance Ă la personne en Ă©tablissements de santĂ© est pourtant rĂ©clamĂ© par les employeurs actuellement afin de devenir prĂ©posĂ©s dans un CHSLD public. Ainsi, la trĂšs grande majoritĂ© des nouvelles arrivantes en EHPAD et CHSLD publiques dĂ©couvre la gĂ©riatrie lors dâune pĂ©riode de stage4, et connaĂźt une premiĂšre expĂ©rience difficile du mĂ©tier. Loin de rester uniquement dans la relation humaine, les aides-soignantes doivent effectuer un travail complet de restauration » Doniol-Shaw, 2009 du corps et de lâenvironnement du rĂ©sident, sous la supervision directe des infirmiĂšres. Certes, cette phase est dĂ©crite par une majoritĂ© dâaides-soignantes interrogĂ©es comme une Ă©tape normale du processus dâapprentissage du mĂ©tier. Mais certaines, notamment celles qui nâont jamais eu Ă rĂ©aliser de toilettes dans un cadre familial avant dâintĂ©grer une telle organisation, nâhĂ©sitent pas Ă exprimer le dĂ©goĂ»t ressenti durant cette pĂ©riode. Jâavoue, jâai Ă©tĂ© surprise, au moment du stage. Je savais quâon allait devoir sâoccuper physiquement des personnes, avec leur dĂ©jections, les nettoyer aprĂšs, et puis nettoyer le lit sale⊠mais ca fait un choc la premiĂšre fois. Il faut dire que jâen avais jamais fait, mais ca sent mauvais, ca pue, tu te dis âJe vais devoir faire ca toute ma vie ?â » aide-soignante, France, 24 ans, 3 ans dâexpĂ©rience Durant le stage pendant ma formation, jâai trouvĂ© que ce qui Ă©tait dur en gĂ©riatrie, câĂ©tait principalement le fait que tu dois tâoccuper de toutes les affaires sales des gens [âŠ]. La premiĂšre journĂ©e de stage, je me suis posĂ© des questions, genre Est-ce que je vais ĂȘtre capable ? aide-soignante, QuĂ©bec, 25 ans, nouvelle recrue. 7Les aides-soignantes qui ne parviennent pas Ă surmonter cette Ă©preuve durant leur phase de stage peuvent dĂ©cider de travailler dans un autre domaine de santĂ© hĂŽpital, rééducation, etc.. Dâailleurs, pour celles qui ont dĂ©cidĂ© de continuer Ă travailler en gĂ©riatrie aprĂšs leur phase de stage, le dĂ©goĂ»t ne disparaĂźt jamais totalement MarchĂ©-PaillĂ©, 2010. En fait, lâĂ©preuve du dĂ©calage avec lâimage du mĂ©tier se rĂ©sout, pour les nouvelles recrues, par une occultation progressive du caractĂšre dĂ©gradant des pratiques et lâusage dâune prĂ©sentation valorisante du mĂ©tier, soit celle de la relation humaine Arborio, 2001 ; pourtant, les pratiques purement relationnelles dĂ©finies et mesurĂ©es uniquement par le temps partagĂ© entre rĂ©sident et aides-soignantes sont, selon nos observations, peu nombreuses, et fortement conditionnĂ©es par la charge de travail. Tenir un rythme soutenu et savoir ralentir 8Une seconde Ă©preuve se cumule Ă celle-ci, que lâaide soignante dĂ©couvre plutĂŽt au moment de lâintĂ©gration Ă lâorganisation, une fois le diplĂŽme acquis et les stages effectuĂ©s. Cette Ă©preuve se retrouve Ă©galement dans les deux contextes français et quĂ©bĂ©cois, qui se ressentent tous deux lâaccentuation des exigences en termes de qualitĂ© du travail et lâintensification de la charge de travail. Les nouvelles recrues doivent trouver un Ă©quilibre entre deux rythmes de travail contradictoires. Le premier rythme doit ĂȘtre soutenu tout au long de la journĂ©e de travail, afin de respecter la charge de travail prescrite sans perdre de temps durant les diffĂ©rentes phases de travail rĂ©veil, toilettes, repas, etc.. Par exemple, une aide-soignante peut refuser de prolonger la discussion avec une personne ĂągĂ©e pendant sa toilette du matin. Une chose quâon comprend vite quand on est ici au dĂ©but, et quâon ne voit pas trop en stage, câest le fait dâaller vite⊠enfin câest toujours se dĂ©pĂȘcher, tu tâoccupes dâune dame, tu lui fais sa toilette, tu voudrais rester pour lui parler, mais non tu ne restes pas⊠tu passes Ă une autre⊠Parce quâil y a un plan de travail Ă respecter, donc faut prendre le rythme. »aide-soignante, France, 30 ans, 8 ans dâexpĂ©rience Câest toujours âGo, go, goâ, tu ne tâarrĂȘtes pas dans une journĂ©e⊠Le relationnel avec la personne, câest quand on peut, mais câest sĂ»r que tu ne peux pas rester 10 minutes avec une madame Ă jaser. Tu fais la toilette, les soins du corps, tu lui parles un peu en mĂȘme temps, et tu passes Ă autre chose. »aide-soignante, QuĂ©bec, 42 ans, 15 ans dâexpĂ©rience 9Le second rythme est celui des contacts avec les rĂ©sidents, qui demande aux aides-soignantes de ralentir pour Ă©couter et rĂ©pondre aux multiples besoins des personnes ĂągĂ©es, pour entretenir de bonnes relations avec elles et veiller Ă ne jamais les maltraiter. On a un gros rythme Ă suivre, et câest difficile quand tu fais une toilette, ou quand tu donnes un bain⊠parce que tu ne peux pas aller plus vite que la personne, et dâailleurs tu ne dois pas la brusquer. Tu dois ralentir et faire ton travail en suivant au mieux son rythme, mais sans perdre trop de temps. » aide-soignante, France, 29 ans, 10 ans dâexpĂ©rience Le plus difficile, câest de bien prendre le temps avec la madame dont tu tâoccupes, de prendre le temps avec elle, quand tu fais une toilette par exemple, alors que tu sais que tu as encore six personnes Ă tâoccuper aprĂšs⊠» aide-soignante, QuĂ©bec, 38 ans, 6 ans dâexpĂ©rience 10Ces rythmes sont contradictoires parce quâils suivent des logiques temporelles divergentes dâune part la rapiditĂ© dans lâaccomplissement des tĂąches, et dâautre part la lenteur des contacts corporels. La rationalisation des temps de travail propre Ă une organisation industrielle » MĂ©haut, al., 2009 octroie trĂšs peu de temps Ă des actes qui demandent pourtant de respecter le rythme du patient. Les aides-soignantes nouvellement intĂ©grĂ©es doivent apprendre Ă respecter ces rythmes, ce qui peut constituer une Ă©preuve particuliĂšrement difficile, puisquâelle brise en partie lâimage idĂ©alisĂ©e du mĂ©tier. En arrivant ici, tu te rends compte quâon a beaucoup de choses Ă faire en peu de temps, et je nâavais pas ressenti ça en stage [âŠ]. En fait, tu dois tâoccuper des rĂ©sidents, tu dois les aider, les emmener Ă la toilette, par exemple, mais tu as deux minutes pour faire ça. Ăa ne convient pas Ă une madame de 90 ans⊠et je ne mâattendais pas Ă ce quâon soit autant dans le jus, et quâon ait si peu de temps pour les rĂ©sidents aide-soignante, QuĂ©bec, 25 ans, nouvelle recrue 11Comme lâont montrĂ© Litim et Kostulski 2006, une expĂ©rience nĂ©gative de ce dĂ©calage peut conduire les aides-soignantes les moins expĂ©rimentĂ©es Ă la culpabilitĂ© ou Ă la rĂ©signation. Ceci prouve toute lâimportance de lâencadrement des jeunes recrues par les aides-soignantes plus expĂ©rimentĂ©es, et, plus globalement, par un collectif de travail dâaides-soignantes. Le collectif, instance dâĂ©quilibrage des rythmes temporels Les fonctions du collectif 12Nous dĂ©finissons le collectif de travail comme lâensemble des aides-soignantes travaillant dans un mĂȘme service de travail, c'est-Ă -dire dans un contexte local de partages de pratiques et de normes Caroly, 2011, qui peut jouer un rĂŽle important de soutien moral et/ou technique Brizon, 2002 pour chacun de ses membres. Dans le contexte gĂ©riatrique, le collectif dâaides-soignantes dĂ©tient plusieurs fonctions. 