S ur un chemin que les scénographes de l’exposition ont recouvert de sable, en cet après-midi de février 2022, Georges, 65 ans, met à nouveau ses pas dans ceux de son cher oncle défunt, l’artiste Josep Bartoli . Dans cet étroit passage du réel au figuré, des dizaines de dessins de Josep Bartoli sont présentées sur les murs en planches de bois, en ouverture du parcours qui lui est consacré au Mémorial du camp de Rivesaltes Pyrénées-Orientales. Ils évoquent les baraques des camps d’internement du Roussillon, au début de la Seconde Guerre mondiale. Georges, bien qu’il les connaisse parfaitement, est à nouveau saisi par l’intensité de ces croquis en noir et blanc, représentant des foules de réfugiés espagnols en exil, affamés, épuisés par des jours de marche dans ce Sahara du Midi » qu’est la Catalogne côté français. C’était l’époque de la Retirada, la retraite » pour ces républicains battus par les franquistes. Internés par les Français, ils montrent, sur ces dessins de Josep, leurs corps décharnés et regards désespérés derrière les barbelés. Pour la première fois, une grande partie des œuvres de Josep Bartoli sont réunies en un seul lieu . Car sa veuve, Bernice, vient d’effectuer une importante donation au Mémorial. Remué par tous ces souvenirs, Georges veut revoir la maison familiale du vieux Perpignan, à une dizaine de kilomètres de épicerie de ses parents, rue Saint-Jacques, Georges se souvient de ce jour de 1976, alors qu’il n’avait que 19ans . Toute la famille attend dans l’arrière-boutique, l’arrivée de Josep, le fameux tiet de America» l’oncle d’Amérique, en catalan. Celui-ci revient pour la première fois, depuis son départ d’Europe en 1942. Le jeune homme s’attend à voir débarquer une sorte de John Wayne. Peut-être m’offrira-t-il une moto? Il paraît que là-bas, en Amérique, il gagne très bien sa vie grâce à ses dessins», songe-t-il alors avec espoir. Mais quelle désillusion lorsqu’enfin Josep passe le pas de la porte menu, petit, un visage taillé à la serpe, l’artiste n’a rien d’un cow-boy!Il est même accompagné de sa femme Bernice, une jeune intellectuelle new-yorkaise avec laquelle il s’est marié en 1969 . Frères, sœur et neveux échangent en catalan jusque très tard dans la nuit, maniant la dérision comme une arme de haute précision même dans les périodes tragiques traversées durant la guerre d’Espagne, la famille Bartoli a toujours choisi de rire plutôt que de pleurer. Séparés depuis près de trenteans, ils évoquent leur jeunesse barcelonaise, avant la Retirada de février1939. L’année où tout a basculé pour la famille et pour l’Espagne. À la suite de ces premières retrouvailles familiales, l’oncle Josep multiplie les passages à Perpignan . Il occupe régulièrement la chambre mansardée située juste à côté du labo de Georges, alors apprenti photographe. Adhérent aux Jeunesses communistes, celui-ci commence à piger pour des publications du Parti communiste, pour Midi libre, puis pour l’AFP et L’Humanité . Jour après jour, Josep raconte sa guerre d’Espagne à son neveu tandis que celui-ci prend des clichés du peintre au travail. L’artiste évoque son engagement dès le 18 juillet 1936 alors qu’il a 26 ans, dans les rangs des républicains. Il raconte les combats armés, mais aussi ses activités syndicales menées avec les dessinateurs de presse barcelonais… Lorsque Barcelone tombe aux mains des fascistes, fin janvier 1939, il faut fuir en France. Le 14 février, Josep passe la frontière à pied, en pleine montagne, à Lamanère, le village le plus au sud de la catalogne Josep tourne lentement les pages du carnet de croquis qu’il a conservé depuis cette époque-là un carnet rempli en secret, qui lui a permis de poursuivre son œuvre de résistance . Ces ébauches étaient son oxygène, sa manière de résister