13Sa premiĂšre fonction est de transformer les injonctions organisationnelles prĂ©sentĂ©es plus haut quantitĂ©/qualitĂ© en rythmes de travail pour chacun des membres. Plus prĂ©cisĂ©ment, le collectif est lâinstance de transformation des rĂšgles dictĂ©es par lâinstitution en normes de travail Ă deux rythmes. De fait, il imprime une norme de rapiditĂ© empĂȘchant toute aide-soignante de donner trop de temps pour une relation avec une personne ĂągĂ©e, ou un soin. Mais il oblige chacun Ă respecter une norme de ralentissement au moment du contact avec le rĂ©sident. Lâinjonction bureaucratique se transforme ainsi en enjeu organisationnel lorsque le collectif de travail devient le garant du respect de tels rythmes. Les aides-soignantes notent justement que, selon elles, câest lâensemble des membres du collectif qui doit respecter de telles normes, et notamment les recrues nouvellement intĂ©grĂ©es Ă lâorganisation, puisque chacun des membres dĂ©pend des injonctions organisationnelles prescrites, soit la charge de travail et la qualitĂ© des pratiques. On est toutes obligĂ©es de respecter le rythme, de suivre le temps, sans ça⊠tu mets tout le monde en retard, les autres doivent venir tâaider, et on sâen sort pas⊠»aide-soignante, France, 54 ans, 33 ans dâexpĂ©rience. Il y a des horaires quâon doit tenir, comme par exemple Ă telle heure tu dois avoir fini avec tes dix personnes pour les toilettes. Sans ça, tu te mets en retards pour les dĂ©jeuners. Donc il faut quâon arrive Ă tenir le rythme quâon se fixe toutes, parce quâon est toutes obligĂ©es de se dĂ©pĂȘcher pour ĂȘtre dans les temps. » aide-soignante, QuĂ©bec, 29 ans, 9 ans dâexpĂ©rience 5 Ce lexique est prĂ©cisĂ©ment utilisĂ© par les aides-soignantes elles-mĂȘmes dans les deux contextes. 14La deuxiĂšme fonction du collectif est lâĂ©valuation de la compĂ©tence des recrues Ă jongler » avec les deux rythmes de travail contradictoires. Ceci pose des problĂšmes techniques et Ă©thiques fondamentaux. Techniques, car il faut savoir remplir ses tĂąches rapidement sans pour autant mettre en danger le corps du rĂ©sident ; Ă©thiques, puisque se joue la question de la qualitĂ© du travail lorsque les conditions humaines et matĂ©rielles ne sont pas suffisantes pour atteindre cet idĂ©al. ConfrontĂ©es Ă ces problĂšmes, les nouvelles recrues sont donc susceptibles de commettre des erreurs et doivent rĂ©ajuster leur pratique, principalement lors des premiĂšres journĂ©es de travail. Pendant les premiers jours dâessai, une ancienne » plus expĂ©rimentĂ©e joue le rĂŽle de mentor ou de tuteur, mais doit aussi Ă©valuer la capacitĂ© de la recrue Ă maĂźtriser les rythmes de travail contradictoires. Les anciennes »5 sont chargĂ©es de lâĂ©valuation des nouvelles », c'est-Ă -dire des jeunes recrues. Les anciennes deviennent des porte-parole du collectif pendant lâintĂ©gration des nouvelles, puisquâelles jugent de leur capacitĂ© Ă respecter les rythmes de travail et leur transmettent des stratĂ©gies rĂ©gulatrices. 15Le collectif est enfin chargĂ© de la sĂ©lection des recrues. Nous avons montrĂ© ailleurs comment le collectif de travail contrĂŽle en partie le processus dâintĂ©gration des recrues Aubry, 2010 pendant les phases dite de doublage », en France, et dâ orientation » ou training » au QuĂ©bec. Le processus est sensiblement identique dans les deux contextes. Durant ces phases de 2 Ă 5 jours, une ancienne est chargĂ©e de superviser une nouvelle arrivante lors de phases pratiques durant lesquelles les rythmes de travail sont en jeu, soit les toilettes, les bains, les repas. Lâancienne Ă©met rapidement un jugement sur la capacitĂ© de la recrue Ă respecter les rythmes de travail contradictoires. Ainsi, la phase dâintĂ©gration se prĂ©sente comme un processus dâinteraction par lequel une nouvelle recrue va ĂȘtre habilitĂ©e Stroobants, 2007 par une ancienne Ă travailler selon les normes collectives. Celles qui ont tendance Ă respecter davantage le rythme rapide sont rapidement identifiĂ©es comme capables de pratiques maltraitantes. Celles qui respectent majoritairement le rythme du travail relationnel sont perçues comme des novices peu soucieuses de la charge de travail collective, qui pourrait entraĂźner une perte de temps mal vĂ©cue par le collectif dâaides-soignantes. Le collectif peut donc Ă©carter les nouvelles recrues qui ne parviennent pas Ă respecter les rythmes prescrits. Les aides-soignantes plus expĂ©rimentĂ©es ayant dĂ©jĂ vĂ©cu de telles phases de doublage ou dâorientation parlent des jeunes recrues compĂ©tentes comme celles sachant prendre des initiatives » France ou sachant tenir un beat » QuĂ©bec. Ces termes illustrent la capacitĂ© des recrues Ă respecter un rythme rapide dans le souci dâattĂ©nuer la charge de travail collective, tout en sachant rĂ©duire la cadence temporairement au contact du rĂ©sident. Quand une jeune arrive, tu vois vite si elle lâa ou pas⊠Il faut quâelle soit douce avec la madame, mais jamais elle doit trop prendre de temps parce quâelle peut mettre en retard tout le monde. [âŠ] il faut quâelle ait le beat, quâelle sache aller dâun rĂ©sident Ă un autre sans perdre de temps. » aide-soignante, QuĂ©bec, 36 ans, 15 ans dâexpĂ©rience 16Accepter ces normes et les mettre en application nâest pas un processus aisĂ©. Il paraĂźt en effet difficile, pour les nouvelles arrivantes, de respecter ces deux normes contradictoires sans tendre durant leurs premiĂšres expĂ©riences Ă rĂ©pondre prioritairement Ă lâune ou lâautre des injonctions. PrĂ©cisĂ©ment, le collectif dĂ©tient une quatriĂšme fonction, soit celle de crĂ©ateur/transmetteur de stratĂ©gies de rĂ©gulation nĂ©cessaires Ă lâĂ©quilibrage des rythmes de travail des nouvelles recrues. Le collectif et la transmission des stratĂ©gies de rĂ©gulation 17Le mĂ©tier dâaide-soignante est largement considĂ©rĂ© dans les Ă©crits scientifiques comme une activitĂ© professionnelle Ă faible technicitĂ© Arborio, 2009. Cette