à la dureté des sept camps du Roussillon dans lesquels il a été interné. On y lit l’indécence et la violence des gardiens, la douleur sur les visages des femmes et des enfants. Cette terrible expérience des camps a radicalisé Josep qui a utilisé le dessin comme arme contre la barbarie et les tragédies de la guerre. Il frôlera la mort à plusieurs reprises, contractant le typhus en 1939, puis sautant d’un train qui le conduisait à Dachau en 1942, lorsque les Allemands se mettent à vider les camps du Roussillon par la déportation. Il a fallu à nouveau fuir…Grâce à tous ces récits, Georges se représente facilement son oncle, enfin parvenu à trouver un havre de paix de l’autre côté de l’Atlantique, en 1943, à Mexico, dans le quartier de Coyoacán . Il reconstitue la lumière, aveuglante en cette fin de matinée et, assis sur un banc, Josep qui observe les couleurs de la rue, d’une éclatante beauté. Autour de lui, lesvendeurs ambulants et les musiciens s’animent déjà. Josep se met en marche vers la maison de la peintre Frida Kahlo, la Casa Azul, située à quelques pas. Chez Frida, Josep retrouve plusieurs compagnons d’exil, comme chaque semaine. Depuis le début de la guerre d’Espagne, le Mexique a accueilli 20 000opposants au régime de Franco, accordant la naturalisation à la majorité d’entre eux. Le gouvernement espagnol est aussi en exil dans ce pays qui a connu la révolution il y a peu de temps. Dès son arrivée au Mexique et comme dans un geste de survie artistique, Josep a libéré» tous les personnages contenus dans son carnet. Ils ne demandaient qu’à surgir femme agressée par un gardien au corps de singe, enfant pris de folie et homme affamé agenouillé… Tous ces fantômes témoignent de la douleur des camps d’internement et de l’éloignement du pays natal. Un éditeur de Mexico a reconnu immédiatement la puissance de ces dessins. Campos de concentracion 1939-194… est publié en 1944, accompagné de textes de son ami, le journaliste MolinsiFábrega. Josep dessine pour la revue Mundo, rassemblant des trotskistes, des militants du Poum*, des anarchistes et des socialistes. Mais il peine à gagner sa vie, et songe à tenter sa chance aux États-Unis. En 1946, l’artiste arrive à NewYork avec un grand projet en tête passer du noir et blanc à la couleur, du dessin à la peinture. Dans l’épicerie perpignanaise de son frère Salvador, des cris de joie éclatent après le passage du facteur . Georges descend les escaliers en trombe, car il sait ce que cette excitation signifie une lettre de l’oncle Josep estampillée ByAir Mail» vient d’arriver des États-Unis. Eltiet écrit à sa famille très régulièrement depuis le début des années1950. Les frères Bartoli entretiendront toute leur vie une étroite relation épistolaire. Au fil des années, Josep raconte ses travaux de dessinateur pour la revue Holiday et la conception de décors de films pour les studios de Hollywood. Mais lorsque le sénateur McCarthy lance la chasse aux sorcières», Josep figure sur sa liste noire comme ennemi politique de l’ lui est désormais interdit de travailler pour le cinéma, il se tourne vers la publicité, très rémunératrice . Installé dans le quartier de Greenwich Village, à NewYork, il s’est lié aux peintres Pollock et de Kooning, en pleine période d’éclosion de l’expressionnisme abstrait. Dans le silence de son atelier, il a continué de peindre, exprimant, souvent avec un humour grinçant, ses indignations et son antifranquisme. Josep ne cessera d’ailleurs jamais d’intervenir publiquement sur des sujets politiques, soutenant les socialistes d’Europe, défendant la cause des femmes dans une série de toiles, et dénonçant le sort des opprimés aux États-Unis dans son ouvrage Calibán . Ces œuvres sont à son image en exil, fortes et . Sur le tapis roulant de