affirmation tient compte de la division technique du travail au sein des organisations hospitaliĂšres, et, plus prĂ©cisĂ©ment, gĂ©riatriques plus le poste occupĂ© dans cette division est Ă©levĂ©, plus celui-ci nĂ©cessite la connaissance et lâapplication de compĂ©tences techniques, comme câest le cas pour les mĂ©decins ou les infirmiĂšres. Les aides-soignantes, au bas de cette Ă©chelle technique, dĂ©fendent davantage lâusage de compĂ©tences relationnelles Arborio, 2001 quâelles dĂ©veloppent au contact du rĂ©sident. Dans le cadre de notre Ă©tude, elles construisent et utilisent des stratĂ©gies de rĂ©gulation afin de parvenir Ă respecter les rythmes temporels contradictoires. Pour reprendre les propos de Bourrier 2009, les aides-soignantes ont acquis des zones de compĂ©tences quâ[elles] sont les seul[e]s Ă dĂ©tenir parfaitement. Câest le groupe dans son ensemble qui au final, rĂ©ussit Ă se construire par toute une sĂ©rie de tactiques, conscientes et inconscientes tout Ă la fois » p. 152. Dans la lignĂ©e des travaux de Caroly et Weill-Fassina 2007, nous dĂ©finissons ces stratĂ©gies de rĂ©gulation comme un ensemble de pratiques tacites collectivement partagĂ©es et transmises entre aides-soignantes expĂ©rimentĂ©es et novices, et qui permettent de respecter les exigences imposĂ©es malgrĂ© leur Ă©ventuel caractĂšre contradictoire. Selon ces auteurs 2004, des stratĂ©gies de rĂ©gulation peuvent rĂ©soudre les conflits engendrĂ©s par les contradictions vĂ©cues en situation de travail. 18Nous avons pu observer et rĂ©pertorier des stratĂ©gies de rĂ©gulation dans les quatre organisations. Elles ont toutes pour fonction de rĂ©pondre aux exigences contradictoires des organisations gĂ©riatriques en termes de rythmes de travail. Mais la nature de ces stratĂ©gies et leur mode de transmission diffĂšrent dâune organisation Ă une autre. En effet, elles dĂ©pendent des contextes locaux, des caractĂ©ristiques de chacune des organisations nombre de rĂ©sidents, ratios, etc., des problĂ©matiques spĂ©cifiques Ă chacune dâentre elles, et du degrĂ© de libertĂ© et dâautonomie laissĂ©e au collectif pour crĂ©er, utiliser et transmettre des stratĂ©gies de rĂ©gulation. Nous avons choisi de catĂ©goriser exclusivement ces stratĂ©gies selon le critĂšre du respect des rĂšgles dictĂ©es par la hiĂ©rarchie certaines sont manifestement clandestines, puisquâelles ne respectent pas stricto sensu les pratiques prescrites par la hiĂ©rarchie organisationnelle infirmiĂšres et chefs dâunitĂ© de vie au QuĂ©bec, infirmiĂšres et cadres de santĂ© en France ; dâautres sont communĂ©ment acceptĂ©es par cette hiĂ©rarchie et la direction dâhĂ©bergement. Ce type de catĂ©gorisation ne permet pas dâidentifier dans le dĂ©tail le poids des caractĂ©ristiques organisationnelles dans la crĂ©ation de ces stratĂ©gies ; mais il a le mĂ©rite de comparer ces organisations selon un critĂšre identique, soit la conformitĂ© de ces stratĂ©gies aux pratiques prescrites par la hiĂ©rarchie. Nous prĂ©sentons donc quatre stratĂ©gies observĂ©es. StratĂ©gies acceptĂ©es par la hiĂ©rarchie organisationnelle 19EHPAD 1. Dans cette organisation française, une des stratĂ©gies observĂ©es consiste Ă commencer le travail du matin par les rĂ©sidents les plus dĂ©pendants physiquement, car leur rĂ©veil et leur toilette sont susceptibles de prendre le plus de temps. Ceci permet au personnel de mieux maĂźtriser les rythmes Ă tenir durant la journĂ©e de travail si le temps passĂ© pour les premiers rĂ©sidents est considĂ©rĂ© comme long, les aides-soignantes pourront rattraper leur retard auprĂšs des autres rĂ©sidents, en accĂ©lĂ©rant le rythme hors de la phase de proximitĂ©. Le temps rĂ©servĂ© aux autres rĂ©sidents pourra ĂȘtre plus flexible, puisque les risques de ralentissement seront plus faibles. NĂ©anmoins, lâusage dâune telle stratĂ©gie nâest pas assurĂ© dans toutes les organisations il faut que les infirmiĂšres responsables de lâencadrement des aides-soignantes acceptent de leur laisser une certaine marge de libertĂ© dans la construction du plan de travail, ce qui est le cas dans le service Ă©tudiĂ© Quand je suis arrivĂ©e, il y a une semaine, ma tutrice mâa dit tu prends les plus difficiles de ton plan de travail en premier ; par exemple, tu prends les plus lourds, et tu finis par les plus lĂ©gers⊠ça permet de mieux gĂ©rer la journĂ©e, dâĂȘtre moins speed. » aide-soignante, France, 19 ans, nouvelle recrue 20ParallĂšlement, grĂące Ă cette libertĂ© donnĂ©e au collectif de travail de modifier son plan de travail, la transmission de la stratĂ©gie est facilitĂ©e. Lâaide-soignante expĂ©rimentĂ©e peu librement la proposer Ă la recrue, et celle-ci peut aisĂ©ment en discuter avec les autres collĂšgues et lâintĂ©grer Ă ses stratĂ©gies. 21CHSLD 2. Une autre stratĂ©gie acceptĂ©e par la hiĂ©rarchie, identifiĂ©e dans une organisation quĂ©bĂ©coise, consiste Ă alimenter deux rĂ©sidents en mĂȘme temps. Par exemple, durant le dĂ©jeuner, une aide-soignante peut alimenter alternativement deux rĂ©sidents placĂ©s en face dâelle ; ceci permet de rester proche dâeux tout en gagnant du temps. Lâusage dâune telle stratĂ©gie est acceptĂ© par le chef dâunitĂ© de vie du service Ă©tudiĂ©, qui nây voit pas dâatteinte aux besoins du rĂ©sident ; de fait, sa transmission auprĂšs des nouvelles recrues est facilitĂ©e. StratĂ©gies clandestines 22EHPAD 2. Dans cette organisation, la stratĂ©gie observĂ©e consiste Ă retarder le passage aux toilettes dâun patient souffrant dâincontinence. Emmener un patient aux toilettes est considĂ©rĂ© par le personnel comme un acte long, qui demande beaucoup de temps 5 Ă 15 minutes. Si elles garantissent quâil faut toujours sâinformer de lâurgence de la demande du rĂ©sident, certaines aides-soignantes estiment quâil nâest pas nĂ©cessaire dâaccepter Ă chaque fois quâun rĂ©sident demande Ă ĂȘtre emmenĂ© aux toilettes, et choisir plutĂŽt une ou deux pĂ©riodes maximum durant une demi-journĂ©e de travail pour rĂ©pondre Ă ce besoin. Les aides-soignantes estiment respecter les besoin des rĂ©sidents en procĂ©dant ainsi, mais ce nâest pas lâavis du cadre de santĂ© du service Ă©tudiĂ©, qui voit dans cette pratique une forme de maltraitance non-avouĂ©e. Ainsi, les aides-soignantes parlent peu de cette stratĂ©gie, et tentent de cacher cette pratique Ă leur hiĂ©rarchie. De fait, la transmission auprĂšs des nouvelles arrivantes nâest pas un processus aisĂ© elle a souvent lieu aux moments oĂč le contrĂŽle de la hiĂ©rarchie est faible, notamment durant les pauses. De plus, cette stratĂ©gie peut donner un sentiment de culpabilitĂ© Ă la nouvelle recrue On a un monsieur qui est incontinent, et une collĂšgue mâavait dit si tu peux Ă©viter dâaller toujours rĂ©pondre si câest pour aller aux toilettes, ce serait bien, parce quâil va vouloir y aller toutes les dix minutes⊠Ăa mâa beaucoup dĂ©rangĂ©e au dĂ©but, et puis avec le temps tu te dis que câest mieux, sans ça ta journĂ©e nâavance pas. » aide-soignante, France, 22 ans, nouvelle recrue 23On constate quâune telle stratĂ©gie pose un problĂšme Ă©thique essentiel aux nouvelles recrues pour ne pas perdre de temps, elles doivent accepter de ne pas rĂ©pondre aux demandes du rĂ©sident, contrevenant par lĂ mĂȘme aux objectifs de leur pratique. Mais lâadhĂ©sion Ă un collectif peut normaliser une situation de doute sur la qualitĂ© de sa pratique. Cela lui permet de ne pas tomber dans le dĂ©senchantement individuel et de trouver dans la solidaritĂ© collective une forme dâappui moral. 