l’aéroport, les bagages défilent lentement sous les yeux des passagers en provenance de NewYork. Parmi eux, le frêle Josep, 67ans, s’élance pour saisir au vol une immense valise noire marquée d’un point blanc. Ma valise est une armoire, explique-t-il à son amie Joëlle Lemmens, lui qui ne cesse de voyager à travers le monde. Son itinéraire favori, à partir de cette année-là, ira de NewYork où il réside, à Mexico où il a toujours de chers amis, puis à Perpignan pour voir son frère Salvador et son neveu Georges, et enfin aboutira à Palafrugell, la petite ville catalane où Joëlle vit avec son mari, Floreal Radresa, beau-fils de l’ancien républicain et socialiste catalan Enric Adroher Gironella», très lié à Josep. Joëlle est restauratrice d’œuvres d’art et Floreal est peintre. Dans la petite voiture qui les emmène tous les trois à travers la Catalogne espagnole, Josep ressent un véritable choc tant le pays, qui s’est enfin libéré du joug franquiste, a changé. Avec le jeune couple, Josep retrouve le goût de sa terre natale longues balades sur la charmante plage de Calella de Palafrugell, repas savoureux pris dans des bouis-bouis et conversations à bâtons et Floreal seront encore à ses côtés lors de sa première grande exposition en Catalogne, à Terrassa en 1984, organisée grâce à Jaume Canyameres, un autre ami de la famille . Mais pour Josep, le retour définitif en Catalogne espagnole s’avère impossible. Trente-six ans de dictature ont effacé les combattants républicains de la mémoire officielle. Sous Franco, l’épuration politique des villes et des campagnes a mené 100 000Espagnols dans les camps de travaux forcés et 27 500personnes ont été fusillées. Vivants mais exilés pour toujours, Josep et Salvador ne se sentiront jamais à leur place en Espagne pour y construire une nouvelle vie. Le pays n’a plus besoin d’eux. En 1989 pourtant, Josep fera don à la municipalité de Barcelone de 118dessins sur le thème de la guerre, de l’exil et des camps d’internement. Des œuvres visibles aujourd’hui dans l’exposition organisée au Mémorial de Rivesaltes. Face au pan de mur exposant quelques photographies intimes de Josep Bartoli, Georges fixe en silence les belles mains noueuses de son oncle sur le cliché qu’il a pris quelques jours avant la mort de Josep, en 1995, à NewYork . Cependant, c’est après sa disparition, lors de l’inventaire qu’il a été chargé de mener dans l’appartement new-yorkais, qu’il a découvert toutes ses peintures. Georges a été tout de suite fasciné par l’intensité qui se dégage des toiles, tel ce grand format aux tons bleus et ocre, intitulé Solitud . Constituée de collages de minuscules morceaux de tissus et de coupures de presse, cette œuvre exprime l’irruption de l’actualité politique au cœur de l’atelier du peintre. Josep y dévoile l’intimité de son atelier. Les peintures touchent profondément Georges qui décide de les faire sortir de l’ombre, ressentant, en tant qu’exilé de seconde génération, la nécessité vitale à transmettre l’œuvre et les engagements de son oncle Nous sommes les fils du silence de nos pères. La responsabilité de notre génération, c’est de réhabiliter ces histoires tues», finira même par écrire le photographe dans Laretirada, un récit mémoriel dont l’artiste Aurel s’inspirera pour son film d’animation Josep en 2020. Sans relâche, Georges poursuit sa mission de transmission, racontant l’exil de Josep dans les écoles, aux enfants et aux petits-enfants des républicains qui constituent aujourd’hui un tiers de la population des Pyrénées-Orientales. Sur le dernier exemplaire de Campos de concentracion, offert par Josep à son neveu, l’artiste avait apposé cette dédicace Pour Georges, ce document “photographique” qui, peut-être un jour, contribuera à briser l’efficace conspiration du silence.»