24CHSLD 1. Dans cette organisation, une stratĂ©gie clandestine observĂ©e consiste Ă utiliser seul un lĂšve-personne appelĂ© souleveur » au QuĂ©bec pour les rĂ©sidents fortement dĂ©pendants afin de pouvoir changer leurs draps. La direction dâĂ©tablissement demande pourtant explicitement de rĂ©aliser ces actes Ă deux aides-soignantes, afin que le rĂ©sident ne risque pas de chuter. Mais on a pu observer que, dans certaines situations oĂč le personnel est en retard par rapport Ă son plan de travail, des aides-soignantes nâhĂ©sitent pas Ă le faire toutes seules, pour ne pas attendre quâune collĂšgue se libĂšre. Elles prennent beaucoup de prĂ©cautions pour ne pas risquer une chute du rĂ©sident, et considĂšrent de ce fait quâelles ne le mettent pas en danger. Du fait de sa nature clandestine, il semble difficile que cette stratĂ©gie puisse ĂȘtre transmise facilement aux recrues. Elle pourrait poser, elle aussi, un problĂšme Ă©thique aux recrues, cause dâune souffrance morale que lâappartenance Ă un collectif peut apaiser. Une fragilisation du rĂŽle du collectif Individualisation du rapport aux rythmes du travail 25La transmission de ces stratĂ©gies, quâelles soient clandestines ou acceptĂ©es par la hiĂ©rarchie, par les aides-soignantes expĂ©rimentĂ©es et leur acquisition par les jeunes recrues reprĂ©sentent des vĂ©ritables enjeux Ă©thiques. Le collectif de travail peut jouer un rĂŽle de soutien moral permettant aux nouvelles recrues de ne pas sentir coupable en respectant des exigences organisationnelles. 26Pourtant, les conditions positives permettant une transmission rĂ©ussie de ces stratĂ©gies entre aides-soignantes en gĂ©riatrie semblent actuellement difficiles Ă trouver, et ce dans les deux contextes français et quĂ©bĂ©cois. Le rĂŽle structurant du collectif de travail dâaides-soignantes envers les recrues paraĂźt en effet fragilisĂ© actuellement Estryn-Behar, 2011. Les moments oĂč le personnel expĂ©rimentĂ©, titulaire, encadre le personnel novice, majoritairement prĂ©caire, semblent plus rares et de moins bonne qualitĂ©, par lâeffet de lâintensification du travail et du fort roulement de personnel Divay, 2010. 27Cet Ă©tat de fait peut aboutir Ă une individualisation du rapport des aides-soignantes au travail, et notamment aux rythmes de travail contradictoires. Les consĂ©quences peuvent ĂȘtre importantes. Par exemple, nous avons pu noter que les travailleurs expĂ©rimentĂ©s, en France et au QuĂ©bec, tendent Ă refuser frĂ©quemment de rĂ©aliser des pratiques de doublage ou dâorientation devant assurer ces phases dâintĂ©gration pendant leur pĂ©riode de travail, les anciennes disent ne pas avoir le temps de bien transmettre leurs compĂ©tences ; de plus, le fort taux de roulement de personnel les conduit Ă penser que leur travail de transmission nâa pas ou peu dâutilitĂ©. Je refuse actuellement de faire de lâorientation⊠Câest trop de travail. On en fait de plus en plus, et il faut en plus quâon fasse du doublage durant notre pĂ©riode de travail⊠Câest toujours des nouvelles qui arrivent, qui repartent, câest toujours Ă refaire. » aide-soignante, France, 52 ans, 33 ans dâexpĂ©rience 28Si les anciennes aides-soignantes refusent dâencadrer de telles pĂ©riodes dâintĂ©gration, les nouvelles recrues devront affronter seules les rythmes de travail. Cette expĂ©rience est nĂ©gative, surtout lorsque la nouvelle ne maĂźtrise pas encore les situations, et que lâexpĂ©rience professionnelle dâaide-soignante reprĂ©sente une nouveautĂ© pour la recrue hors de la pĂ©riode de stage. Ma premiĂšre expĂ©rience, jâai dĂ» la faire toute seule. En fait, celle qui devait me superviser a dĂ» remplacer quelquâun dâautre qui Ă©tait absente, alors on mâa dit âok, tu vas devoir te dĂ©brouillerâ, alors jâai fait mes toilettes⊠jâĂ©tais un peu en retard mais on mâa aidĂ©e Ă la fin pour finir avant midi. » aide-soignante, France, 25 ans, 2 ans dâexpĂ©rience 29Cette situation de solitude face aux exigences du travail peut donc ĂȘtre particuliĂšrement mal vĂ©cue pour une forte proportion de nouvelles recrues. Comment une nouvelle recrue parvient-elle Ă trouver un Ă©quilibre temporel si aucun personnel expĂ©rimentĂ© nâest prĂ©sent pour imposer les normes collectives de rythmes de travail, ou pour transmettre des stratĂ©gies de rĂ©gulation ? Par ailleurs, comment une nouvelle recrue peut-elle ne pas tendre vers la rĂ©signation si elle utilise une stratĂ©gie clandestine sans soutien moral du collectif de travail ? Il y a une semaine, une nouvelle est venue, mais on ne pouvait pas faire de training, on Ă©tait dans le jus. On lui a dit quâon lâaiderait la journĂ©e suivant, mais la pauvre Ă©tait tellement en retard quâelle a refusĂ© de faire une seconde journĂ©e. Elle se sentait mal Ă lâidĂ©e de ne pas prendre du temps pour les rĂ©sidents. » aide-soignante, QuĂ©bec, 44 ans, 23 ans dâexpĂ©rience 30Ainsi, lâĂ©tat actuel des organisations gĂ©riatriques rend la pĂ©riode dâintĂ©gration des nouvelles recrues complexe et difficile. Il paraĂźt de plus en plus difficile pour elles dâintĂ©grer des stratĂ©gies de rĂ©gulation qui leur permettrait de faciliter leur expĂ©rience professionnelle, car les pĂ©riodes de transmission se rarĂ©fient ou se complexifient. Dans ce cadre, les stratĂ©gies collectives de rĂ©gulation tendent Ă se transformer en stratĂ©gies individuelles de dĂ©fense afin de tenir » individuellement face aux contradictions des rythmes de travail. Ces stratĂ©gies individuelles nâont plus vocation Ă rĂ©pondre adĂ©quatement Ă des exigences contradictoires ressenties collectivement, mais Ă sacrifier une exigence pour mieux rĂ©pondre Ă lâautre â le plus souvent celle privilĂ©giant le rythme organisationnel. Nous avons pu observer certaines de ces stratĂ©gies une aide-soignante, en France, refuse de rĂ©pondre au tĂ©lĂ©phone dans la chambre dâun rĂ©sident car elle prĂ©tend que le membre de la famille qui appelle lui fait perdre beaucoup de temps et lâempĂȘche de respecter le plan de travail. Ici, la relation au rĂ©sident est sacrifiĂ©e au profit du rythme de travail imposĂ© par le collectif. Au QuĂ©bec, une ancienne demande Ă une nouvelle recrue, ayant terminĂ© sa phase dâorientation, de faire la toilette de rĂ©sidents fortement dĂ©pendants, ce qui nĂ©cessite un temps consĂ©quent. Lâancienne explique son choix par le fait que la nouvelle apprendra plus vite si elle sâoccupe de ce type de rĂ©sidents tout de suite ». En fait, lâancienne, jouissant de ses annĂ©es dâexpĂ©rience, prĂ©fĂšre dĂ©lĂ©guer Ă sa collĂšgue une tĂąche complexe, afin de consacrer davantage de temps Ă ses patients », câest-Ă -dire aux moins rĂ©calcitrants Molinier, 2005. Le risque de dĂ©veloppement de la souffrance Ă©thique 31Ces deux exemples, parmi dâautres, dĂ©montrent toute lâimportance de prendre en compte ce processus dâindividualisation du rapport au travail en gĂ©riatrie. Le manque dâencadrement collectif des aides-soignantes peut les conduire Ă faire du rĂ©sident non plus un sujet qui a des besoins mais lâobjet autour duquel tournent les problĂ©matiques des rythmes de travail. La dĂ©personnalisation des rĂ©sidents Caradec, 2001 et les pratiques maltraitantes peuvent alors devenir des risques concrets En situation de surcharge, il est facile dâoublier lâhumanitĂ© de quelquâun » Molinier, 2010a, p. 116. La maltraitance Ă©voquĂ©e ici nâest pas considĂ©rĂ©e comme une forme individualisĂ©e de violence dâun acteur professionnel envers un rĂ©sident, mais comme le rĂ©sultat dâune organisation du travail inadĂ©quate Molinier, 2010b qui favorise la priorisation de la charge de travail et du respect du rythme de travail organisationnel. 32De ce fait, ce processus dâindividualisation peut avoir Ă©galement des consĂ©quences en termes de santĂ© au travail. Nous avons montrĂ© que le collectif de travail tend Ă protĂ©ger chacune des aides-soignantes de ses doutes sur la qualitĂ© de ses pratiques. Un effritement du collectif provoque pour ses membres une forme de souffrance dite Ă©thique Ingwiller et Molinier, 2010, nĂ©e de lâĂ©cart entre lâimage valorisĂ©e du mĂ©tier et le travail rĂ©el. Cette souffrance se dĂ©finit comme un mal-ĂȘtre consĂ©cutif au fait de rĂ©aliser des actes moralement condamnables. Bonnemain, Vidal-Gomel et Bourmaud 2011 ont particuliĂšrement bien dĂ©montrĂ© comment la souffrance Ă©thique chez les aides-soignantes en gĂ©riatrie en France naĂźt du sentiment de ne pas pouvoir offrir une assistance de qualitĂ© lorsque la charge de travail est excessive. Prolongeant cette idĂ©e, il faut noter toute lâimportance du collectif dans la transmission des stratĂ©gies de rĂ©gulation des anciennes aux nouvelles, afin dâĂ©viter ce type de souffrance ; le savoir issu du collectif se discute et se transmet des plus anciennes aux novices, le savoir-faire du care est le produit dâune expĂ©rience collective » Molinier, 2009, p. 451. 33Ainsi, reprenant lâidĂ©e de De Bandt, Dejours et Dubar 1995, nous pensons quâun espace de dĂ©libĂ©ration est nĂ©cessaire Ă la construction dâune intelligence collective et dâune logique de coopĂ©ration entre pairs. Selon Dejours 2009, p. 293, La coopĂ©ration, câest ce quâil faut collectivement inventer pour combler les lacunes, pour adapter et ajuster les prescriptions formulĂ©es par la hiĂ©rarchie, câest-Ă -dire adapter ou âinterprĂ©terâ les ordres. ». 34Une organisation ou un mode de gestion du personnel doivent donner suffisamment dâespace Ă ses membres pour construire une telle coopĂ©ration. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© Foner, 1993 ; Bourrier, 2009 toute lâimportance des phases de repos et de repas entre les membres de lâĂ©quipe dâaides-soignantes afin de construire un tel espace de discussion collective. La phase dâintĂ©gration des nouvelles recrues doit prĂ©cisĂ©ment ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un tel espace-temps de dĂ©libĂ©ration, pour trouver des accords normatifs collectifs Dejours, 2009 qui rĂ©pondent aux problĂšmes de lâorganisation. Selon nous, la fragilisation dâune telle phase gĂȘne la rĂ©gulation collective, contribuant ainsi Ă la souffrance Ă©thique, jusquâĂ expliquer les forts taux de dĂ©missions et dâabsences pour les nouvelles recrues prĂ©sentĂ©s plus haut. 35Nous avons montrĂ© dans cet article que la phase dâintĂ©gration des nouvelles recrues aides-soignantes dans les organisations gĂ©riatriques françaises et quĂ©bĂ©coises est une phase complexe dâexpĂ©rimentation du mĂ©tier, oĂč elles dĂ©couvrent des normes collectives de rythmes de travail. Nous avons pu constater que les aides-soignantes tendent Ă suivre collectivement un mĂȘme objectif respecter ces rythmes de travail par lâusage et la transmission de stratĂ©gies de rĂ©gulation afin de rĂ©pondre Ă des prescriptions contradictoires. 36NĂ©anmoins, notre Ă©tude prĂ©sente deux limites majeures. La premiĂšre tient au faible nombre dâĂ©tablissements observĂ©s. Une Ă©tude portant sur davantage dâĂ©tablissements et dâaides-soignantes, pourrait permettre de construire un catalogue plus Ă©tendu des stratĂ©gies utilisĂ©es. Une seconde limite porte sur notre choix de considĂ©rer uniquement ces stratĂ©gies selon leur degrĂ© de conformitĂ© envers les pratiques prescrites par la hiĂ©rarchie. Une analyse plus fine des organisations histoire, caractĂ©ristiques du personnel, etc. permettrait de mieux identifier les conditions favorisant lâĂ©mergence de ces stratĂ©gies, et de les rapporter Ă leur contexte culturel national ou provincial. 37Postulant nĂ©anmoins lâexistence et lâusage de ces stratĂ©gies de rĂ©gulation des rythmes de travail, nous pouvons proposer une piste dâamĂ©lioration de lâintĂ©gration des nouvelles recrues. En accord avec les travaux de Yeatts et al. 2004, il serait pertinent que la hiĂ©rarchie organisationnelle donne davantage dâautonomie et de pouvoir aux aides-soignantes dans lâorganisation de leur travail, tout en contrĂŽlant leur qualitĂ© finale. Ceci permettrait aux aides-soignantes, et plus particuliĂšrement aux nouvelles recrues, dâutiliser, voire de crĂ©er davantage de stratĂ©gies, sans tomber dans la crainte dâĂȘtre jugĂ© comme un membre incompĂ©tent », voire maltraitant », par un membre de la hiĂ©rarchie.