* Poum Parti ouvrier d’union marxiste.>>> À lire aussi sur Depuis la Retirada, Toulouse l’Espagnole La bio La couverture de La Retirada, photographies de Georges Bartoli et récit de Laurence Garcia, Éd. Actes Sud BD, 168 p. ; 18,30 €. Le film Josep, le film d’animation d’Aurel librement inspiré de la vie de Josep, sorti en salles en 2020 a reçu le César du meilleur film d’animation l’année suivante. Disponible en DVD. L'exposition Josep Bartoli. Les couleurs de l’exil », jusqu’au 19 septembre 2022 au Mémorial du camp de Rivesaltes. Renseignements ou 04 68 08 39 70 .TitreOriginal : House of D De : David Duchovny Avec David Duchovny, Robin Williams, Anton Yelchin, Tea Leoni. Année: 2004 Pays: Etats-Unis Genre: Comédie, Drame Résumé : Le parcours d’un New-yorkais qui tente simplement de mettre de l’ordre dans sa vie en renouant avec les personnes qui ont fait de lui celui qu’il est devenu.
Le Prince de Greenwich Village News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Spectateurs 3,4 91 notes dont 14 critiques noter de voirRédiger ma critique Synopsis Le parcours d'un New-yorkais qui tente simplement de mettre de l'ordre dans sa vie en renouant avec les personnes qui ont fait de lui celui qu'il est devenu. Regarder ce film Cinemasalademande Location dès 2,99 € Voir toutes les offres VODService proposé par Voir toutes les offres DVD BLU-RAY Bande-annonce 205 205 Dernières news Acteurs et actrices Casting complet et équipe technique Critiques Spectateurs une charmante chronique, qui se veut poétique et sensible. même si l'on flirte parfois avec le mièvre, on peut se laisser emporter dans cet itinéraire d'ado et de son retour aux sources une fois adulte. Un film touchant, porté par la très efficace réalisation de David Duchovny. Le métrage de celui ci est très bien écrit mais il est surtout bien interprété par les différents protagonistes, Robin Williams en particulier... Ce film n'a aucun intérêt si ce n'est de voir notre Robin Williams à l'oeuvre...mais malheureusement ça ne suffit pas pour une fois !!! L'histoire est insensée, les dialogues affligeants et malgré l'immense joie de revoir Robin, le film est un pur navet !!! A zapper au plus vite... TUn tès bon film, beaucoup d'émotion, on rentre dedans de suite. 14 Critiques Spectateurs Photos Secrets de tournage Un premier film remarqué House of D est le premier film de l'acteur David Duchovny, essentiellement connu pour avoir joué l'agent Fox Mulder dans la série et le film The X Files, . Il fut présenté en 2004 au festival du film de Tribeca, dirigé par Robert De Niro, où il obtint un grand succès auprès du public. Ce film, en partie autobiographique, s'attache au destin d'un adolescent à New York dans les années 70. Tea Leoni et David Duchovny enfin réunis à l'écran Téa Leoni avait exprimé le souhait de jouer un jour avec son mari dans un film. Mariés depuis 1997, et parents de deux enfants, ils n'avaient jamais eu l'occasion d'apparaître ensemble dans le même film. C'est chose faite dans House of D, où ils interprètent les époux Warshaw. Un hommage posthume En tournant une partie du film à Paris, David Duchovny a rendu hommage à son père Amram, d'origine russe, qui y vivait depuis des années. Ancien publicitaire pour le comité juif américain, il est mort en août 2003 d'une attaque cardiaque. Infos techniques Nationalité Distributeur - Année de production 2004 Date de sortie DVD - Date de sortie Blu-ray - Date de sortie VOD - Type de film Long-métrage Secrets de tournage 3 anecdotes Budget - Langues Anglais Format production 35 mm Couleur Couleur Format audio Dolby Digital Format de projection 1 N° de Visa - Si vous aimez ce film, vous pourriez aimer ... Commentaires
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