Pouraccompagner et entourer la personne en fin de vie dans ses choix, y compris les plus difficiles (comme par exemple le don dâorganes), il est
Vous ĂȘtes un salariĂ© en CDD ou CDI et vous souhaiteriez effectuer une formation afin de monter en compĂ©tences ou dâenvisager un nouveau mĂ©tier ? Sachez que dĂ©sormais chaque salariĂ© dispose dâun Compte Personnel de Formation CPF et que vos cotisations vous donnent le droit Ă un financement pour rĂ©aliser des formations. A ce titre, vous avez le droit de demander des congĂ©s payĂ©s ou sans solde dans le but dâassister Ă cette formation. Votre employeur nâest pas obligĂ© dâaccepter votre indisponibilitĂ© voir le code du travail sur le droit des salariĂ©s, mais vous avez tout Ă fait le droit de lui demander un congĂ©s de formation professionnelle, voir de participer financiĂšrement en complĂ©ment de votre CPF aux coĂ»ts que celle-ci engendre. ModĂšle de lettre de formation professionnelle Ă son employeur Vous pourrez utiliser le modĂšle ci-dessous pour formuler une demande de congĂ©s payĂ©s Ă votre employeur afin de rĂ©aliser votre formation. Veillez Ă bien le remplir avec vos propres informations PrĂ©nom, Nom Adresse Code Postal et Ville Destinataire Adresse Code Postal et Ville Ă ville, le xx/xx/xx Objet Demande de formation professionnelle PiĂšces-jointes les indiquer Madame, Monsieur, EmployĂ©e de indiquer le secteur dans votre entreprise en tant que indiquer la fonction souhaitĂ©e, je dĂ©sire aujourdâhui me rĂ©orienter professionnellement vers le mĂ©tier de indiquer le nom du mĂ©tier. Par la prĂ©sente, je vous adresse une requĂȘte de prise en charge de ma formation de indiquer la formation de indiquer le nom de lâorganisme, dans le cadre de indiquer la nature du dispositif. Je vous ai dâailleurs transmis la fiche descriptive de cette formation en piĂšce jointe. En consĂ©quence, je vous demande de mâoctroyer un mois de congĂ©s sans soldes, temps nĂ©cessaire Ă cette formation, et vous propose de contribuer financiĂšrement, Ă hauteur de 2000⏠pour le coĂ»t qui est non supportĂ© par mon Compte Personnel de Formation. Titulaire dâun indiquer le diplĂŽme de plus cohĂ©rent avec la formation, je pratique mon mĂ©tier depuis maintenant indiquer le nombre annĂ©es, dont indiquer le nombre au sein de votre entreprise Ă ne noter que si vous avez dĂ©jĂ travaillĂ© pour cet employeur. Durant ma carriĂšre, jâai occupĂ© les fonctions suivantes de indiquer les fonctions occupĂ©es pendant nombre dâannĂ©es annĂ©es. Cela mâa rendu possible lâassimilation de nombreuses compĂ©tences, comme indiquer les compĂ©tences les plus cohĂ©rentes avec la formation, ainsi que lâassimilation de qualitĂ©s de indiquer les qualitĂ©s les plus cohĂ©rentes avec la formation. Je dĂ©sire aujourdâhui, professionnellement comme personnellement, orienter ma carriĂšre vers le mĂ©tier de indiquer le mĂ©tier, pour pouvoir Ă©voluer dans lâentreprise quand un poste de cette nature viendra Ă ĂȘtre vacant ou créé indiquer âou crééâ seulement si câest un poste qui sera prochainement prĂ©sent dans lâentreprise. Câest naturellement que jâai choisi dâaller dans cette voie, car je suis indiquer les traits de personnalitĂ© pertinents et jâai indiquer les expĂ©riences pertinentes. Je vous remercie par avance de la considĂ©ration que vous porterez Ă ma demande, et suis Ă votre entiĂšre disposition pour convenir dâun entretien afin de vous expliquer plus en dĂ©tail mon projet. Dans lâattente de votre rĂ©ponse, qui jâespĂšre sera positive, veuillez agrĂ©er, Madame, Monsieur, lâexpression de mes sentiments distinguĂ©s. Signature PrĂ©nom et Nom Pour aller plus loin si vous avez des questions sur la formation professionnelle, son financement et les congĂ©s, vous pouvez poser votre question dans les commentaires, et vos camarades y rĂ©pondront đ volontiers.
Sylvie 50 ans Sylvie « Je suis aide-soignante et j'ai suivi une formation de clown qui m'a beaucoup plu. Spontanément, je suis beaucoup dans la dérision et dans l'humour, mais j'ai compris la
Ludivine Chambet, infirmiĂšre soupçonnĂ©e d'avoir administrĂ© des cocktails mortels Ă des retraitĂ©s arrive au tribunal de ChambĂ©ry, le 9 mai 2017 / AFP "Ce que j'ai fait est trĂšs terrible" l'aide-soignante accusĂ©e d'avoir empoisonnĂ© volontairement, en mĂ©langeant des mĂ©dicaments, 13 pensionnaires d'une maison de retraite, dont 10 en sont morts, a commencĂ© mardi Ă faire face Ă ses actes devant les assises de la Savoie."J'ai travaillĂ© beaucoup avec les psychiatres et psychologues pour comprendre ce qui s'est passĂ©", a dĂ©clarĂ© Ludivine Chambet. Cette jeune femme de 33 ans, de grande taille, cheveux longs, ne laisse passer qu'un filet de voix au timbre enfantin."J'espĂšre que ce procĂšs va pouvoir faire avancer les choses et rĂ©pondre aux questions des familles", ajoute-t-elle aprĂšs la longue Ă©numĂ©ration de ses victimes par la prĂ©sidente de la cour, Isabelle jours d'audience sont prĂ©vus pour revenir sur l'ensemble des faits l'administration de cocktails de neuroleptiques et antidĂ©presseurs durant un an, entre 2012 et 2013, Ă huit femmes et cinq hommes de 76 Ă 96 ans, rĂ©sidents de l'Ă©tablissement d'hĂ©bergement pour personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes Ehpad Le CĂ©salet, Ă Jacob-Bellecombette Savoie, relevant du Centre hospitalier de dĂ©crite comme compĂ©tente et investie dans son travail, Ă©tait Ă cette Ă©poque trĂšs affectĂ©e par le dĂ©cĂšs de sa mĂšre, atteinte d'une leucĂ©mie aiguĂ«, en juin 2013. Fille unique, cĂ©libataire et sans enfant, Ludivine Chambet entretenait avec elle une relation fusionnelle et ne supportait plus de voir des gens 'ScĂ©nario criminel' -Pour Patricia, petite-fille d'une des victimes dĂ©cĂ©dĂ©es, comme tant d'autres, aprĂšs un malaise aussi soudain qu'inexpliquĂ©, "c'est une horreur" "Dans cette histoire, on nous l'a enlevĂ©e plusieurs fois quand elle est morte et quand on a su que ce n'Ă©tait pas naturel"."On a tous nos souffrances et pour autant, on ne passe pas Ă l'acte, on ne tue pas les gens!", a renchĂ©ri Patrick, autre petit-enfant de la mĂȘme dame, qui se demande "comment" celle dont il "ne peut pas prononcer le nom" a "pu mettre en place ce scĂ©nario criminel".Jacques Pachoud, fils d'une autre victime, Ă©voque une "forme de haine et de colĂšre" contre l'aide-soignante qu'il ne connaissait pas, mĂȘme s'il allait voir "maman une fois par semaine". "C'est un meurtre", assĂšne cet homme grisonnant, qui se rappelle avoir placĂ© sa mĂšre Ă l'Ehpad "pour qu'elle soit le mieux possible".Il va falloir du temps pour comprendre le cheminement de Ludivine Chambet, enfant sur-protĂ©gĂ©e par sa mĂšre aprĂšs une naissance prĂ©maturĂ©e, doublĂ©e d'une maladie gĂ©nĂ©tique rare, impliquant des opĂ©rations lourdes dans sa tĂŽt confrontĂ©e Ă la maladie, complexĂ©e par sa taille et ses sĂ©quelles physiques dont une cicatrice sur le ventre, cette jeune femme "posĂ©e, polie, effacĂ©e mais au discours construit et cohĂ©rent", selon l'experte en personnalitĂ© qui l'a rencontrĂ©e en dĂ©tention, a peu d'amis et une vie sentimentale quasi 'Demander pardon aux familles' -Mais elle rĂ©ussit sa formation d'aide-soignante et trouve du se dĂ©finit elle-mĂȘme comme "gentille, serviable, Ă l'Ă©coute de l'autre" et a toujours voulu ĂȘtre "au service de la personne", au contact d'une mĂšre trĂšs exclusive avec elle mais ouverte aux autres et partageant ses amies."D'avoir perdu sa maman, elle s'est perdue elle-mĂȘme", dit Ă la barre une amie de la mĂšre de Ludivine. "Elles Ă©taient tellement fusionnelles que la crainte de sa mĂšre au terme de sa vie, NDLR Ă©tait qu'elle se retrouve sans attache".Pourtant son pĂšre est bien vivant, c'est un homme "que j'apprends Ă connaĂźtre depuis que je suis incarcĂ©rĂ©e", confie l'aide-soignante. Une dĂ©tention oĂč cette catholique pratiquante a eu l'occasion de se confesser et de "demander pardon Ă Dieu d'avoir effectuĂ© ces actes ... des actes affreux"."J'aimerais demander pardon aux familles, je souhaite vraiment demander pardon aux familles. Je veux vraiment demander pardon aux familles", insiste-t-elle sous les coups de boutoirs de son avocat. Une insistance, doublĂ©e d'une incapacitĂ© Ă le faire Ă ce stade des dĂ©bats, qui en vient Ă gĂȘner ces encourt la rĂ©clusion criminelle Ă perpĂ©tuitĂ©.
durantlesquels ils souhaitent aborder les diffĂ©rentes informations. LA TRANSMISSION DâINFORMATIONS Limites Transmission dâinformations LES FILTRES C O N T E X T U E L S C O G N I T I F S E M O T I O N N E L S Prise de dĂ©cision AdhĂ©sion au traitement Satisfaction. LA TRANSMISSION DâINFORMATIONS Limites cognitives du patient Attention sĂ©lective fluctuante
BientĂŽt lâentretien annuel dâĂ©valuation. Attendue ou redoutĂ©e, voici une occasion unique de faire le point avec votre chef sur cette annĂ©e passĂ©e, envisager votre avenir professionnel et pourquoi pas revoir votre rĂ©munĂ©ration. Mais comment sây prĂ©parer ? Avec les conseils de notre coach Anne Delestan. Etape 1 Lâentretien annuel dâĂ©valuation câest quoi dĂ©jĂ ?Comme chaque annĂ©e, vous avez rendez-vous avec votre manager pour votre entretien annuel dâĂ©valuation. Comme chaque annĂ©e aussi, vous redoutez ce moment et en mĂȘme temps ne pouvez cacher votre impatience. Câest un peu normal, lâentretien annuel dâĂ©valuation est le passage obligĂ© pour tout salariĂ© qui se respecte. Il est devenu au fil du temps un vrai outil de management, un moment clĂ© de dialogue oĂč vous avez lâopportunitĂ© de tout dire ou presque Ă votre manager. Vous allez pouvoir vous exprimer sur cette annĂ©e, le bilan que vous en tirez et les domaines dans lesquels vous voudriez vous amĂ©liorer. Aussi les changements que vous espĂ©rez, les questions que vous vous posez et les difficultĂ©s rencontrĂ©es. Autant dâĂ©lĂ©ments quâil vous faudra manier avec dĂ©licatesse et intelligemment doser. De son cĂŽtĂ©, votre manager Ă©valuera vos rĂ©sultats et fixera de nouveaux objectifs. De plus en plus dâentreprises pratiquent aussi des entretiens oĂč le collaborateur doit sâauto-Ă©valuer et se situer sur une Ă©chelle estimative et symbolique, ce qui est loin dâĂȘtre Ă©vident. Dans tous les cas une bonne prĂ©paration sâimpose. Etape 2 Faites le bilanPour prĂ©parer votre entretien, commencez par vous remettre en tĂȘte le descriptif de votre poste afin de comparer les missions que vous avez menĂ©es et ce quâon attendait de vous. En rĂ©sumĂ© avez-vous atteint vos objectifs ? Reprenez de façon trĂšs factuelle toutes les Ă©tapes importantes de lâannĂ©e, notez vos rĂ©alisations concrĂštes et confrontez-les Ă vos objectifs initiaux. RĂ©flĂ©chissez Ă ce qui vous a permis dâarriver Ă ces rĂ©sultats attitude, travail, qualitĂ©. Replacez vos objectifs dans les enjeux de lâentreprise. Dans quelle logique sâinscrivent-ils ? Quel est leur sens ? Analysez ce qui a bien fonctionnĂ© mais aussi les difficultĂ©s que vous avez rencontrĂ©es. Etape 3 Formalisez vos perspectives pour la prochaine annĂ©eDurant cet entretien, aprĂšs avoir exprimĂ© comment vous avez vĂ©cu cette annĂ©e, vous allez devoir aborder vos perspectives pour le futur. Cela impose que vous rĂ©pondiez Ă quelques questions en amont comment voyez-vous votre poste Ă©voluer ? Quelles responsabilitĂ©s nouvelles aimeriez-vous exercer ? De quoi avez-vous besoin pour progresser ? Quâaimeriez-vous changer ? Lâentretien annuel dâĂ©valuation est lâoccasion pour vous de solliciter des aides, de demander des formations, de suggĂ©rer des amĂ©nagements pour votre poste et aussi de glisser habilement une demande dâaugmentation. Exemple Compte tenu de la description de mon poste et de ce que je fais concrĂštement aujourdâhui, est-ce que cela ne vaudrait pas un enrichissement de ma rĂ©munĂ©ration ? » Câest aussi le moment de faire le point sur votre relation avec votre manager, de lui dire ce que vous apprĂ©ciez dans son mode de management et de lui faire part de vos interrogations. Etape 4 Et si vous devez vous noterSi votre entreprise vous demande de vous Ă©valuer sur la base dâun questionnaire, utilisez la technique du sandwich constructif et positif. Une tranche de pain est Ă©gale Ă ce que vous avez bien fait et pourquoi quantitatif et qualitatif. Exemple ouverture de deux grands comptes par mois, volume de chiffre dâaffaires gĂ©nĂ©rĂ© par mois, augmentation de la satisfaction client, baisse du nombre dâinvendus, telle difficultĂ© rencontrĂ©e et voilĂ comment vous lâavez gĂ©rĂ©e, etc.. La garniture correspond aux pistes dâamĂ©liorations sur votre travail et vos compĂ©tences. Puis vient la seconde tranche de pain et ce que vous vous fixez pour lâannĂ©e Ă venir compte tenu de vos rĂ©sultats. Ce travail dâauto Ă©valuation sur une base concrĂšte et factuelle va vous permettre de vous situer avec objectivitĂ© et affirmation sur lâĂ©chelle de notes proposĂ©e, tout en gardant Ă lâesprit que nul nâest parfait et quâil y a toujours une marge de progression. Etape 5 Assurez pendant lâentretienCâest le jour J, vous avez prĂ©parĂ© scrupuleusement votre discours, Ă vous maintenant de montrer le meilleur de vous-mĂȘme ! Sachez que câest le manager qui fixe le cadre de lâentretien. Il se peut quâil vous laisse libre de vous exprimer dĂšs la premiĂšre question, mais aussi quâil encadre trĂšs strictement les Ă©changes. En mĂȘme temps, si vous travaillez avec lui tous les jours, vous devez connaĂźtre son mode de fonctionnement. Soyez attentif, Ă©coutez avec attention ce quâil vous demande et rĂ©pondez prĂ©cisĂ©ment, en vous appuyant sur des exemples concrets. Utilisez des mots simples et soignez votre attitude posture, regard, voix, nâoubliez pas que la communication non verbale est fondamentale. Le contenu de votre discours est important mais si votre attitude est convaincante, alors vous aurez tout gagnĂ©. Enfin, terminez sur une note positive. A savoir si votre manager nâa pas prĂ©vu dâentretienCela laisse supposer que des entretiens rĂ©guliers sont rĂ©alisĂ©s et quâil estime ne pas avoir besoin de vous voir en cette fin dâannĂ©e. Mais si vous le souhaitez, alors deux approches sont possibles en fonction de la relation Ă©tablie - Allez le voir avec votre agenda pour fixer une date dans le cadre du bilan de fin dâannĂ©e. Vous devez susciter son envie, lâinterpeller, le surprendre terminons cette annĂ©e en beautĂ© avec la revue du chemin parcouru et la dĂ©cision de ce que nous allons accomplir lâannĂ©e prochaine ou de ce que je vous/te propose dâaccomplir lâannĂ©e prochaine » - Vous pouvez aussi exprimer tout simplement votre besoin de le voir pour un point factuel sur lâannĂ©e Ă©coulĂ©e jâai besoin de connaĂźtre votre/ton point de vue sur mes rĂ©alisations de cette annĂ©e afin de progresser et capitaliser les expĂ©riences, jâai besoin de connaĂźtre mon plan de route pour lâannĂ©e Ă venir afin de me prĂ©parer sereinement⊠»VOIR AUSSI
Laformation aide soignante est nĂ©cessaire pour exercer dans un hĂŽpital. Si vous avez envie, comme moi, dâapprendre ce mĂ©tier, alors je vais vous expliquer en dĂ©tail en quoi consistent les diffĂ©rents cours qui vous seront donnĂ©s. Ils vous
PlanĂšte Coronavirus et pandĂ©mie de Covid-19 Infirmiers ou aide-soignante, pour eux, la crise sanitaire liĂ©e Ă lâĂ©pidĂ©mie de Covid-19 a constituĂ© la goutte dâeau ils ont dĂ©cidĂ© de se reconvertir, plus ou moins loin de leur vocation. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Câest seulement la goutte dâeau, mais ce nâest pas la raison profonde. Au dĂ©but du mois de novembre, en pleine deuxiĂšme vague de lâĂ©pidĂ©mie de Covid-19, Thomas Laurent a quittĂ© lâhĂŽpital. La dĂ©cision, cet infirmier lyonnais aux Hospices civils de Lyon, diplĂŽmĂ© depuis 2010, lâa prise durant lâĂ©tĂ©, au sortir de la premiĂšre vague, quâil a vĂ©cue Ă lâhĂŽpital Edouard-Herriot. Câen est fini, lâhomme de 35 ans sâengage dans une nouvelle voie ce sera libraire, avec une formation quâil doit rejoindre en janvier. Il espĂšre faire dâici lĂ encore quelques vacations comme infirmier. Si le soignant lĂšve les voiles â en se mettant en disponibilitĂ© â, câest quâil ne supporte plus » de travailler dans des situations de sous-effectifs. Lire aussi Article rĂ©servĂ© Ă nos abonnĂ©s Covid-19 la majoritĂ© des hĂŽpitaux français en quĂȘte de soignants Ce nâest pas le Covid en soi, explique-t-il, câest lâabsence de rĂ©ponse derriĂšre on sâest dit que la crise du Covid avait portĂ© aux nues des problĂ©matiques que lâon pose depuis des annĂ©es, mais lĂ , on nâa plus dâespoir dâamĂ©lioration immĂ©diate, on ne veut pas mourir au travail, ça ne vaut pas le coup. » Il a travaillĂ© ces derniers mois en post-urgences, puis en gĂ©riatrie. Cet Ă©tĂ©, un jour sur deux, on Ă©tait en sous-effectif, câĂ©tait un mĂ©decin qui manquait tel jour, un aide-soignant, une infirmiĂšre⊠On voit bien quâon ne peut pas travailler correctement, on ne fait que limiter la casse. » DâaprĂšs certains indicateurs, cette fuite » des soignants de lâhĂŽpital public apparaĂźt limitĂ©e â une enquĂȘte de la FĂ©dĂ©ration hospitaliĂšre de France FHF, menĂ©e auprĂšs de 300 Ă©tablissements Ă la fin septembre, et rendue publique le 10 novembre, recensait quelque 12 200 dĂ©parts dĂ©missions, retraites, fins de contrat dâinfirmiers et dâaides-soignants, soit une lĂ©gĂšre hausse », Ă©valuait-elle. Ces dĂ©parts constituent nĂ©anmoins, Ă Ă©couter les reprĂ©sentants syndicaux ou certains mĂ©decins, un phĂ©nomĂšne qui se poursuit, voire sâaggrave. Câest dâabord la dĂ©ception de lâaprĂšs-SĂ©gur » que raconte Thomas Laurent, soit ce plan pour lâhĂŽpital de 8 milliards dâeuros annoncĂ© aprĂšs la crise sanitaire en juillet, par le ministre de la santĂ©, Olivier VĂ©ran. On a bien compris quâil ne comptait pas remettre vĂ©ritablement du monde Ă lâhĂŽpital. » Le soignant en est plus que jamais convaincu, au regard du budget 2021, qui parle encore de retour Ă lâĂ©quilibre et dâĂ©conomies », dit-il. Il nâempĂȘche, lâinfirmier compte rester mobilisĂ© dans le collectif auquel il appartient, le Collectif inter-hĂŽpitaux, en passant du cĂŽtĂ© usager » Moi, je suis Ă©cĆurĂ©, mais sans lâhĂŽpital public, il nây a pas dâavenir. » Il vous reste de cet article Ă lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce quâune autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă lire ici ? Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il dâautres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant dâappareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est lâautre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
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comment allez vous vivre durant la formation d aide soignante